La voiture, un signe qui ne trompe pas

L'une des approches retenues pour identifier les classes moyennes consiste à éplucher leur mode de consommation.Une étude menée en 2008 par Goldman and Sachs sur les classes moyennes a établi que «la demande des biens de consommation, notamment les voitures, progresse significativement avec l'expansion de la classe moyenne». D'autres économistes ont identifié «les classes moyennes dans les pays émergents par leur capacité à acheter des automobiles». En Algérie, cet indicateur est très révélateur au vu de l'explosion du marché de l'automobile ces dernières années et du rajeunissement considérable du parc national de véhicules. Il a été estimé à la fin de l'année 2012 par l'ONS à plus 4,8 millions de voitures dont 3 millions de véhicules de tourisme.Le parc national comptait moins de 3 millions de véhicules en 2000, soit une progression de plus de 30% en 12 ans. Aujourd'hui, 40% des véhicules de tourisme ont moins de 10 ans d'âge dont 22% moins de 5 ans. Le nombre de mises en circulation a quasiment explosé depuis la moitié des années 2000 passant de moins 100 000 en 2004 à plus de 190 000 en 2012. Julien Damon, professeur en sciences politiques et spécialiste des questions de pauvreté (notes-geopolitique.com) estime que «si l'on connaît le nombre de voitures d'un pays et qu'on le multiplie par le nombre moyen d'individus par ménage, on obtient une photographie approximative mais assez juste de la classe moyenne».De ce point de vue-là, l'Algérie compterait quelque 28 millions d'individus (18 millions en ne comptabilisant que les véhicules de tourisme) de la classe moyenne (le nombre moyen de personnes par ménage étant de 6, selon l'ONS). Toutefois, comme le note Pierre Salama, professeur émérite et chercheur au CNRS «continuer à définir les classes moyennes par leur capacité d'acheter des automobiles perdra de sa pertinence à l'avenir. La baisse des coûts de production des automobiles, la possibilité de différencier le produit et de créer des voitures ??low cost'', sont de nature à élargir le marché de ces biens à d'autres couches de la population ainsi qu'on a pu l'observer dans les pays avancés».