Algérie

Lamamra devant ses homologues arabes: «Amorcer un nouveau départ»



« L'Algérie fonde de grands espoirs sur la contribution de tout un chacun lors du Sommet arabe pour amorcer un nouveau départ à l'action arabe commune suivant une approche qui puisse transcender les approches traditionnelles pour répondre aux exigences du présent, et nous permettre, collectivement, d'esquisser les contours d'un avenir meilleur pour nos peuples et nos pays».C'est le souhait dont a fait part samedi, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger à ses homologues arabes avec lesquels il s'est réuni en prévision du Sommet d'Alger qui s'ouvre demain au Centre International des Conférences (CIC) Abdelatif Rahal.
Ramtane Lamamra a prononcé un discours après qu'il ait pris la présidence du Conseil des MAE de la Ligue arabe succédant ainsi au ministre tunisien des Affaires étrangères, de l'émigration et des Tunisiens à l'étranger, Athman El Djarnidi, dont le pays en avait organisé la 30ème session, en mars 2019. Lamamra a décrit le contexte dans lequel se tient le Sommet d'Alger «après qu'il ait été retardé de trois ans et demi en raison de la pandémie de la Covid-19». Pandémie de laquelle, «nos pays, comme tous les pays du monde, ont commencé à peine à s'en remettre qu'est survenu la crise en Ukraine avec ses dimensions sécuritaires, politiques et économiques, qui ont engendré une situation annonciatrice de répercussions majeures sur le système international, y compris dans la région arabe», a-t-il affirmé. Pour que le monde arabe puisse faire face à «ces situations exceptionnelles qui risquent d'aggraver ses défis communs», le MAECNE a appelé à «multiplier les efforts en agissant dans le cadre d'un groupe cohérent et unifié, tenant en ligne de compte le principe de l'unité du destin et les valeurs et engagements sous-tendus, tout en ?uvrant à valoriser les constantes de son intégration et de sa renaissance en tant que Nation».
Lamamra estime, cependant, que «les développements dans le monde, aussi complexes soient-ils, ne doivent pas détourner notre attention des préoccupations de notre nation arabe» en mettant en avant «la Cause palestinienne» qui, a-t-il souligné, «traverse aujourd'hui une de ses plus difficiles étapes, une phase marquée par un processus politique à l'arrêt, et un occupant qui persiste dans sa politique du fait accompli».
Appels insistants de l'Algérie pour «un consensus le plus large»
Le ministre a rendu hommage «aux frères palestiniens pour leur adhésion à l'initiative de réconciliation lancée par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, au début de cette année, en coordination avec son frère, le Président M. Mahmoud Abbas, une démarche couronnée par la signature de la ‘Déclaration d'Alger' sanctionnant la Conférence d'unification des rangs palestiniens pour l'Unité nationale palestinienne, tenue le 13 de ce mois». Le chef de la diplomatie algérienne dit «espérer sur la base de cette plateforme, pouvoir travailler de concert pour parvenir à un consensus plus large qui puisse aboutir à l'unification des pays arabes, au resserrement de leurs rangs et la conjugaison de leurs efforts, afin de résoudre les crises aiguës que traverse notre région arabe, devenue le théâtre de conflits entre de nombreuses puissances étrangères».
Un constat qui le laisse évoquer de suite «la situation difficile par laquelle passent nos frères en Libye, en Syrie, au Yémen, en Somalie, au Soudan mais également au Liban, (qui) nous interpelle, plus que jamais, en vue de rattraper les efforts manqués». Autres appels, «la nécessité d'apporter aide et assistance à ces pays qui pâtissent de difficultés conjoncturelles aussi bien économiques, que politiques ou sécuritaires» et «faire prévaloir les principes de bon voisinage et de non-ingérence dans les affaires internes des pays, tout en appelant au respect de leur souveraineté, de leur indépendance et de leur intégrité territoriale». Il a fait savoir ainsi que «l'Algérie appelle à mettre en application ces principes fondamentaux dans le cadre de la structuration des relations avec les pays voisins avec lesquels nous partageons l'appartenance à la civilisation musulmane et géographiquement, à l'Afrique».
Le ministre a noté que «les travaux préparatoires d'aujourd'hui demeurent très importants, non seulement compte-tenu de l'ampleur des défis posés sur la scène arabe ou internationale, mais aussi au vu des formidables possibilités de coopération et d'intégration dans tous les domaines». Donc, a-t-il conclu, «je vous invite à travailler ensemble dans un esprit de compromis pour le succès du Sommet de la réunification et du renforcement de la solidarité (…)».
Intervenant tout de suite après Lamamra, le Secrétaire général de la Ligue arabe a affirmé que «ce Conseil est d'une importance capitale pour parvenir au consensus requis et élaborer l'ordre du jour final du Sommet». Ahmed Abou Gheit a mis en avant «la nécessité d'une vision stratégique arabe pour faire face aux graves conséquences des crises mondiales sur notre région».
L'impérative stratégie arabe «pour faire face au grave déficit alimentaire»
Le SG de la Ligue arabe en appelle au Sommet pour «élaborer une Stratégie arabe de sécurité alimentaire pour faire face au grave déficit alimentaire dont souffre le monde arabe». Evoquant la guerre en Ukraine, Abou Gheit a indiqué que «la prochaine étape exige une coordination continue entre les diplomates arabes afin de formuler des positions collectives fortes qui reflètent le consensus et l'unité de la parole, et de promouvoir les intérêts arabes (…)». Il qualifie «les crises arabes de plaies saignantes qui impactent le présent et l'avenir, affaiblissent la sécurité collective et accroissent la vulnérabilité de la région». Il regrette l'implication des pays arabes dans la résolution des crises politiques et sécuritaires en Syrie, au Yémen et en Libye «soit en-deçà de ce qu'on espérait». Des crises qui, dit-il, «ont créé des arènes dans lesquelles les puissances régionales non arabes jouent des rôles subversifs afin de dominer certaines sociétés arabes et assurer leurs intérêts». La Cause palestinienne, affirme-t-il, «traverse une phase difficile qui laisse présager le pire et le plus dangereux en raison des pratiques de l'occupant qui continue, comme à l'accoutumée, à jouer avec le feu en poursuivant sa politique de violence et de répression à l'encontre des Palestiniens dans les territoires occupés». Il pense toutefois que «la signature récente de l'Accord de réconciliation palestinienne en Algérie représente un pas dans la bonne direction» et «nous attendons tous avec intérêt une traduction pratique de cet accord et un engagement de la part des factions palestiniennes à en appliquer les dispositions». Il appelle en dernier, à «appuyer la Ligue arabe pour continuer à mener à bien sa mission», que ce soit, a-t-il noté, «en versant des contributions conformément aux quotas établis par les Etats, ou en participant activement à ses travaux, dans tous les domaines». Il conclut en soulignant que «nous attendons tous que ce Sommet marque une étape importante sur la voie de la revitalisation de l'action arabe commune, du renouvellement de son sang et du renforcement de son efficacité».
Les MAE ont continué, hier, à se concerter ensemble sur des questions plus politiques qu'économiques et sociales en vue de transcender les divergences autour de certains dossiers importants et pouvoir sortir au moins d'un ordre du jour consensuel à partir duquel les dirigeants des Etats membres de la Ligue arabe pourraient commencer leur conclave le mercredi prochain après leur arrivée à Alger mardi, pour l'ouverture de leur Sommet.


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