Algérie

Lakhdar Belloumi “Ils s’immisçaient trop dans les prérogatives de Saâdane”



Lakhdar Belloumi “Ils s’immisçaient trop dans les prérogatives de Saâdane”
On s’en rappelle. Consultant de choix de Liberté et éditorialiste à Liberté Foot, la légende vivante du football algérien qu’est Lakhdar Belloumi avait bien gardé, tout au long de la campagne victorieuse des éliminatoires jumelées du Mondial et de la CAN-2010 et même bien après, de “perturber la sérénité” du club Algérie en se refusant, “par conviction et par respect à Mohamed Raouraoua”, de se joindre à ces commentateurs-analystes écorcheurs qui s’en sont donnés à cœur joie pour faire et défaire l’actualité des Verts.
Mais dans une période aussi charnière, l’inoubliable tombeur des Allemands de la RFA sur le vert gazon d’El-Molinon ne pouvait s’empêcher d’apporter sa contribution et sa vision des choses, si souvent éclaireuse, pour une analyse plus juste, dépassionnée et constructive à même de mieux comprendre les raisons de cette frustrante baisse de régime de l’EN.
Pour Lakhdar Belloumi, outre le sélectionneur qui était en place et qui détient une part de responsabilité avérée dans cette série de mauvais résultats enregistrés depuis la CAN angolaise, “les joueurs composant l’EN en sont, eux aussi, grandement responsables”. “La question de la responsabilité ou non des joueurs ne se pose même pas tant la réponse est claire. Bien sûr que les joueurs de l’équipe nationale sont également responsables du manque de résultats positifs enregistrés depuis près de dix mois ! Et ils en sont même grandement responsables, eux qui semblent n’en faire qu’à leur tête en sélection !”, tranchera d’ailleurs d’emblée l’ancien faiseur de bonheur du Ghali de Mascara.
“Tout le monde pouvait d’ailleurs le remarquer lors de la récente sortie officielle face à la faible Tanzanie. L’EN était indisciplinée dans son jeu par la faute du comportement de ses joueurs sur le terrain. Chacun n’en faisait qu’à sa guise. L’exemple le plus édifiant et qui résume tout est cette action où l’on voit deux joueurs se disputer la balle pour tirer un coup franc. Ils n’ont pas pu se mettre d’accord, s’accrochant devant les caméras pour un simple coup franc. Justice divine : le premier tireur a envoyé la balle dans le mur avant que l’autre, sur le second essai accordé par l’arbitre, n’en fasse autant. C’était pitoyable ! De plus, notre arrière-latéral gauche, pour illustrer encore plus cette indiscipline tactique et cette anarchie sur le terrain, faisait presque ce qu’il voulait, tirer tantôt les coups francs comme bon lui semblait, tantôt les corner, sans pour autant que cela ne soit accompagné de réussite”, argumentera à ce sujet Belloumi, pour lequel ces “anomalies” découlent d’une raison toute simple et tellement évidente.
“Mais tout cela incombe au sélectionneur qui était en place. Lorsque les joueurs commencent à outrepasser leurs prérogatives et à n’en faire qu’à leur guise, c’est que forcément, il y a un manque de poigne de leur mentor ! C’est d’ailleurs là le point faible de Rabah Saâdane et, sûrement, l’une de ses grossières erreurs. Pour avoir trop laissé faire les joueurs au point même de s’immiscer dans des domaines qui ne sont normalement pas de leur ressort comme les lieux de stages ou de préparation, Saâdane l’a payé de sa place à la tête de l’EN”, estimera notre interlocuteur, qui en veut pour preuve “qu’aller se préparer à zéro degré alors que la Coupe d’Afrique des Nations en Angola nécessitait une acclimatation à la chaleur suffocante et au taux d’humidité très élevé demeure à ce jour, à mon sens, une aberration”. Et d’enchaîner : “Le plus grave dans cette affaire est que cette grossière erreur de planning n’est pas due à un manque de savoir-faire de Saâdane puisque, comble de l’ironie, la préparation en altitude demeure sa spécialité ! Sur ce point, l’influence certaine des joueurs qui ont préféré se préparer dans le sud de la France est évidente. Résultat des courses : une humiliante défaite face à un néophyte nommé Malawi, avant que le groupe ne s’habitue finalement à l’effort physique en altitude et ne parvienne à sauver sa CAN”. Cet exemple, parmi tant d’autres, suffit à convaincre Belloumi “qu’il demeure ainsi très clair que si les joueurs professionnels que compte l’équipe nationale font pratiquement ce qu’ils veulent, c’est surtout parce que l’entraîneur se laisse ou s’est laissé faire. D’autant plus que la qualification à la Coupe du monde et l’explosion de joie populaire qui en a fait des héros de toute une nation leur a certainement donné l’impression d’être intouchables”, affirmera encore l’ancien international aux 138 capes qui rappelle, sur ce point précis, bien des vérités.
“Or, avec la même ossature, à quelques exceptions près, l’EN et ces joueurs s’étaient montrés incapables ne serait-ce que d’accrocher le wagon de la CAN-2006 puis celui de la CAN-2010 ! Il n’y a, de fait, pas de quoi être si fiers ni se croire aussi forts ni aussi intouchables !” indiquera ainsi le Ballon d’Or africain 1981 pour lequel “ce changement au niveau de l’état d’esprit qui n’est plus le même que celui des éliminatoires jumelées de la CAN et du Mondial 2010 demeure également l’une des raisons de cette baisse de régime des Verts qui semblent perdre au fil des rencontres et des rendez-vous amicaux soient-ils ou officiels cette rage de vaincre, cette motivation et cet esprit de guerriers qui faisaient leur force”.
De fait, toujours d’après Lakhdar Belloumi, “cette vérité nécessite un renforcement de l’EN et l’injection d’un sang neuf à même de redynamiser le groupe et de réinstaurer une certaine concurrence qui ne serait que doublement bénéfique dans la perspective des échéances futures”.
“À ce sujet, renchérit-il, si faire appel à d’autres éléments de valeur évoluant dans les championnats étrangers reste une hypothèse tout à fait plausible, sélectionner des joueurs du crû, ne serait pas plus mal”.
“Car, il ne faut pas avoir honte de le dire : bon nombre de joueurs évoluant dans le championnat national mérite cette promotion. Pour ce qu’ils ont démontré jusqu’à présent dans leurs clubs respectifs, ces joueurs, sans les citer, mériteraient d’être sélectionnés. Peut-être pas pour être lancés immédiatement dans le grand bain comme titulaires mais pour au moins faire partie du groupe à même de pouvoir démontrer tout leur potentiel au contact des joueurs de l’autre rive”, espère d’ailleurs l’orfèvre du football algérien des eightees qui a toujours milité pour une EN à ossature locale.


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