Algérie

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«Il va gagner son bifteck», disait-on de celui qui allait trimer. «Bouftiko ou Bouftika», désignait la personne obèse. De tout temps, la culture a eu son propre rapport avec la bouffe. Le vocabulaire, de tout temps, dérivait des termes utilisés lors de festins sacrificiels dans la Rome antique. Ainsi, le mot «participation» vient de «participatio», qui désignait le partage du gibier, et signifiait qui se sert le premier. Aujourd'hui, même quand tu participes à la chasse, il n'est pas sûr que tu sois récompensé de tes efforts.«Privatus», qui a donné privé, par opposition à public, qualifiait celui qui n'était pas convié au repas. Ainsi, la part de viande que le citoyen recevait était «l'incarnation» de son statut politique et social. Pourquoi donc s'étonner actuellement de voir que cuisiner avec peu ou beaucoup de viande, soit révélateur de pouvoir d'achat, donc de situation sociale. Il y a ceux qui se permettent un «gachouch», d'autres un «tabeg», selon le rang, et ceux qui traînent leur filet à la recherche d'un bout de viande. Même de la viande d'âne peut faire l'affaire pour ceux qui n'ont pas la cote.«Si au moins on pouvait devenir végétarien»! Au prix où sont les fruits et légumes, même ce choix très à la mode nous est interdit. On restera comme ils ont voulu qu'on soit, «khobziste». On fera la chaîne chez le boulanger pour acheter les différentes variétés de pain. De la couronne à la flûte, en passant par la baguette parisienne. On n'aura même pas à faire comme les adeptes de Pythagore, qui refusaient de manger la viande pour montrer leur refus de s'intégrer dans la société. Ni comme certains qui deviennent végétariens pour rejeter l'ordre économique mondial. Pour cela, il faut d'abord être citoyen.On se demandera alors et toujours où est l'Algérien, et on le trouvera souvent à côté de son couffin, à marcher, privé de tout, et regardant les princes, comme dans la Rome antique, se servir les premiers.




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