Lâcher de voyous

Ce qui vient de se passer à Hammadi, localité au sud-est d'Alger, est symptomatique de la violence tous azimuts qui gangrène la société algérienne. Loin d'être un cas isolé, les brutalités enregistrées dans une cité apparemment sans histoire rappellent aux consciences combien le calme actuel est sursitaire. Des guerres de gangs prenant en otage de paisibles riverains font irruption dans la chronique judiciaire dévoilant un pan sur une lutte sourde pour le contrôle des territoires.Vengeance, coups de main, les prétextes à déclencher des violences qui s'étalent sur plusieurs jours sont nombreux mais le trafic de drogue via la mainmise sur les parkings des cités reste le plus récurrent. Les services de sécurité sont parfois dépassés par ce déchaînement de fureur assassine dopée à l'ecstasy et équipée d'armes blanches et parfois même à feu. Ils font face à des groupes de jeunes surexcités, prêts à en découdre, allant à l'affrontement frontal avec les uniformes car inconsciemment ils savent qu'en aval la justice sera toujours magnanime avec leurs dossiers. Un sentiment d'impunité largement observé chez ces délinquants, récidivistes pour la plupart, forgeant leur croyance dans les mesures de grâce offertes par la République à l'occasion de ses deux fêtes nationales. Au lendemain des 1er Novembre et 5 Juillet, la rue réceptionne son lot de petits voyous partis pour une autre fournée de délits.Nombreux sont les professionnels de la justice et de la sécurité qui pensent tout le mal de ces grâces et de ces relaxes sous la force du nombre mais se taisent par devoir de réserve. Le citoyen lambda est lui aussi dans cette réflexion, impuissant devant ces lâchers de prisonniers qui constituent le noyau dur de la petite délinquance. Les événements de Hammadi reposent également la question de ces cités-dortoirs, réceptionnées à la hâte en l'absence d'un minimum de structures d'accompagnement. Des îlots de béton loin de toute architecture urbaine, à mille lieues des résidences conçues pour un épanouissement citoyen. Le plus urgent étant d'entasser des familles dans des espaces dédiés à des HLM d'un autre type et de les oublier jusqu'à ce qu'elles fassent la une des journaux. N'aurait-on pas été plus inspirés si on avait réfléchi en amont à la création de comités de quartier à même de faire barrage à ces guerres de territoire, mais non et comme toujours l'urgence, en Algérie, prime sur la raison '