Algérie - Revue de Presse


La semaine dernière, nos confrères de l'édition du week-end nous ont offert un dossier centré sur l'identité algérienne. Vaste question s'il en est, équation aux innombrables paramètres qui forment ce qu'on appelle une « personnalité nationale ». Un concept bien intéressant, mais possiblement dangereux si on le prend comme modèle absolu auquel chacun doit se conformer, au risque, sinon, de se voir exclu ou stigmatisé. Le contre-exemple, outre-mer, des dérives d'un tel débat est là pour nous le confirmer. En revanche, si l'on veut bien considérer qu'il existe un dénominateur commun à partir duquel chacun est libre de se construire, ce concept peut être positif, voire salutaire, en ces temps où la puissance et la vitesse de communication des informations (mais aussi des valeurs), tendent à créer un modèle planétaire, gommeur de diversité. Dans le dossier précité, signalons les propos de la dramaturge Jalila Hajar-Bali relevant qu'à l'étranger, par simple contact visuel et sans recours à la biométrie, un Algérien reconnaît tout de suite un compatriote. C'est une chose à la fois amusante et intéressante. Avérée aussi, puisque l'on pourrait citer des milliers d'anecdotes en des lieux improbables du monde, sans qu'un échange verbal ait pu servir d'indicateur à un tel « instinct ». Cette prodigieuse aptitude ne fonctionne pas toujours. Ainsi, Mohamed Lakhdar-Hamina, lors de la projection de Chronique des années de braise, à Cannes en 1975, était dans un état d'excitation compréhensible qui le fit monter plusieurs fois dans la cabine de projection pour s'assurer que tout allait bien. A un moment, le projectionniste lui dit en arabe algérien : Mais arrête ! J'ai traité tous les films du festival durant des années, et pour la première fois que j'ai un film algérien' ! Cet homme, Abdelmadjid Djaderli, aujourd'hui retraité, a été un des grands projectionnistes du cinéma mondial (Arts & Lettres du 31 juillet 2008, Ahmed Zir).Souvent, nous développons une croyance abusive en des attitudes « algéro-particulières ». La zkara (le mal gratuit) en est une. Avec des amis, depuis 30 ans, nous cherchons une origine à ce mot, avec, au fond, l'inquiétude d'appartenir éventuellement à un peuple aux tendances sadiques. Dans la dernière édition des Cahiers du cinéma, le grand réalisateur allemand, Werner Herzog, interviewé sur son film, Bad Lieutenant, relate : « Nicholas Cage, m'a dit le 2e jour de tournage : Je sais que tu détestes la méthode et toutes les conneries sur les motivations psychologiques du personnage. Mais pourquoi est-il si méchant ' Est-ce à cause de Katrina, de la drogue, de son mal de dos ' Je lui ai répondu : Non, arrête, tu sais bien que la joie pure de faire le mal (bliss of evil), ça existe ! Alors, vas-y à fond ! ». Bliss of Evil ! Quel soulagement (relatif) que de découvrir que nous n'avons pas le monopole de la zkara ! Cela dit, faute de brevet, on peut nous envier notre niveau en la matière. Finalement, c'est cela la personnalité nationale : une combinaison particulière de ce que nous sommes tout seuls et de ce que nous sommes avec les autres.


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