Algérie

«La volonté politique existe, mais pas l'outil juridique»



Bouguerra Soltani, le chef de fil du Mouvement de la société pour la paix (MSP), présent hier à la cérémonie d'installation de la Commission nationale de supervision des élections législatives du 10 mai prochain, a considéré que la supervision par des magistrats du prochain scrutin était «une avancée, du moins dans la forme, pour la démocratie». Affichant une totale confiance dans la neutralité et la probité des magistrats, M. Soltani a déclaré : «Notre présence aujourd'hui confirme notre souhait pour que la responsabilité entière de la crédibilité des prochaines élections soit portée par la justice. Nous considérons que cette commission va jouer un rôle très important pour préserver la voix de l'électeur et les droits des candidats.» Cependant, le MSP continue d'interpeller le président de la République afin que les magistrats de la commission bénéficient de l'outil juridique qui définit clairement leurs prérogatives «sinon, l'actuelle commission ressemblera à sa précédente». Bouguerra Soltani a expliqué que dans le cas où le magistrat ne serait pas habilité par une disposition claire de la loi à agir concrètement et rapidement face à une tentative de fraude, l'objectif de la mise en place de cette commission ne sera pas atteint. «Est-ce qu'un magistrat pourra faire sortir à n'importe quel moment une personne qu'il soupçonne de tentative de fraude ' Est-ce qu'il pourra décider de la prolongation de l'ouverture du bureau de vote ou est-ce que c'est toujours le wali qui décide de la prolongation ' Existe-t-il aujourd'hui une loi répressive contre la fraude ' Nous sommes donc face à un discours politique rassurant et une ferme volonté politique d'aller vers des élections crédibles et transparentes mais cette volonté n'a pas été traduite par des outils juridiques à même de rassurer les parties prenantes du prochain scrutin.» Pour le président du MSP, «le chef de l'Etat devrait légiférer par ordonnance pour définir les prérogatives de la commission des magistrats, ceux des partis politiques et des candidats». Sans la définition claire des prérogatives de chacun, «le doute persistera sur les résultats du prochain scrutin». Concernant le changement du gouvernement, Bouguerra Soltani a déclaré que son parti continue de demander son départ : «Nous demandons toujours un gouvernement technocrate.» Sur une question relative à la dernière alliance contractée par le MSP avec d'autres partis islamistes, à savoir El Islah et Ennahda, Bouguerra Soltani a expliqué que cette alliance reste ouverte avec des conditions à d'autres partis : «Nous avons élaboré une plateforme commune qui sera rendue publique le jour de sa signature, prévue au cours de la semaine prochaine. Notre alliance reste ouverte et les formations politiques qui veulent rejoindre notre alliance doivent respecter les conditions que nous avons préétablies». Enfin à la question si les raisons qui ont poussé le MSP à contracter des alliances avec d'autres partis ne seraient pas liées à sa peur des partis de Menasra et de Djaballah, Soltani dira : «La peur existe pour toute personne aventurière et c'est une peur constructive qui pousse à mieux réfléchir et mieux agir. Ce qui nous importe, ce n'est pas les voix mais le programme. Nous sommes pour rassembler les forces des islamistes dans une alliance, de même que ceux des démocrates ou encore ceux des nationalistes. Nous devons aujourd'hui abandonner l'idée de parti politique pour aller vers la constitution des familles politiques. Le MSP aspire plus qu'à une alliance, à une fusion pour la création d'un seule force islamiste.»


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