Algérie

La voie ou le savoir pour seule arme



La voie ou le savoir pour seule arme
L’homme est avide de lumière. «Cette lumière secourable qui est à l’origine de toute naissance», disait Rùmi. Cette Vérité Divine qui est au cœur de chaque nation, chaque individu. Puisque Dieu a crée l’homme à Son Image et a insufflé en lui Son Esprit (Coran : XV, 29.), par conséquent, chaque être humain est par nature un aspirant à la connaissance du Tout-Puissant. L’invitation adressée par Dieu à l’humanité pour sortir des ténèbres vers la lumière est permanente. L’homme, anobli par son créateur, ne peut donner de sens à sa vie sur cette terre, minuscule point de l’univers, qu’en se mettant en quête de cette lumière, à travers la nature et ses lois immuables. Qu’avons-nous fait de cette quête ' Alors que le bon sens nous incite à être solidaires, les hommes en ont fait un sujet de discorde et de conflits. Y a-t-il plus absurdes et plus meurtriers que les incessantes guerres de religions. Réalité qui, chaque jour, ne cesse de prendre de l’ampleur. Et même dans des sociétés qui se veulent pluralistes. Et que devient le pluralisme s’il n’est intimement lié à la tolérance ' Mais pour Tolérer, encore faut-il Connaître. Mohamed Abdou dit : «Qui ignore une chose est tenté de s’opposer à elle.» L’ignorance serait-elle à l’origine de ces différends. C’est donc cela ! Ainsi, le premier mot du Coran «Iqraa» n’est pas fortuit. Un mot au sens multiple. Tantôt, il signifie «étudie !», comme pour inviter à la réflexion ; tantôt, il prend le sens de «réciter» comme pour inciter à se prémunir contre l’oubli. Ainsi, la révélation coranique commence par un appel à la réflexion et à la raison. Cette injonction est suivie par un appel au dialogue. Car, justement, le dialogue a pour but de lutter contre les ignorances et les préjugés qui nous encombrent. Et comme nous l’avons expliqué, moins l’on est ignorant, plus l’on est tolérant. Et la tolérance ne devrait être qu’un état transitoire; elle doit mener au respect. En outre, accroître les aptitudes et les capacités au dialogue implique une volonté d’ouverture non dénuée d’esprit critique. Et plus l’homme est ouvert plus il est grand. Et puisqu’on ne le dit jamais assez, nous devons vivre notre foi dans l’authenticité d’une démarche éclairée vers la lumière. Juifs, chrétiens ou musulmans, chacun doit pouvoir vivre sereinement sa vérité avant que la vérité absolue ne s’impose à tous. Tolérer l’autre est contraire à cette attitude qui vous fait croire que vous lui êtes supérieur.   Vouloir imposer la vérité à autrui par des moyens qui la ternissent, c’est déjà renoncer à en prendre le chemin ou se priver du contentement que procure le cheminement lui-même.  Le seul désir légitime que l’on puisse avoir c’est de vouloir la partager. Partager le sentiment de plénitude et de sérénité qui envahit tout chercheur de vérité, au sens où l’entendait Cheikh Alaoui, saint homme de la ville de Mostaganem. Pour cela, il faut que, soi-même, on soit suffisamment imprégné pour l’irradier. La Vérité ne porte-t-elle pas sa propre lumière ' Autrement, on s’échinerait à porter une vérité tout en se condamnant à évoluer dans les ténèbres tel cet âne, d’un poète arabe qui, nous dit-il, en proie aux affres de la soif, erre dans le désert avec une outre lourdement remplie de l’objet de son désir. La lueur de la vérité est présente en chacun. L’erreur est de vouloir l’attiser avec fougue et exaltation. Alors, au mieux On ne produirait que de la fumée ; au pire, à force de s’enflammer, on se consumerait tel ce papillon qui vole à sa perte en se précipitant sur l’ampoule incandescente. Peut-être qu’il suffit d’être attentif pour reconnaître cette lueur et laisser son âme se réchauffer et son esprit s’en pénétrer, loin de tout bouillonnement.   La sagesse et la morale contenues dans l’histoire que nous rappelle Eva de Vitray- Meyerovitch dans son livre sur Rumi sont à méditer profondément. L’histoire débute ainsi :  Byzantins et Chinois discutèrent de l’art de peindre. «Nous sommes de meilleurs artistes», prétendaient les Chinois. «C’est à nous qu’appartiennent le pouvoir et la perfection», ripostèrent les Byzantins. Alors, pour trancher dans leurs prétentions, le sultan décidât de les mettre à l’épreuve : Il y avait deux pièces dont les portes se faisaient face : les Chinois prirent l’une, les Byzantins l’autre.  Et tandis que les Chinois prièrent le roi de leur donner cent couleurs, les Byzantins, eux, déclarèrent : «Aucune teinte ni couleur ne conviennent à notre travail : il ne faut rien que retirer la rouille.»  Et ainsi, ils fermèrent la porte et se mirent à polir les murs qui devinrent aussi clairs et purs que le ciel. Il y a un chemin de la bigarrure à l’absence de couleurs, la couleur est semblable aux nuages et l’absence de couleurs à la lune.  Quelque lumière et splendeur que tu voies dans les nuages, sache qu’elles proviennent des étoiles, de la lune et du soleil. Quand les Chinois eurent achevé leur tâche, de joie ils se mirent à battre du tambour. Le Roi entra et vit les peintures : cette vision, lorsqu’il l’aperçut, ravit ses esprits.    Ensuite, il alla vers les Byzantins : ils retirèrent le rideau qui les séparait.  Le reflet de ces peintures et œuvres d’art des Chinois vint frapper ces murs qui avaient été purifiés de toute souillure. Tout ce que le sultan avait vu (dans la salle des Chinois) semblait plus splendide ici : cela ravissait le regard. Les Byzantins sont les soufis : ils sont sans études, sans livres, sans érudition. Mais ils ont poli leurs poitrines et les ont purifiées du désir, de la cupidité, de l’avarice, des haines.  Cette pureté du miroir est, sans nul doute, le cœur qui reçoit d’innombrables images. Le reflet de chaque image brille éternellement à partir du cœur seul, tant dans la pluralité qu’en dehors d’elle. De l’empyrée, de la sphère étoilée et du vide, ils reçoivent cent impressions : des impressions ' Que dis-je ' La vision même de Dieu. Ainsi, rien qu’en purifiant son âme, l’homme laissera s’y refléter toute la noblesse de l’humanité présente dans chaque individu. Et c’est probablement là, le vrai sens du hadith «le croyant est le reflet de son frère», c’est du moins, comme cela que je crois le comprendre. Et c’est pour cela que je pense que chacun est un peu responsable de l’égarement de l’autre. Mokhbi Hanane. Lycéenne, 16 ans, de Mostaganem, 2e prix du concours 2011


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