- Qu’est-ce que l’Onilev ? Quel est son rôle ?
L’Office national des légumes et des viandes (Onilev) est chargé de concilier les intérêts économiques des professions d’une même filière agricole et ceux des consommateurs. Il est censé mener des études économiques tendant à la maîtrise du fonctionnement de la filière agricole. Il est également appelé à suggérer aux professionnels et aux pouvoirs publics toute mesure de nature à prévenir des déséquilibres entre l’offre et la demande dans le cadre de l’intérêt général. Il assure, enfin, les missions que les pouvoirs publics lui confèrent dans le cadre de la promotion des filières et de la maîtrise de leurs marchés. Notre principale mission est de veiller à ce que des produits agricoles de large consommation soient disponibles sur le marché à des prix abordables. Nous agissons directement sur toute la chaîne, de la production à la commercialisation. Notre domaine de compétence concerne, pour l’instant, huit produits qui sont la pomme de terre, la tomate, l’ail, l’oignon, la datte, les agrumes et les viandes rouges et blanches, sans oublier l’olive de table et l’huile d’olive. La liste sera à l’avenir élargie à d’autres produits de large consommation. Nous intervenons auprès des producteurs à travers l’organisation de chaque filière en comité interprofessionnel tant à l’échelle nationale, que régionale et locale.
- On constate une hausse des prix de plusieurs produits agricoles à quelques jours du mois de Ramadhan. Est-ce que l’Onilev a prévu des mesures pour préserver les intérêts des consommateurs ?
Il y a déjà un dispositif qui ne date pas d’aujourd’hui. Il s’agit du Système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac) mis en place en 2008. Le principe, qui est de stocker les produits alimentaires pour éviter une chute importante des prix en cas de production, a été appliqué avec succès sur la pomme de terre. Ce système, qui a eu l’adhésion de l’interprofession, a grandement participé à la stabilisation de la filière.
- Mais comment expliquez-vous cette soudaine hausse des prix, y compris pour les produits de saison ? Est-ce un problème de production ?
Il y a une ruée sur un certain nombre de marchés qui ne sont pas régulés. Nous n’avons pas de problème de production, qui est excellente cette année. S’il y a spéculation, nous allons intervenir dans le cadre des brigades mixtes, même lorsqu’il ne s’agit pas produits de large consommation. Nous suivrons de très près l’évolution de la production. Nous savons, par exemple, qu’il n’y a pas eu de maladie qui aurait pu réduire la récolte de haricots verts. Ce n’est donc pas un problème de disponibilité de la production.
Généralement, la hausse des prix intervient les premiers jours du Ramadhan mais tout rentre dans l’ordre la deuxième semaine. Il y a un désordre à cause de la spéculation et c’est là qu’on doit parler de régulation. Nous sommes en train de mettre les instruments en place. Nous demandons aux producteurs de s’organiser.
Il y a un long travail qui nous attend mais nous voulons avoir des résultats durables. Nous ne sommes cependant qu’un maillon de la chaîne. Notre rôle en tant que secteur de l’agriculture est de produire, mais il faut aussi organiser, par exemple, les marchés de gros. C’est pour cela que le ministère du Commerce a créé une SPA pour gérer ces marchés. A partir de là, il y aura une meilleure lutte contre la spéculation.
- Le marché des produits agricoles est en grande partie entre les mains de l’informel, qui échappe à tout contrôle. Que prévoit l’Onilev pour y remédier ?
Le Syrpalac est indirectement une solution à l’informel. Il y a aussi d’autres mécanismes qui permettent de réduire la portée de ce fléau. Les jeunes qui bénéficient du dispositif Ansej pour créer une activité de commercialisation des produits agricoles ont des plans de charges. Ils affichent leurs prix. C’est aussi cela, la régulation. Ce sont des marchands ambulants contrôlés. Mais l’informel de la spéculation est une autre paire de manches. Il faut voir ce qui ce passe sur le terrain.
Certains spéculateurs achètent les légumes au stade de fleurs que ce soit l’orange, la courgette, la tomate ou l’aubergine. Ils guettent comme des vautours. Ils les achètent sans même se soucier si ces produits ont été traités contre les maladies ou non. Parfois, le prix sur le marché atteint six fois le coût de revient. C’est inconcevable. Si l’on étudie les filières une à une, on verra qu’il y a des surplus. Dans chaque zone, des spéculateurs interviennent lors des périodes de pointe. Ils ont un calendrier précis. Nous essayons d’y remédier, mais c’est un travail de longue haleine. Le marché était à l’abandon pendant trois décennies.
Nora Boudedja
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Posté Le : 25/07/2011
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Nora Boutedja
Source : El Watan.com du 20 juillet 2011