Créé par décret en
septembre 2009, l'ONILEV, l'Office National
Interprofessionnel des Légumes et Viandes, a commencé réellement ses activités
au début 2010. Son rôle d'organiser «l'interprofession» et aider les filières
et à améliorer leurs performances. Son DG, Lakhdar Merrakchi, dresse, ici, un premier bilan… Amener des
opérateurs de divers horizons à travailler ensemble n'est pas une sinécure mais
les progrès sont réels… De bons résultats ont été obtenus dans la filière de la
pomme de terre où l'on se passe de l'importation de tubercules. Des choses
restent à faire. Notamment une «culture de l'interprofession» à acquérir…
Le décret portant
création de l'Onilev remonte à septembre 2009. Qu'est-ce
qui a été fait depuis ?
Notre Office est
chargé de susciter auprès des agriculteurs la création de comités
interprofessionnels pour chaque filière dont nous avons la charge, soit la
pomme de terre, l'oignon, l'ail, la tomate industrielle, la datte, les agrumes
et enfin la filière oléicole. Le travail, à proprement parler, a commencé au
début 2010. Les premiers contacts avec les acteurs de l'interprofession ont été
pris pour les inciter à se rassembler pour mieux défendre les intérêts de
chaque intervenant dans le processus agricole de la production. Et cela sous
forme de coopératives ou de groupements à intérêts communs, à la consommation
en passant par le transport, le conditionnement, la transformation et même
l'importation et l'exportation.
Pour quel résultat
?
Ce travail a pris,
vous le devinez bien, un certain temps. Aujourd'hui, nous avons réussi à
installer la quasi-totalité des comités interprofessionnels des filières
suscités. Ces derniers nécessitent encore un élargissement de la base au sommet
en tenant compte de leur professionnalisme avéré. Ce qui n'est pas rien croyez-moi.
Nous avons à l'heure actuelle des opérateurs de divers horizons qui commencent
à travailler ensemble autour d'une filière. Ils s'écoutent et se concertent
mutuellement dans un cadre éminemment positif, ce qui ne peut qu'améliorer les
niveaux de production et mieux huiler les circuits de distribution et de
confinement notamment. Sur toutes les filières, il reste en fait le comité
interprofessionnel des viandes rouges à mettre en place. Nous espérons réunir
bientôt les conditions de son installation.
Est-ce que cela
fonctionne ?
Maintenant que ces
comités existent, il faut les animer, leur donner un vrai plan de charge pour
pouvoir évoluer et s'imposer en qualité d'acteurs de premier plan dans le monde
de l'agriculture nationale. L'absence de culture de l'interprofession pèse
encore sur certaines filières. Il faut faire preuve de pédagogie et de sens de
la communication pour faire admettre à des différents opérateurs de penser à
leurs intérêts, mais aussi à ceux des partenaires. C'est cela notre travail au
quotidien. Nous obtenons des résultats intéressants dans certaines filières à
l'image de celle de la pomme de terre, dont l'interprofession est parvenue à
fédérer les énergies autour de l'objectif ministériel de 4 millions de tonnes
de pomme de terre à l'horizon 2014. Cet objectif sera très certainement atteint.
Cela en plus d'un autre qui a consisté à se passer d'importation de ce
tubercule. Pour d'autres filières le travail est plus ardu en raison de la
spécificité des cultures elles-mêmes et des pesanteurs propres à certaines
situations en rapport avec des incompréhensions que nous tentons de lever au
jour le jour.
Pourquoi la viande
reste toujours un produit hors de portée d'une importante partie de la
population algérienne ?
Les prix du poulet
sont restés très stables ces derniers temps et oscillent entre 200 et 300
dinars le Kg. C'est là un prix qui sauvegarde les intérêts des producteurs et
des distributeurs et leur assure une marge bénéficiaire correcte. Il faut
savoir que le prix de revient du poulet tourne autour de 170 à 200 dinars. Nous
sommes parvenus à ces niveaux de prix grâce à la formule de la triangulaire qui
consiste à absorber le surplus de production via sa conservation sous froid
pour ensuite déstocker en période de manque de produits sur le marché. Je vous
accorde le fait que l'oscillation, de l'ordre de 100 dinars, est peut-être
encore un peu importante, mais c'est tout de même un bon début pour ce qui
concerne la régulation de ce produit stratégique. Cette pratique s'inspire de
ce qui a été fait, avec succès pour la pomme de terre. Elle a été l'Å“uvre d'un
travail en commun entre les pouvoirs publics et le comité national
interprofessionnel de la filière avicole. Nous pouvons faire mieux bien entendu.
Nous allons agir sur plusieurs facteurs pour faire baisser les prix de revient.
Et c'est très possible. Mais cela passe par une mission de sensibilisation des
producteurs aux moyens modernes d'élevage qui optimisent les productions et
réduisent les pertes.
Qu'en est-il des
viandes rouges ?
La viande ovine
produite en Algérie est d'excellente qualité. Le mode de production repose sur
un modèle traditionnel qui confère un goût très apprécié de la viande
algérienne, mais néglige la question de la quantité. Nous ne faisons pas de
l'élevage intensif en Algérie. Résultat : l'offre demeure toujours inférieure à
la demande qui, d'ailleurs, s'exprime fortement de manière exceptionnelle
durant les jours qui précèdent Aïd El Adha. Ces modes
traditionnels d'élevage et de consommation font que la filière viande semble
encore à la traîne. Cela dit, les éleveurs ont aussi de vraies préoccupations
et beaucoup d'ambitions. J'ai déjà dit que le comité national
interprofessionnel de la filière viandes rouges verra bientôt le jour. Je reste
convaincu que l'avènement de ce comité apportera beaucoup de réponses et
proposera des solutions concrètes au bénéfice de la filière et des
consommateurs.
Quelle est, selon
vous, la part de l'informel dans le marché des fruits et légumes ? Comment
comptez-vous procéder pour lutter contre ce phénomène ?
L'informel n'est
pas une spécificité de l'agriculture. Le phénomène est national et touche de
nombreux autres secteurs. Cela étant, le monde agricole, de par sa nature, est
très concerné. Il va de soi que l'informel est une entrave au développement
harmonieux du secteur et peut agir négativement sur l'effort de régulation, puisqu'il
est à l'origine de la spéculation sur les prix des produits agricoles. La lutte
contre ce phénomène passe nécessairement par l'organisation de
l'interprofession. Ce sont les comités interprofessionnels qui, en se
renforçant, prendront d'importantes parts de marché et imposeront de fait leur
démarché aux producteurs marginaux. En fait, la lutte contre l'informel est
fonction de l'efficacité de l'interprofession. Nous y travaillons chaque jour, bien
sûr avec la collaboration des différents secteurs concernés, dont le ministère
du Commerce. Nous avons conscience que cela ne sera pas de tout repos.
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Posté Le : 04/10/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Farouk Djouadi
Source : www.lequotidien-oran.com