Algérie

Lame de fond



Lame de fond
La place Tahrir du Caire, ce lieu mythique de la révolution égyptienne, a retrouvé toute sa verve, l'espace d'un vendredi dédié à la 'protection de la démocratie'. Elle recouvre ainsi sa dimension symbolique de haut lieu de la contestation qui a emporté Hosni Moubarak et donne, du coup, le top départ à ce qu'il convient d'appeler l'acte II de la révolution.
La révolution, si elle n'est pas permanente, n'en est pas une et tout indique que c'est à une vraie révolution permanente que nous assistons en Egypte, une révolution portée par une lame de fond. Ceux qui, sur les rives du Nil ou ailleurs, ont cru pouvoir remettre les compteurs à zéro après le départ de Hosni Moubarak et des hommes qui constituaient l'ossature visible de son régime devront refaire leurs comptes. La leçon vaut aussi pour les Frères musulmans d'Egypte qui, vendredi encore, ont tenté de s'approprier une manifestation grandiose qui n'était pas la leur dans la perspective de faire main basse, dans un second temps, sur la révolution elle-même.
Cet enseignement, qui nous vient tout droit de la place Tahrir, conforté par le refus populaire tenace des demi-mesures proposées par Damas ou par Sana afin de gagner du temps et d'étouffer les contestations qui y perdurent depuis bientôt un an, vaut d'ailleurs tout autant pour Rached El-Ghannouchi dont le parti, Ennahda, vient d'accaparer, par le truchement des urnes, le statut de première force politique en Tunisie, ce qui fait de lui le grand gagnant de la révolution du Jasmin. Mais ce statut le met, aussi et surtout, en demeure de concrétiser les objectifs du soulèvement qui a balayé Ben Ali et son régime. Pourra-t-il relever un tel défi ' Rien n'est moins sûr, la Tunisie ne semblant pas, malgré tout, à même de s'accommoder longtemps d'un régime islamiste. Ni sa sociologie ni son économie ne le supporteraient. C'est dire que chez notre voisin de l'Est, c'est bien El-Ghannouchi et son parti qui, malgré la légalité formelle des urnes, seront la cible principale d'un acte II de la révolution' permanente. Beaucoup d'autres devront alors revoir leur copie, ceux qui, de Doha à Alger, en passant par Ankara et Le Caire, tirent des plans sur la comète et 'uvrent d'ores et déjà à favoriser 'l'alternative islamiste' à leur propre échec, histoire de s'aménager une voie de retour aux affaires, l'islamisme n'étant pas, loin s'en faut, antinomique avec la dictature.
Il faut s'en souvenir : c'est au nom de 'la protection de la démocratie' que la place Tahrir a de nouveau grondé vendredi.
S. C.


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