Algérie

La voix qui a accompagné Slimane Azem



Des mélomanes ont même l'habitude d'écouter, voire de fredonner leurs belles chansons sans connaître les noms de ces chanteuses tombées injustement dans l'oubli.Le cas de la regrettée Bahia Ferrah, entre autres, est édifiant. Combien de mélomanes savent que c'est sa mélodieuse voix qui accompagne le géant Slimane Azem dans deux des plus belles chansons de ce dernier'
Rares sont, en effet, ceux qui le savent. Pourtant, Bahia Ferrah mérite d'être connue et reconnue tout comme tous les grands artistes ayant contribué à l'enrichissement de la culture algérienne. Qui est donc Bahia Ferrah' Son véritable nom est Fatima-Zohra Bounouar.
Une voix parsemée de souffrance
À l'instar de la majorité des chanteuses de l'époque, elle a été obligée de prendre un pseudonyme car l'acte de chanter était tabou. Elle naquit dans la région de Bouira en 1917. Ses premiers pas dans l'art, elle les fit en tant que danseuse du genre oriental.
Sa voix finit par l'imposer comme chanteuse plus tard. La vie de Bahia Ferrah, à l'instar de celle de la majorité des chanteuses kabyles de l'époque, ne fut pas facile. Elle était parsemée de souffrance et de difficultés aggravées par le fait qu'elle devint orpheline en bas âge. Ce qui la contraint à être prise en charge par son oncle qui habitait en Tunisie. C'est dans ce pays voisin qu'elle prit conscience prématurément de se son don pour l'art de manière générale. Elle s'inscrivit dans un centre de formation artistique où elle apprit la danse. Elle n'était âgée que de 14 ans quand elle prit le chemin vers la France en 1931. Elle poursuivit sa passion pour la danse en s'adonnant également à des cours.
À Paris, où elle réside, elle rencontre de grands artistes comme Mohamed El Jamoussi et Kamel Slaoui, mais aussi et surtout les ténors de la chanson kabyle: Slimane Azem, Allaoua Zerrouki, Kamal Hamadi, Salah Sadaoui, Akli Yahiatene, Cherif Kheddam, etc. Bahia Ferrah, quand elle décida d'entamer une carrière dans le chant, commença en langue arabe avec des disques 78 tours comprenant de très belles chansons comme «Ya omri lik», «Rayeh Madoum», «Ya lli qellaqtou», etc. C'était en 1949.
Chansons sentimentales
Quand elle croise Slimane Azem en 1957, le maître de la chanson kabyle à texte, ce dernier n'hésite pas à lui faire appel afin de chanter en duo avec lui dans deux chansons cultes dont la thématique a trait aux sentiments.
Un thème que Slimane Azem n'avait jusque-là jamais abordé et qu'il n'abordera, d'ailleurs, plus, après ces deux chansons. Il s'agit des chansons intitulées «Nek ak d kem» et «Atas ay sebregh».
Dans cette dernière, le thème de l'amour est mêlé à celui de l'exil car il s'agit d'une complainte d'une femme dont le fiancé n'a plus donné signe de vie depuis qu'il est parti en France.
La dulcinée abandonnée menace son prétendant de se marier avec un autre s'il ne revient pas dans les meilleurs délais.
Un très bel hymne à l'amour avec une musique qui a subjugué d'autres artistes dont Matoub Lounès qui a repris cet air musical dans l'hommage rendu à Slimane Azem dans son album «Tamsalt n Slimane» édité en 1983 après la mort du grand maitre. «Atas ay sebragh» a obtenu un énorme succès à sa sortie et des décenniess plus tard, cette chanson n'a pris aucune ride.
Un autre duo de Bahia Ferrah a été réalisé avec Akli Yahiatène dans la magnifique chanson «Inès i mlaâyoun taouès». Après 1962, Bahia Ferrah revient au bercail. Elle rentre définitivement au pays en clamant dans une célèbre chanson «Thfouk el ghorba thfouk».
Une cinquantaine de chansons ont été enregistrées par Bahia Ferrah à la Radio nationale Chaine 2.
Bahia Ferrah est morte dans l'anonymat et enterrée dans la discrétion totale le 24 avril 1984.


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