Lafarge démonte les arguments des riverains Pollution sonore et environnementale au Khroub

De notre correspondant à Constantine
A. Lemili

Les arguments avancés par les habitants de la ferme Chihani, au Khroub, semblaient tenir la route. Ces derniers se sont présentés au bureau du journal pour se plaindre des violences qui leur étaient faites depuis la reprise du Centre de distribution de ciment par l'entreprise Lafarge. Plus précisément leurs désagréments auraient commencé depuis l'exploitation des lieux. Des désagréments à mettre sur le compte du carrousel de véhicules industriels venant récupérer le ciment. Tant que le trafic se faisait de jour autant le fournisseur était dans son droit parce qu'il exerçait une activité réglementée et autant les riverains n'avaient pas de raison de se plaindre et pour cause.
Toutefois, le cadre de vie serait devenu invivable depuis que les cohortes de véhicules industriels passaient la nuit sur place pour faire la queue dans l'assurance d'être servis en premier. Pour cela, les engins arrivaient au cours de la nuit, les conducteurs faisant vrombir les moteurs pour se garer, un boucan d'enfer qui nuisait énormément non seulement aux enfants, nourrissons et personnes âgées par la seule nuisance sonore, mais également par le rejet des gaz qui polluaient l'intérieur des habitations et ne se dissipaient que très difficilement pour revenir aux premières heures du jour, du fait que les conducteurs qui apprêtaient leurs véhicules, laissaient les moteurs tourner des fois plus d'une heure pour accéder au centre de distribution.
Par ailleurs, le stationnement devenait graduellement des plus anarchiques, les conducteurs se mettant en double file et, ce faisant, rétrécissaient drastiquement les voies de passage des véhicules des riverains, contraints à toutes sortes de man'uvres pour s'extirper, notamment pour ceux dont l'activité exigeait de partir très tôt, et ensuite pour les personnes se déplaçant à pied et qui se retrouvaient contraintes de slalomer entre les obstacles évoqués.
Nous nous sommes rapprochés du directeur d'unité Lafarge, lequel évacue du revers de la main l'argumentaire des riverains en soulignant «qu'il n'existe pas de temps d'attente pour les camions dans la mesure où la programmation est faite plusieurs jours à l'avance. Tout client qui est invité à rejoindre le centre est assuré de récupérer sa commande et de repartir dans les meilleurs délais». Et les camions alors que nous avons remarqué avant le lever du soleil ' La réponse de notre interlocuteur ne souffre pas d'équivoque : «Il s'agit de véhicules appartenant à des riverains qui les garent à hauteur du centre dans le but de servir à d'éventuels clients. Ils sont là à l'arrêt 24/24h. Nous pouvons même vous donner leurs noms. Ceci dit, il ne nous appartient pas de leur demander de déplacer leurs véhicules puisqu'ils habitent les lieux.»
Pour confirmer ses propos et surtout dire combien l'entreprise Lafarge tient à préserver le cadre de vie des gens, le directeur d'unité tiendra à souligner que «'nous vous donnons pour preuve de notre souci de respecter le cadre de vie de tout le monde, le ciment est acheminé par voie ferrée. Nous avons réhabilité une ligne qui dessert directement le centre par une voie détournée et qui n'a rien à voir avec le centre de vie habituel. Mieux encore, après avoir réalisé une aire de stationnement à l'intérieur du centre, nous sommes en train de faire des aménagements pour en déplacer l'accès et comme ça mettre définitivement un terme à tout désagrément possible».
En fait, à l'origine, le Centre de distribution de ciment du Khroub était isolé et ce sont plutôt les cessions anarchiques de terrains décidées par les assemblées communales successives qui ont permis aux auto-constructeurs de s'y coller pratiquement. En réalité, la zone en question n'est pas constructible et pourrait même, dans un avenir indéterminé, être au centre d'un grand drame en cas de grave caprice de la nature, notamment les eaux.
Quoiqu'il en soit, si les propriétaires des véhicules évoqués habitent à côté du centre, rien ne les autorise à garer leur véhicule au milieu d'une zone habitable sachant que l'accès à ce genre de véhicule est interdit. Mais si ces derniers ignorent ou foulent superbement la réglementation, il y a lieu tout aussi de signaler que les représentants des pouvoirs publics locaux ne font rien pour le leur rappeler. Par leurs démarches, les riverains veulent faire porter le chapeau à l'unité Lafarge alors qu'il s'agit d'un problème dont ils devraient débattre sereinement avec leurs voisins, sinon aller se plaindre auprès de qui de droit. Ce qu'ils ne feront jamais bien entendu.
A. L.