Les Tunisiens éliront aujourd'hui l'Assemblée constituante dans le cadre des premières élections libres de l'histoire du pays. Hier, Tunis, contrairement à ses habitudes du week-end, vivait au ralenti, notamment dans les artères principales.
Le printemps tunisien dure depuis neuf mois et n'a pas été toujours ensoleillé. Le doute, voire l'indifférence se sont installés depuis quelques mois dans les esprits. L'émiettement de la classe politique (111 partis en lice en plus d'une foultitude d'initiatives associatives) a fini par déstabiliser les Tunisiens qui, en plus, manquent totalement d'exercice démocratique électoral. «Je n'irai pas aux urnes. Il y a tellement de candidats et de programmes que je ne comprends rien», avoue Salem, au volant de son taxi jaune. Cette appréhension risque de faire avorter le rendez-vous du 23 octobre pour les différents acteurs de l'élection qui, dans leur communication, adoptent un mot d'ordre commun : inciter les électeurs à participer au vote. «Aux urnes citoyens !» lit-on en une d'un journal national résumant cette tendance.
C'est que le spectre de l'abstention marque les esprits et fait peur aux partis politiques plus que l'adversité. En dépit d'efforts soutenus pour convaincre les Tunisiens d'aller voter, le nombre des citoyens inscrits au vote n'a pas dépassé les 55%, chiffre en deçà de la barre des 60% désignée comme seuil pour la crédibilité de l'instance qui naîtra de ce rendez-vous historique.
Le président de l'Instance supérieure indépendante des élections (ISIE), Kamel Jendoubi, a livré, lors d'une conférence de presse tenue hier matin au Centre international de presse, des statistiques liées à l'organisation des élections et en a profité aussi pour pronostiquer le taux de participation des Tunisiens résidents à l'étranger qui, selon lui, avoisinerait les 60%.
Le conférencier, qui a rassuré sur les conditions de déroulement des élections, n'a pas manqué, à l'occasion, d'écorcher le ministère des Affaires étrangères qui, selon lui, a empiété sur les prérogatives de l'instance en prenant l'initiative de faire des déclarations sur les conditions dans lesquelles se sont tenues des élections à l'étranger. Faut-il rappeler qu'il s'agit des premières élections où l'administration est tenue entièrement à l'écart de l'organisation. L'ISIE a rappelé aussi, dans un communiqué publié vendredi soir, l'interdiction faite aux candidats de violer le silence électoral décrété depuis hier, sous peine de sanctions.
Face à la grande inconnue qu'est l'électorat tunisien, le vote pour l'Assemblée constituante emballe partis politiques et organisateurs en ce qu'il constitue un moment décisif de l'histoire de la Tunisie de l'après-Ben Ali. Fera-t-il date comme acte fondateur de la deuxième République ' C'est à cela que devront répondre les Tunisiens aujourd'hui.
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Posté Le : 23/10/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Nouri Nesrouche
Source : www.elwatan.com