Algérie

LafargeHolcim Algérie perd de sa profitabilité



L'arrivée massive des investissements dans le secteur de l'industrie cimentière en Algérie et la surproduction, entamée depuis 2017, commencent déjà à avoir des conséquences néfastes sur l'activité et la rentabilité des cimentiers.La filiale algérienne du groupe mondial LafargeHolicm s'est vue déprécier ses actifs, qui représentent ses capitaux employés et la valeur de l'entreprise, et ce, en raison d'une baisse de l'appréciation du marché algérien.
«L'appréciation des actifs se mesure par la valeur d'immobilisation des usines et par la prime (ou le goodwill) qui évalue si le marché est bon, moyen ou médiocre. En Algérie, sur le plan macroéconomique, le marché des matériaux de construction, et du ciment notamment, est en train de se déprécier de plusieurs centaines de millions d'euros, du fait de la surproduction enregistrée, depuis juillet 2017, et de l'arrivée de nouvelles capacités», nous explique une source au sein de Lafarge Algérie.
Dans un bilan rendu public vendredi, pour l'exercice 2017, le groupe LafargeHolcim affirme que sa filiale algérienne ? la plus importante dans la région Moyen-Orient Afrique du Nord ? a enregistré des bénéfices solides, malgré qu'elle ait enregistré une «diminution de sa rentabilité au second semestre 2017, en raison d'une demande de ciment plus faible et du passage d'un marché en rupture de stock à un environnement où l'offre est excédentaire». Notre source nous explique que Lafarge Algérie a enregistré en 2017 une «perte de profitabilité», puisque l'entreprise a «vendu moins, et moins cher».
Cette situation n'est tout de même pas dramatique, en ce sens que «dans tous les pays du monde, les marchés connaissent des hauts et des bas. Actuellement, le marché algérien se trouve dans un cycle bas, mais peut se redresser et repartir à la hausse», nous dit-on encore.
Toutefois, ce qui est grave, c'est «l'arrivée massive des nouvelles capacités qui vont engendrer une surproduction estimé, dès 2020, à 20 millions de tonnes d'excédent sur le marché, soit 3 millions de plus du volume de consommation en France, estimé à 17 millions de tonnes/an», affirme la même source. Et de préciser que «cela déprécie l'attractivité de l'Algérie, dans ce secteur, avec un risque qu'il n'y ait pas de débouchés commerciaux, voire de provoquer l'arrêt des usines».
A la question de savoir si le recours à l'exportation du ciment algérien peut atténuer cette situation, notre interlocuteur estime que le seul marché capturable pour l'Algérie est celui de l'Afrique de l'Ouest évalué à 15 millions de tonnes. «Lafarge Algérie vise d'exporter 5 millions de tonnes, soit 30% du marché, qui est en soi un record. Malgré cela, un excédent de 15 millions de tonnes existera toujours, ce qui risque de provoquer l'arrêt des usines et une guerre des prix», nous dit-on encore.
Dans le bilan du groupe, il est dit que «des structures seront ajustées et simplifiées, et certaines unités géographiques seront placées directement sous la houlette de la direction du groupe. Des fermetures sont également prévues, ainsi que le retrait de plusieurs marchés».
Selon notre source, «Lafarge Algérie n'est pas concernée par ce plan», d'autant que l'entreprise compte développer ses investissements, malgré un environnement de plus en plus concurrentiel.


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