Algérie

"Laïcité et citoyenneté, deux concepts indissociables"



À l'initiative du Café littéraire de Béjaïa, l'avocate et militante des droits de l'Homme, Me Lydia Lounaouci, a animé, avant-hier, une conférence-débat sur l'esplanade de la maison de la culture Taos-Amrouche, autour du thème "Laïcité et citoyenneté". Décortiquant ces deux concepts "indissociables", la conférencière soutiendra, d'emblée, que "la laïcité est l'un des principaux fondements d'une République démocratique digne de ce nom".Selon elle, la laïcité repose sur l'obligation de l'Etat de "ne pas intervenir dans les convictions de chacun de nous et sur l'égalité de tous devant la loi, quelle que soit la religion", estimant qu'elle implique donc la liberté de conscience, de culte et de l'expression qui reste l'un des principes démocratiques garantissant l'Etat de droit et le progrès. Me Lounaouci considère, à ce titre, que l'apprentissage du concept de la laïcité à l'école demeure le sujet le plus sensible, mais il doit s'adapter à l'évolution de la société.
Car, estime-t-elle, la manifestation volontaire de signes religieux à l'école "nous incite à engager un débat sur l'avenir de nos enfants". "L'école algérienne doit introduire l'éducation à la citoyenneté, ce qui lui permettra de devenir un lieu d'apprentissage du vivre-ensemble et de l'ouverture sur l'universalité et le progrès", a-t-elle insisté. Paraphrasant l'écrivain et philosophe français Ernest Renan, qui disait que "la nation est un plébiscite de tous les jours", l'oratrice a souligné que "la volonté de vivre ensemble doit être sans cesse renouvelée".
Pour ce faire, elle insiste sur la nécessité de "dépolitiser la religion", en affirmant que "la religion ne doit pas être instrumentalisée par l'Etat", comme c'est le cas actuellement en Algérie. Par ailleurs, cette défenseure des droits humains a plaidé en faveur de la "tolérance religieuse", déplorant au passage les différentes "persécutions" que subissent les Algériens de confession non musulmane, notamment la communauté chrétienne. Elle évoquera aussi le cas des citoyens "non jeûneurs" qui subissent, chaque année, outre les menaces et les intimidations des islamistes intégristes, des harcèlements policiers et judiciaires.
Me Lounaouci a tenu à préciser, en outre, qu'"historiquement, la société algérienne est foncièrement laïque". La preuve est qu'aujourd'hui, "elle ne reconnaît aucun pouvoir aux clercs", a-t-elle assuré, avant d'ajouter que "l'islam règne partout, mais il ne gouverne pas". Enfin, elle invite les Algériens, notamment les habitants de la région de Kabylie, à revenir à l'organisation sociale de leurs ancêtres, rappelant que "la société kabyle a toujours été laïque". "En Kabylie, l'imam ou le religieux ne s'immisce pas dans les affaires de la communauté ; cela relève exclusivement des notables du village", a-t-elle conclu.



KAMAL OUHNIA


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