Algérie

Lam Lé «Penser des circuits de diffusion parallèles»



Lam Lé «Penser des circuits de diffusion parallèles»
Défi ? Tous s'accordent à dire que le cinéma engagé continue d'exister et a de l'avenir, et ce, tant qu'il y a des causes justes à défendre, des vérités à révéler, des injustices à dénoncer.Mais sa place, voire sa visibilité n'est pas la même que celle du cinéma dit grand public. Le cinéma engagé ne jouit pas de la même visibilité médiatique que le cinéma courant ? ou commercial.?«Le monde d'aujourd'hui est régi par la télévision et les autres formes de médias. Donc, la question qui se pose est : comment diffuser les films engagés ', comment les communiquer au public '», s'interroge Lam Lé, cinéaste vietnamien, auteur de ?Cong Binh, la longue nuit indochinoise', un film documentaire racontant le destin tragique des 20 000 jeunes issus des colonies d'Indochine.En 1939, ces derniers sont arrachés brutalement à leur pays et à leurs familles et embauchés de force dans les usines d'armement en France, afin de compenser le départ d'ouvriers au front. Ces ouvriers-forçats (appelés Công Binh ou encore Linh Tho au Viêt-nam) n'étaient désignés que par un matricule et recevaient des traitements dérisoires. Au moment de la défaite, ils furent considérés, à tort, comme des militaires, mis au ban de la société, asservis à l'occupant allemand et aux patrons collaborateurs. Ils furent aussi les pionniers de la culture du riz en Camargue. Le film se sert des témoignages d'une vingtaine de survivants ayant vécu cette expérience. Cinq d'entre eux sont décédés lors du tournage.?Regrettant que de nombreux projets de films engagés sont restés dans le tiroir faute de financement, Lam Lé soutient qu'il y a énormément de films qui sont en revanche réalisés par des cinéastes concernés par des causes ou convaincus par des idéaux, donc des cinéastes militants. ?«Si nous arrivons à réaliser des films engagés en dépit des contraintes financières, nous nous heurtons cependant à un obstacle majeur, celui de la diffusion. Car il y a un contrôle de la part du pouvoir des circuits officiels qui permettent de drainer un large public, puisqu'il y a un public intéressé, passionné par ce genre de cinéma.Il en est friand. Car les gens en ont marre de la télévision (moi, cela fait plus de dix ans que je ne regarde plus la télévision) ; ce qu'on apprend des mass média officiels, c'est entièrement formaté par le pouvoir. Et c'est pour cette raison qu'il faut s'employer à penser à des circuits de diffusion parallèles afin de faire parvenir au public les films engagés, et cela demande en soi un engagement», dit-il. Ainsi, le cinéma engagé a de l'écho, il a des répercussions positives sur le public. La réaction du public en est une évidence, une preuve de cet intérêt. D'où la nécessité de trouver une alternative à leur diffusion.?Lam Lé, pour qui l'avenir du cinéma engagé réside dans le citoyen, donc dans la citoyenneté, soutient que l'Internet et les blogs et les réseaux sociaux constituent une forme de diffusion, donc une alternative aux circuits officiels.




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