La pluie de février s’est invitée à l’ouverture nationale de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique», mardi 14,
jour de la célébration du Mawlid Ennabaoui. Dans la matinée, le Mausolée de Sidi Boumediène, nettoyé à la dernière minute, a été
visité par Khalida Toumi, ministre de la Culture, et un groupe d’artistes. Le wali, Abdelwahab Nouri, s’est illustré par son absence.
Une défection incompréhensible. Se peut-il qu’un commis de l’Etat sabote une activité défendue par l’Algérie ? Des malentendus avec la
ministre de la Culture peuvent-ils expliquer la fuite en avant ? Il y a beaucoup de retard dans l’exécution des projets pour une
manifestation culturelle qui aurait dû commencer au début de l’année.
Des retards imputables, en grande partie, à l’incroyable bureaucratie qui règne à la wilaya de Tlemcen. Le maître de l’andalou, Ahmed Serri, a prêté sa voix, accompagné d’une chorale, à un chant religieux inspiré de la tradition algéroise du M’dih matinal au mausolée de Sidi Abderrahmane. «Sbah el mouloud» est une tradition datant de l’époque fatimide, qui célébrait la naissance du Prophète (QSSSL) dans la matinée à travers une tournée dans les mosquées. «Des actes culturels qui font partie du patrimoine immatériel. Nous n’avons rien fait lundi soir. C’est par respect à nos familles. Le dîner du Mawlid est important. De la même importance que le dîner de Noël pour les chrétiens», a expliqué Khalida Toumi. Elle a rappelé qu’El Mawlid est particulièrement célébré dans les villages de la Kabylie, dans le Sud et dans les grandes villes.
La nuit du lundi, la zaouia El Hibria de Tlemcen a célébré à sa manière El Mawlid dans les mosquées. Elle s’est appuyée également sur les zaouias Alaouia et Belkaïdia, fort présentes dans la région. «Lecture du Coran, Madih puis dourous. Le programme
nocturne se poursuit jusqu’au lever du soleil. Il y a aussi des déplacements entre mosquées, ceux appartenant à différentes zaouias.
C’est une particularité de Tlemcen», nous a expliqué Omar Benaïcha. El M’Nara de Cherchell et de Miliana étaient présentes, dans
l’après-midi, à la placette du Mechouar, en plein cœur de Tlemcen. Ces deux villes sont les seules en Algérie à garder cette tradition qui,
par le passé, existait dans tout le pays.
Des processions des confréries Aïssaoua de Tlemcen, Annaba, Constantine, Sidi Blal de Saïda, Sidi Bel Abbès et Diwan Dzaïr se sont mêlées aux joueurs de zorna et aux bruits du baroud. La célébration du Mawlid a été instaurée à Tlemcen par le roi Abou Hamou Moussa II, après onze ans de siège Mérinide. Le roi Abou Hamou a régné sur Tlemcen à partir de 1352. Et c’est à partir de Tlemcen que la date de naissance du Prophète sera célébrée dans l’ensemble du Maghreb et du Sahara, puis au Moyen-Orient
grâce aux Fatimides, les fondateurs du Caire. Intitulée «Si le Mouloud m’était conté», une exposition organisée à la Maison de la
culture de Tlemcen restitue le début de la célébration de cette fête religieuse. Cela commence au Méchouar du temps de la dynastie zianide jusqu’au fameux Sbou de Timimoun dans le Gourara (là ou le sultan Abou Hamou Moussa II a fui vers 1372, chassé par les Mérinides).
Les familles d’At Ba Hamou des Ksour Touat Gourara seraient des descendants de ce roi tlemcénien. Même si des précisions manquent encore aux objets exposés, on apprend à travers cette exposition que l’utilisation des feux d’artifice et des pétards remonte à l’époque ottomane. C’était le mode préféré des Janissaires qui ont reproduit des gestes festifs présents dans les profondeurs de l’Asie. En soirée, l’ambiance de l’Ahelil avec Bnat El Maghra de Timimoun est presque venue rappeler ce lien historique, encore peu connu, entre les Zianides et les tribus zénètes. Le spectacle, que des jeunes ont découvert pour la première fois, a plu aux présents. Autant que les chants féminins des Zefenetes de Kenadsa (Béchar). Menées par Lalla Fatma, les chanteuses, qui sillonnent ksour et villages de la Saoura, sont présentes dans toutes les fêtes.
Basés sur les percussions et les poèmes, leurs chants ressemblent à ceux des Khalate de Kabylie ou des Messamaâ d’Alger et de Blida. Lalla Fatma, 72 ans, puise tant dans le hebdaoui que dans le reggani. Les textes, non encore écrits, sont
transmis par voix orale. Lakhouane de Maâtkas font, eux, dans les chants religieux masculins sans aucun instrument. Tout est construit
sur les variations des voix, une des particularités de l’art lyrique kabyle. El Ferda de Béchar, qui ne sont plus à présenter, et les
Aïssaoua de Annaba et de Constantine ont donné une autre chaleur à une soirée hivernale particulièrement froide.
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Posté Le : 18/02/2011
Posté par : tlemcen2011
Ecrit par : Fayçal Métaoui
Source : www.elwatan.com