Algérie

La vraie main de l’étranger


“La main de l’étranger” a-t-elle besoin d’intervenir dans un pays qui jouit de la 121e place dans le classement de 140 pays par niveau de “paix et de stabilité” ?
La dérobade de “la main de l’étranger” est-elle à ce point invraisemblable que Zerhouni lui-même a fini par jeter le doute sur l’improbable thèse officielle ? Il ne sait finalement pas si, dans les ordinateurs saisis et “interrogés” par ses services, il s’agit de contacts “anodins” ou coupables avec des sites étrangers ; il ne sait pas, non plus, si les tracts “importés” sont le fait d’étrangers ou d’Algériens “expatriés”…
En vérité, “la main de l’étranger” a toujours trouvé le meilleur accueil auprès de nos pouvoirs. Depuis des décennies, celle de l’intégrisme évolue en toute liberté et en toute efficacité sans rencontrer le moindre réflexe d’autodéfense de nos autorités. Au contraire, le budget de l’État a été sommé de financer la formation idéologique inspirée par le régime wahhabite et le mouvement des Frères musulmans des écoliers algériens ; il a payé des prêcheurs pour préparer, à travers la télévision d’État, l’opinion nationale à l’offensive intégriste ; il a financé l’importation de textes subversifs qui servirent plus tard de manuels de terroristes. L’État a regardé sans intervenir les correspondants locaux de “la main étrangère” organiser les charters d’apprentis terroristes pour l’Afghanistan. Des “minutes” de séances de l’Assemblée nationale témoignent de la disponibilité de certaines autorités à accompagner “la main étrangère” dans son projet d’orientation nationale.
A-t-on encore besoin de l’intervention de la main étrangère, maintenant que, grâce à ce travail de sape de l’identité nationale méthodiquement conduit avec la complaisance, voire parfois avec l’aide de nos responsables, nous sommes tous devenus un peu étrangers ?
Dès l’indépendance, l’enjeu fut d’assurer l’arabité de l’Algérie, de crainte de la voir concevoir quelque autonome perspective nationale. Depuis, et puisqu’il fut établi que l’Algérie n’était rien à elle seule, rien sans son arabité et son islamité, elle est condamnée à souffrir les échecs d’une conception culturaliste de notre sphère d’appartenance. Pour l’islam et pour l’arabité, un jeune Algérien peut légitimement intégrer un groupe armé en Afghanistan ou en Irak !
Ceux qui, les premiers, ont envoyé des charters de jeunes dans les camps d’entraînement d’Afghanistan ont par la suite formé des partis politiques et participé aux élections et même à la gestion du pays. Ces pionniers de la route de Tora Bora seront les futurs “Afghans” du GIA. Cette intelligence “culturelle” qui s’avéra une intelligence “sécuritaire” autorise tout de même ses adeptes de s’accoutrer en Afghans, en wahhabites, en “Frères musulmans” ou en “Soudanais” sans risque de se voir accussés de prolonger dans le pays le dessein de “la main de l’étranger”.
Et pour couvrir cette “main” réelle, on inventa le “hizb França”, qui existe peut-être mais dont on ignore le contenu concret, et “la main de l’étranger” générique. Pendant ce temps-là, la vraie main de l’étranger et ses serviteurs locaux continuent à accabler de manière sanglante le pays.
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