Algérie

La voix sonnante du Cheikh



La voix sonnante du Cheikh
Tout le monde n'a pas l'immense privilège d'être l'élève d' El Hadj El Anka et d'avoir fait le conservatoire à une époque où l'art était encore au stade de balbutiement par suite d'une politique colonialiste décidée à détruire tout ce qui constitue notre patrimoine culturel. Le reste, quand on a la chance d'avoir embrassé la carrière de chanteur et fréquenté cette grande école qui a formé de grandes figures de la chanson algérienne dans toute sa mosaïque, est affaire de talent et de tempérament. A considérer le parcours artistique du chanteur Abdelkader Chercham, on ne peut que militer en faveur de cette thèse qui fait la part belle du don, sans négliger bien entendu celle de l'acquis et même les concours de circonstances qui lorsqu'elles sont favorables assurent le succès dans une mesure non négligeable. Car ce chanteur a tout d'un grand artiste : le don d'une belle voix, beaucoup de qualités artistiques et le fait d'être né à une époque où lorsqu'on a du talent cela se voyait tout de suite, car les artistes ne couraient pas les rues.En 1964, le jeune Chercham se découvre un penchant naturel pour la chanson chaâbie et s'essaie sur ce registre. En 1965, sous l'effet de cette passion, il entre au conservatoire et fournit aussitôt la pleine mesure de ses aptitudes qui le signaleront aux yeux du maître du chaâbi. Ce dernier pour lui manifester son amitié et son estime personnelle accepte d'animer en 1969 la soirée organisée à l'occasion de son mariage. En 1970, le jeune élève est autorisé par le maître à se faire connaître du public et cela a marché dès le premier gala qu'il donne. « C'est le premier jour de ma vie que celui où je me trouvais pour la première fois face au public », nous confiait-il, dans un entretien jeudi dernier, peu avant d'animer une soirée à la maison de la culture.Mais c'est la période qui s'étend de 1970 à 1986 qui s'avère la plus faste et la plus féconde. Entre 1970 et 1973, l'artiste se voit ' honneur considérable ' confier par intérim la chaise que le maître occupait au conservatoire. Professeur au même établissement, il exercera avec brio cette noble profession jusqu'en 2006. En 50 ans de travail assidu, d'animation, d'enregistrement, de tournées, le chanteur chaâbi sent que sa mission a été bien remplie. Il peut se targuer d'avoir à son actif près de 300 chansons et poèmes, d'avoir côtoyé les plus dignes représentants de la chanson algérienne. On peut citer pêle-mêle les chanteurs Chaou, Kobi, Bourdib, Djaâfri, Tamache etc. Il a même sillonné une partie de l'Europe avec le groupe Gosto, créé par une jeune artiste algérienne établie en Irlande : la France, l'Espagne, l'Allemagne.A l'intérieur du territoire national, il a presque fait le tour du pays pour y porter un message d'espoir et d'amour. Au Maroc, il s'est produit dans cette charmante ville du nom de Saouira où notre artiste a reçu un accueil chaleureux. Il compte reprendre sa tournée en Europe en faisant un crochet par les Etats-Unis, dans le sillage du groupe Gosto. S'il chante l'amour, l'espoir, les sujets sociaux et politiques complètent sa thématique sentimentale. Le conseiller à la Présidence, Mohamed Ben Amar Zerhouni aurait écrit pour lui les paroles de deux chansons : Baba Merzoug, inspirées de cet épisode historique où le consul français en Algérie s'était emparé d'un canon de fabrication algérienne pour l'envoyer à Brest pour être installé sur un mur qui regarde la mer.Pour bien monter qu'il s'agissait d'un butin de guerre, la France avait apposé l'image du coq gaulois. Cette chanson prouve le caractère engagé du chanteur chaâbi. L'autre chanson, sur le point d'être enregistrée a pour titre Kalou Lamrar (ils parlent d'amertumes). Ce soir le répertoire est vaste et varié : les murs de la maison de la culture retentiront sous les paroles de : Les colombes, El Meknassia, Elhamdou lilah, listiâmar khlas (Dieu merci le colonialisme a pris fin) celui qui se définit avec beaucoup de fierté comme le fils spirituel d' El Anka, avoue simplement que celui-ci a changé sa vie et l'a comblé de bonheur.


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