Cet article traite le sujet de la pseudo-domination du sexe masculin sur le sexe féminin. Il s’agit de démontrer comment dans une société patriarcale, la majorité silencieuse – les femmes – utilise le langage comme outil de domination qui leur permet de prouver leur existence. Un questionnaire administré à plus de trois cent habitants de la région de Mascara a permis de rassembler un corpus linguistique dont l’analyse a rendu cette étude possible.
L’étude a été basée sur l’idée que les hommes sont plus à l’aise que les femmes en ce qui concerne le pouvoir / la domination. Le corpus a révélé que les hommes intensifient leur pouvoir et diminuent celui du sexe opposé. Ils utilisent des gros mots pour éviter de montrer leur tristesse et leurs regrets; ils haussent la voix comme marque de colère et de puissance ; et dans la plus part du temps, ils utilisent des mots tabous et obscènes.
L’analyse du corpus a aussi démontré que les femmes de leur part utilisent un vocabulaire pour exprimer leur colère et quelques fois leur domination dans la maison. Il aussi important de signaler que le corpus a révélé un conflit linguistique entre hommes et femmes sur le sujet de qui domine qui, et à notre grande surprise les femmes classent les hommes en deux catégories : les hommes et les ‘mini-hommes’. Cette réalité linguistique crée un conflit de domination réel entre les deux sexes car dans la majorité des sociétés le langage des hommes diffère du langage des femmes (un genre étant plus raffiné, sophistiqué et prestigieux que l’autre), mais notre étude a révélé que le genre féminin s’est dissout dans le genre masculin entrainant sa masculinisation.
Pour conclure, il est plus qu’évident que les femmes sont supposées être muettes et obéissantes (leur destin ayant été déterminé par les hommes) ; mais la soumission des femmes aux hommes n’est pas prouvée dans tous les cas de notre étude : elle est travestis en une ‘pseudo-domination’ des hommes résultant à la situation où « l’individu docile perd sa voix devant son maitre qui pense pour lui. Nous sommes face à une situation où les dominants sont inintelligibles et les dominés sont muets » (Benrabah, M., 1999 :320). L’idée de la domination sociale par le langage dans la société mascarienne désapprouve ‘la loi de fer’ qui prétend que la position de ‘grande puissance’ est remplie par l’homme est lui totalement dévouée. Les femmes sont conscientes que la supériorité de l’homme est un mythe et à travers leur manifestation linguistique elles revendiquent l’égalité des chances. Enfin, cette dynamique qui n’est pas propre à Mascara est un précurseur à des changements sociaux et culturels.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 18/09/2021
Posté par : einstein
Ecrit par : - Abdelkarim Chami
Source : الناصرية Volume 1, Numéro 1, Pages 1-9