Algérie

Laâla boulbir. Urbaniste et architecte



Laâla boulbir. Urbaniste et architecte
-Le terrain situé à la sortie ouest de Annaba a été morcelé et partiellement attribué sous forme de projets Calpiref par l'ancien wali. Ces projets en question sont bloqués actuellement par l'APC, la direction de l'hydraulique et celle de l'environnement, parce que cette zone est humide, marécageuse et accueille les crues et eaux pluviales. Trouvez-vous opportune une telle démarche qui fait fi des prescriptions techniques 'Personnellement, je trouve que l'artificialisation de ce terrain par des équipements aussi lourds et disparates serait une aventure urbanistique et technique qui ne porte pas uniquement préjudice au paysage urbain, mais aussi au cycle de l'eau dans une zone aussi sensible, sans citer les risques liés à une urbanisation sans aménagement hydraulique. Je pense que Annaba possède de nombreuses friches urbaines qui pourraient assouvir les désirs de l'urbanisme de consommation.Un éco-aménagement serait le plus approprié pour ce site. Cette décision est plutôt hasardeuse et précipitée parce qu'elle contrebalance les conclusions d'une étude spécialisée (BG Suisse) et ne peut en aucun cas être légitimée sous quelque prétexte que ce soit, même la promotion des services privés. Les politiques en Algérie ont tendance, dans des discours officiels, à s'attaquer aux PDAU et POS qui sont les seules règles légitimes qui restent face à l'arbitraire urbanistique et qui démasquent les nombreuses dérogations. Je trouve que sur le plan du contenu, nous avons besoin de laisser la nature reprendre ses droits sur certains sites à Annaba, comme les oueds, les zones marécageuses, les forêts et agricultures urbaines qu'on s'est appropriés à des fins purement techniques.Un éco-aménagement serait le plus approprié pour ces écosystèmes sur lesquels pourrait s'appuyer un tourisme urbain. Sur le plan procédurier, réduire l'urbanisation de l'entrée de la métropole (100 ha) à un simple partage foncier (lotissement sommaire), qui aboutit à une juxtaposition d'équipements solitaires est une expectative qui a tendance à se généraliser. L'urgence aujourd'hui est de lancer de grands travaux hydrauliques dans la partie ouest de Annaba.-Que voulez-vous dire par éco-aménagement et comment peut-on s'inscrire dans une vision de développement urbain durable 'Nous devons privilégier une conception urbaine environnementale durable s'appuyant sur une large accessibilité, l'animation et la promotion du transport intermodal. Il s'agit de créer des espaces civiques et communautaires, des espaces verts publics et récréatifs prolongeant les activités du complexe sportif, des espaces pour les enfants, les vieux, des cafés, les restaurants. Le temps où des commissions fermées décidaient seules de l'avenir des territoires est révolu. Nous devons faire participer la société civile, les experts, les chercheurs, la participation, la transparence, la diffusion de l'information traitée (marketing) pour permettre d'ouvrir le jeu et de partager les ambitions. L'heure est aujourd'hui à la recherche de biodiversité, la création de biotopes, de corridors biologiques et de végétations intenses. L'eau ne doit plus être busée, mais gérée à ciel ouvert, à travers des caniveaux pavés, des rigoles, des lacs artificiels, parsemés de végétation. -Vous avez élaboré dans les années 2000 pour le compte de la direction de l'urbanisme une étude d'aménagement d'un parc aquatique sur ce site. Pouvez-vous nous parler de ce projet 'En effet, j'ai eu à élaborer cet ambitieux projet, inspiré du parc d'El Kantaoui (Tunisie) sur lequel je me suis tant documenté et j'ai même noué des contacts avec l'étranger pour la fourniture des équipements adéquats. Il faut dire que les équipements récréatifs font largement défaut à Annaba et le projet paraît en cohérence fonctionnelle avec le complexe sportif du 19 Mai et le parc d'attractions. Après plusieurs années, je me suis rendu compte que le projet n'était autre que de la poudre aux yeux, tout comme ces projets qui participent à entretenir un discours politique sans lendemain.-Vous voulez dire que ce n'étaient pas les édiles qui développaient les idées mais que c'était plutôt la direction de l'urbanisme et de la construction (DUC) qui avait l'initiative de proposer des projets pour la ville 'Il n'y a pas uniquement la DUC qui alimente l'imaginaire collectif, les bureaux d'études techniques (BET), notamment l'Urban (ex-Cadat) le font indirectement aussi. Ces techniciens ne sont pas souvent de simples prestataires de services, mais plutôt des partenaires qui diagnostiquent, prospectent et produisent des idées-projets pour le compte des pouvoirs publics qui ne s'en tiennent malheureusement qu'à leur coup de baguette. Dans le cadre de la révision du PDAU intercommunal de Annaba, nous nous sommes appuyés sur le site de l'entrée Ouest pour en faire un centre périphérique à l'agglomération de Annaba, laquelle avait besoin d'un système polycentrique. Ce centre se devait d'être articulé autour d'une gare intermodale (côté Boukhadra) et une grande place parc, avec des installations légères qui conviennent parfaitement à la faible portance des sols.Les édiles n'ont repris qu'une partie de ces prescriptions, la gare a été implantée ailleurs et le Calpiref a implanté en 2006 un hyper centre et des show-rooms. L'étude d'aménagement a été confiée à un BET privé qui a conclu à la non-constructibilité du site. Une piste promenade a été aménagée en fin de compte.




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