Algérie

Lanceur d'alerte, un métier hautement cancérogène



Lanceur d'alerte, un métier hautement cancérogène
Etre un lanceur d'alerte en Algérie, c'est un peu s'habiller de la peau d'un suicidé professionnel. C'est professer une foi dans un monde sourd, aveugle et aphone. C'est vouloir embrasser un crocodile sur la bouche, un morceau de viande fumée entre les lèvres. C'est rendre publique sa conversion à l'Islam au milieu de la Mecque de Qoreich. Etre un lanceur d'alerte en Algérie, c'est ramer à contre-courant quand tout le monde sait, se tait et regarde ailleurs. C'est confectionner sa propre corde pour se faire lyncher administrativement et charger de ses propres mains les fusils du peloton d'exécution. C'est sortir du placard, un vendredi de prière. C'est mettre un keffieh et crier Palestine libre en pleine session du Knesset. C'est passer dans une émission littéraire française et avouer être fier de sa langue, de sa couleur et de sa religion. C'est se battre contre les moulins à vent, Don Quichotte et Sancho Panza en même temps. Être un lanceur d'alerte en Algérie, c'est tout ça et surtout avoir le courage de ses opinions, le respect de ses principes et la foi en la justice. Pourtant, et de par le monde, le lanceur d'alerte est cet individu qui crache dans la soupe, qui espionne derrière la porte et qui divulgue les secrets les plus intimes. Le Judas de service, celui qui vous plante un poignard entre les omoplates alors qu'on lui faisait confiance. Celui qui vend la mèche et fout la pagaille dans le système. Snowden, Assange (Wikileaks), John Doe (pseudo du lanceur d'alerte derrière les Panama papers), Hervé Falciani (Swissleaks) et bien d'autres anonymes sont derrière la divulgation des scandales d'Etat et payent aujourd'hui encore le prix de leur courage intellectuel et de la probité morale. En Algérie, nos lanceurs d'alerte n'ont malheureusement pas cette notoriété internationale. En décidant de dénoncer un fait du prince, une corruption organisée et programmée, ils se sont exposés à un tir de barrage implacable. Violent. Se retrouvant seuls face à des conséquences néfastes. De ces moutons noirs, on a voulu faire un exemple à ne pas suivre. Le message de l'Administration est clair, sans fioritures : celui qui parle, paye. Les comptes se règlent et celui qui ose s'attaquer au fait établi le payera le restant de ses jours. Poursuites judiciaires, licenciement, menaces physiques, harcèlement, l'arsenal étant très développé pour le résumer sur ces colonnes. Chez nous, on leur a promis l'enfer et quelque part ils ont tenu leur promesse. Alors n'est-elle pas belle la vie en Algérie.


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