Après cinq ans de retard, le projet de réalisation d'une cimenterie à Oum El-Bouaghi par le groupe
français Lafarge est relancé. Le déblocage est venu après l'acception par
Lafarge de la règle du 51/49% en matière de partage des parts entre
actionnaires nationaux et étrangers. Une règle introduite par la loi de
finances complémentaire 2009. Lafarge, en rachetant toutes les cimenteries d'Orascom Cement - parmi lesquelles
deux en Algérie -, avait indirectement contribué à ce changement du cadrage
juridique des investissements étrangers. L'acquisition de la filière Orascom Cement n'avait rien
d'illégal. Le gouvernement algérien qui n'était pas préalablement informé par Orascom Cement, a découvert, choqué, qu'il n'avait juridiquement aucune prise sur de
telles opérations.
D'où le changement introduit par la LFC 2009 qui a fixé un minimum de participation
algérienne à 51% et introduit un droit de préemption de l'Etat et des
entreprises publiques sur la cession des actifs détenus par des entreprises
étrangères en Algérie. Le projet de cimenterie d'Oum El-Bouaghi était déjà dans les cartons d'Orascom qui comptait le lancer en toute propriété. Lafarge
en a hérité mais l'investissement a été bloqué par les autorités algériennes. En
toute légalité d'ailleurs. Si l'Etat algérien n'a pu empêcher que Lafarge
prenne possession des deux cimenteries algériennes d'Orascom
Cement, il n'en est pas de même pour les titres
miniers qui sont donnés par l'Agence nationale du patrimoine minier (ANPM) à
une entité morale qui ne peut les céder à une autre entité avant l'approbation
préalable de l'agence.
DES TITRES MINIERS INCESSIBLES
Les trois titres miniers détenus par Orascom Cement n'étaient pas, au plan du droit, cessibles
automatiquement à Lafarge et lui ont été retirés en 2010. «Les lois algériennes
ne permettent pas de vendre ou de céder les titres miniers sans accord de
l'Agence nationale du patrimoine minier», a expliqué le ministre de l'Industrie.
Ce sont ces dispositions de la loi minière qui ont prévalu et ont évité que
l'on parle d'une application rétroactive de la règle du 51/49 au projet de la
cimenterie de Sigus qui remonte à 2007. Finalement, Lafarge
s'adapte avec un certain bonheur au contexte algérien puisque, outre ses deux
usines de M'sila et Oggaz, le groupe gère en
partenariat avec le GICA la cimenterie de Meftah. Le
groupe a décidé d'accepter la règle du 51/49% pour relancer le projet de
réalisation d'une cimenterie à Oum El-Bouaghi. Le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de
l'investissement M. Mohamed Benmeradi l'a confirmé
jeudi en déclarant avoir reçu, depuis un mois, «une correspondance de Lafarge
où il affirme sa disponibilité à relancer le projet de la cimenterie de Sigus (Oum El-Bouaghi)
sur la base d'un partenariat à 49%-51%».
UN PROJET A 360 MILLIONS D'EUROS
Le ministre de l'Industrie et de la PME a indiqué que des négociations sont en cours
depuis une semaine pour la mise en Å“uvre du projet qui «nécessite une durée de
réalisation de 12 à 16 mois». Pour le ministre, il s'agit d'un «projet
stratégique» qui cadre avec les objectifs du GICA (groupe industriel des
ciments d'Algérie) de parvenir à une autosatisfaction en matière de production
de ciment en 2025 voire d'envisager des exportations.
Lafarge ayant accepté un investissement dans le cadre de la règle du 51/49
qui lui donne le management de la future cimenterie, les choses devraient
avancer rapidement. Il s'agissait d'un dossier en «suspens» traité avec M. Benmeradi, par l'envoyé spécial du Président Nicolas
Sarkozy, M. Jean-Pierre Raffarin. Tout le monde semble y trouver son compte. Les
autorités algériennes souvent critiquées à ce sujet peuvent présenter l'annonce
comme une preuve que la règle du 51/49% n'est pas une entrave à
l'investissement étranger. Lafarge étend ainsi sa place sur le marché algérien
qui reste très porteur. La cimenterie d'Oum El-Bouaghi où le groupe public GICA détiendra 51% du
capital coûterait dans les 360 millions d'euros.
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Posté Le : 12/11/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com