Algérie

Langues pendues et langues perdues



Tout comme il y a le pain et le boulanger, il y a la loi et le faiseur de lois, le boulanger n?aimant pas forcément le pain et préférant peut-être les croissants. Invité avant-hier sur le terrain glissant de l?éducation, le président Bouteflika a rappelé qu?il « ne ferait pas une réforme au détriment de la langue nationale ». Entre deux applaudissements - nourris -, l?auditoire a bien sûr compris qu?en parlant de langue nationale, il parlait de l?arabe, faisant insidieusement référence à la menace de ses ennemis, le français, puis le swahili et le chinois puisque ces deux langues parlées aujourd?hui à Alger peuvent devenir un jour menaçantes. Dans ce débat autour de l?organe favori des Algériens et des trois opérateurs de téléphonie, chacun a oublié que c?est Abdelaziz Bouteflika lui-même qui a institué tamazight langue nationale, ce que d?ailleurs aucun président n?a fait avant lui. Pourquoi considère-t-il alors que quand il parle de langue nationale, il parle de l?arabe alors que d?après le décret qu?il a lui-même pondu, il y a deux langues nationales ? Même s?il n?a pas dit ça en français mais en arabe et que ça ne change rien puisque tamazight est aussi « lougha wataniya » en arabe, l?explication est que le Président ne pense pas sincèrement que tamazight est une langue nationale, simple concession pour amener les turbulents Kabyles à plus de raison centrale. De là, on peut affirmer que le statut de langue nationale pour tamazight restera une enveloppe administrative destinée au mieux à envoyer des invitations pour un festival de danse kabyle sur tapis berbères. Même si, au fond, personne ne lui en veut vraiment pour ce double langage. Les pères fondateurs de la nation n?avaient-ils pas appelé RAPD une autocratie militaire où les adjectifs démocratique et populaire n?étaient là que pour amuser les opposants dans leurs prisons ?


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