Laâmouri Djediat à "Liberté"

L'incident qui a eu lieu entre les supporters du CRB et le joueur Laâmouri Djediat, lors du match face à l'ASO pour le compte de la 6e journée du championnat de Ligue 1 Mobilis, a eu des répercussions négatives sur le meneur des Rouge et Blanc, qui envisage sérieusement de mettre un terme à sa carrière de footballeur. Il explique pourquoi dans cet entretien.Liberté : M. Djediat, avec du recul, regrettez-vous votre geste à l'encontre de supporters de votre club, le CRB 'L. Djediat : La question qui se pose aujourd'hui n'est pas le fait de regretter ou pas. Cela fait plus de quinze ans que je joue au football, je n'ai jamais vécu un tel scénario. Pourtant, j'ai porté les couleurs de très grands clubs, comme l'ASO, l'USMA et l'ESS, mais la manière hostile avec laquelle s'est attaquée à moi une frange de supporters du CRB m'a touché au plus profond de moi-même. Ce qui m'a fait le plus de mal, c'est qu'on essaye de me faire porter le chapeau alors que je ne suis qu'un joueur comme les autres joueurs du club. J'accepte tout, mais de là à dépasser les limites, je ne le tolère pas.Que s'est-il passé réellement ce jour-là ' Racontez-nous un peu cet incident 'L'arbitre avait sifflé un coup franc en notre faveur ; un de mes coéquipiers est parti en courant sur le couloir gauche proche de la première tribune du stade du 20-Août, je ne lui ai pas donné le ballon, car l'arbitre m'avait signifié qu'il fallait qu'il siffle pour que je puisse jouer le ballon, sinon ce serait un avertissement pour moi (carton jaune). Donc, j'ai temporisé jusqu'au coup de sifflet de l'arbitre, les supporters qui n'ont pas compris cette action de jeu se sont levés subitement pour m'insulter, gratuitement, car, selon eux, j'aurais dû donner la balle à mon coéquipier, alors que nous menions au score par 1 à 0.J'ai essayé de me retenir, en vain, car ils ont dépassé toutes les limites : ils ont insulté ma mère de manière très grotesque. Je ne vous le cache pas, mes nerfs ont craqué à ce moment et je ne savais pas quoi faire ; j'ai donc répliqué à ma manière en les traitant comme ils m'ont traité, de tous les noms. Je vous assure que pendant ce moment, je ne voyais plus rien. Tout était noir.Pourtant, comme vous le dites, vous cumulez une grande expérience. Comment se fait-il que vous n'ayez pas pu vous maîtriser 'J'ai déjà subi ce genre de provocation à l'ESS et à l'USMA, mais pas avec cette invective, il fallait être là pour écouter les mots très durs qu'ils me lançaient en pleine figure.N'importe quel joueur au monde aurait lâché à ce moment. C'est très difficile de se retenir lorsque votre mère est traitée de tous les noms, mettez-vous à ma place, et vous verrez. Après avoir rejoint les vestiaires à la mi-temps, je suis rentré directement chez moi choqué par cette attaque gratuite.Vous dites aussi qu'il s'agit d'une partie du public du CRB. Que cela veut-il dire au juste 'Cela veut tout simplement dire que ce ne sont pas tous les supporters qui s'en sont pris à moi, il s'agit d'une frange manipulée par je ne sais qui. Ce n'est pas normal qu'on m'attaque de cette manière, je suis choqué par ce comportement d'un autre âge, pourtant, Dieu seul sait que j'ai préféré ce club à d'autres, avec une offre meilleure que celle du CRB, je me suis dit que le Chabab est un prestigieux club et qu'il valait la peine de porter ses couleurs. Franchement, avec du recul et tout ce que j'ai vécu, je regrette mon choix.Depuis cet incident, vous n'avez plus remis les pieds au stade 'Je n'ai plus l'envie ni le c?ur de revenir dans ce club, il y a comme un ressort qui s'est cassé. Je vais reprendre les entraînements ce week-end, ensuite je verrai comment vont se développer les choses. Pour le moment, je suis chez moi auprès de ma petite famille pour passer des moments avec mes enfants.Avez-vous été contacté par les dirigeants 'Oui, j'ai discuté avec eux, ils m'ont expliqué la situation, je leur ai donné mon avis. Sur ce plan-là, il n'y a aucun problème avec le président Réda Malek ou les autres dirigeants.Je n'ai aucun problème avec eux. Je les remercie de la confiance qu'ils m'ont renouvelée, mais je doute fort que je pourrai revenir avec le même état d'esprit.Dans mon esprit, c'est déjà tranché, d'ici le mois de décembre prochain, c'est fini, une conviction profonde m'envahit, j'estime qu'à 33 ans, j'ai assez donné au football, il est temps que j'y mette un terme.Avec tout ce que vous avez vécu, une autre mauvaise nouvelle est venue se greffer à cet incident, à savoir votre suspension par la LFP pour quatre matches, dont deux avec sursis, pour avoir critiqué l'arbitre dans la presse à l'issue de la rencontre contre l'USMA. Comment avez-vous réagi à cette sanction 'J'ai été auditionné par la commission discipline de la LFP, j'ai dit que je n'ai pas touché à la dignité de l'arbitre, mais juste ce que je pense de lui, c'est tout. J'ai le droit de donner mon avis, je suis quelqu'un qui a sillonné tous les terrains de football d'Algérie, donc je sais de quoi je parle. Ce jour-là, l'arbitre n'était pas au mieux de sa forme, voilà tout !Peut-être que cette sanction tombe à pic 'C'est fort possible, peut être qu'avec tout ce que j'ai enduré, j'ai besoin d'un recul pour mieux me reposer. Comme vous dites, ça tombe à pic.