Algérie

Lamamra au four et au moulin



Inlassable pèlerin diplomate au long cours, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ramtane Lamamra, mène, depuis son arrivée, lundi, à Addis-Abeba, des réunions non stop avec ses homologues africains dont les derniers en date sont les MAE de Libye, d'Afrique du Sud et d'Angola. On devine sans peine l'importance cruciale de ces discussions, à la veille d'un35e sommet ordinaire non moins décisif, samedi et dimanche prochain, au cours duquel les chefs d'état et de gouvernement, dont le président Abdelmadjid Tebboune, vont se pencher sur de nombreux dossiers et, plus particulièrement, celui de la décision controversée du président de la Commission de l'UA relative à l'octroi du statut de membre observateur à l'état sioniste.
Les questions politiques et de sécurité seront examinées avec rigueur, compte tenu des évènements qui bousculent, depuis quelques mois, la scène ouest-africaine où les coups d'état se suivent à un rythme préoccupant, mais parmi la somme de ces défis majeurs auxquels l'UA doit faire face se trouve cette décision inique, si l'on considère les principes de l'Acte fondateur de l'organisation panafricaine.
Cette vérité est incontournable et prend tout son sens à la faveur du tout dernier rapport publié, voici deux jours à peine, par l'ONG Amnesty International qui constate la politique d'apartheid mise en oeuvre par l'état hébreu dans les territoires palestiniens, illégalement occupés depuis juin 1967.
Les Palestiniens tués, blessés ou emprisonnés sans jugement, pendant des années, leurs maisons détruites afin d'accélérer la judéisation d'El Qods-Est et leurs territoires envahis par des multitudes de colonies rampantes où des colons, protégés par l'armée israélienne, s'emparent des terres au mépris de la légalité internationale.
Tout cela se passe, depuis des années, sous le regard d'un monde atterré, honteux et confus et le fait que l'ONG Amnesty International vienne, après une autre ONG Human Rights Watch, en avril 2021, dénoncer les crimes d'apartheid israéliens devrait suffire à convaincre les dirigeants africains qu'il n'est plus question de se fourvoyer, sous prétexte d'une aide tributaire de multiples arrière-pensées et de calculs sournois. L'Algérie et l'Afrique du Sud ont beau se retrouver en première ligne contre un danger majeur qui risque de mettre à mal l'organisation continentale africaine et de dénaturer, pour longtemps, le message et les ambitions des pairs fondateurs, il revient aux pays qui souhaitent la pérennité des valeurs de décolonisation et de solidarité avec les peuples encore soumis au joug colonial de se prononcer en toute honnêteté et quels que soient les arguments spécieux des «ya-bon-bananias», chargés de plaider le dossier du sionisme dans le continent et au sein de l'UA.
Au sortir du 35e sommet, dimanche prochain, l'Afrique devra se redécouvrir ou mourir à petit feu.


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