Algérie

La vitrine a son envers du décor



La vitrine a son envers du décor
L'éclaircie n'aura duré qu'un temps. L'ES Sétif est tombée de très haut se heurtant à la réalité du niveau suprême dans un tournoi de football universel. Après avoir décroché l'improbable et inédite consécration continentale, l'Entente était appelée à représenter la balle ronde algérienne et africaine à l'occasion de la Coupe du Monde des Clubs, qui s'est tenue au Maroc du 10 au 20 du mois en cours. Une épreuve planétaire où l'Aigle Noir n'aura pas chassé la moindre proie... ou presque. Il n'a d'ailleurs même pas eu le temps de prendre son envol. Une petite apparition de deux matchs, une élimination précoce et une cinquième place décrochée lors du match de classement en guise de consolation, c'est ainsi que l'on pourra résumer le parcours du club de Aïn Fouara dans la prestigieuse compétition. Il faut reconnaître que les Sétifiens n'ont pas été brillants. Ils n'ont pas non plus eu la même réussite que les Verts lors du Mondial brésilien. La disparité, entre ce que montre la sélection algérienne durant les importants rendez-vous et les déconvenues à répétition (excepté le coup d'éclat des Ententistes cette année) qu'essuient nos représentants lorsqu'ils sont appelés à se mesurer à d'autres champions du continent, est flagrante. Ce nouvel échec est venu donc nous rappeler la vérité amère du niveau, la faillite de la gestion et l'essoufflement d'une politique sportive dont la fiabilité est remise en cause à chaque contre-performance. Si, depuis 2010, l'équipe nationale ne cesse de progresser et d'enrichir sa carte de visite, le football national, à l'image du joueur local, a toujours autant de mal à vendre son image touchant quasiment le fond. Une image bien loin et en inadéquation avec celle brillante que renvoient les Fennecs. Pour illustrer cette incapacité permanente et latente à se reconstruire, à s'exporter et placer le championnat algérien parmi les meilleurs en Afrique, Christian Gourcuff n'a retenu aucun joueur du cru dans sa liste des 23 ni dans celle des 7 réservistes pour la CAN-2015. Aujourd'hui, il y a le décor avec une impressionnante EN qui s'impose comme la meilleure en Afrique en squattant la 18e place dans le dernier classement Fifa et son envers qui n'est pas vraiment très agréable à voir et dur à assumer. Cependant, on ne peut pas se voiler la face et laisser certains arbres, qui se dressent périodiquement par-ci par-là, cacher une forêt avec des chairmen qui se sont transformés en bucherons (parfois même des bouchers quand on voit comment ils charcutent l'argent de la discipline) rasant tout sur leur passage avec une incompétence dévastatrice.Se contenter des prouesses de l'équipe nationale pour faire croire que le football algérien, dans son intégralité, se porte bien serait un leurre inadmissible et doublement préjudiciable pour le sport roi au pays. Quand on présente de belles choses à la vitrine, il faut toujours avoir le stock nécessaire pour satisfaire l'exigence continuelle d'un sport capricieux. Malheureusement, dans l'antichambre des «Guerriers du Désert», on ne pourra pas dire que la relève est assurée. Pire encore, le fait d'avoir gelé les activités des jeunes catégories de l'EN laisse, à lui seul, ressentir une certaine formed'impuissance. La reconnaissance d'une méthode de gouvernance loin d'être infaillible. Une faillite qui implique tout le monde même si, à la tête de la pyramide, tous les moyens sont bons pour sauver ce qui reste du royaume footballistique qui fait mieux que de survivre grâce à l'apport des binationaux. Malgré tout, l'Algérie du foot est toujours un eldorado financier qui attire les étrangers aujourd'hui plus que jamais. Beaucoup d'entraîneurs n'hésitent plus à venir exercer dans le championnat algérien avec ses deux paliers pros. Beaucoup peuvent y voir un signe de bonne santé mais c'est malheureusement loin d'être le cas. Ces techniciens n'ont pas vraiment apporté grand-chose. D'ailleurs, aucun d'entre eux, à part Rolland Courbis (Coupe Uafa avec l'USM Alger en 2013), n'a réussi à remporter un sacre à une autre échelle que celle des compétitions nationales. Kheireddine Madoui, driver de l'ES Sétif, est venu conforter cette thèse en plaçant le team des Hauts-Plateaux sur la plus haute marche du podium de la Ligue des Champions Orange.C'est ces techniciens là qui tirent le plus profit de leur «séjour» en Algérie. Des globetrotters qui passent d'un club à l'autre jusqu'à ce que leur réputation soit consommée avant d'aller faire une pige de quelquetemps ailleurs et revenir sur les lieux. Lucrativement, la Ligue 1 Mobilis vaut le détour. Techniquement, c'est une autre paire de manches.Des rémunérations en devises ou en dinars ' Telle est la question.Si ces étrangers trouvent bien leur compte c'est que le mode de paiement leurs convient parfaitement. À titre d'exemple, l'ancien sélectionneur Vahid Halilhodzic avait des émoluments en euros. C'est l'ancien sponsor majeur (aujourd'hui c'est Mobilis qui a pris sa place) de la Fédération algérienne de football (Ooredoo) qui payait le salaire du Bosnien (60 000 euros / mois) comme stipulé dans le contrat de partenariat entre l'instance et l'opérateur de téléphonie mobile. Si au niveau de la plus haute structure footballistique le mode de transaction est clair et transparent, ce n'est pas le cas dans les bas échelons. Malgré la «professionnalisation» du football et la mise en place de cahiers de charges, beaucoup d'ambigüités prévalent dans le domaine de la gestion. Des projets à court terme et la constante recherche des résultats immédiats font que les présidents ont systématiquement recours à l'éviction des entraîneurs. Curieusement, la séparation se fait toujours d'«un commun accord» ou «à l'amiable», selon l'expression consacrée et que les deux parties en conflit affectionnent tant. Toujours «en bons termes» jamais d'indemnisation, et pourtant la pratique est souvent courante quand le responsable du staff est poussé vers la sortie. Même les entraîneurs étrangers ne cherchent jamais à se faire dédommager, ce qui laisse croire que les contrats qui les lient aux clubs ont beaucoup de failles (Hugo Broos en a fait l'amère expérience à la JS Kabylie avec un bail qui n'était pas fiable selon lui). En outre, cette entente éternelle, malgré tout ce qui peut se passer, ne peut que naître d'une forme d'échange de courtoisie et de services. Le payement sous la table, exigence de devis oblige, reste une pratique courante mais tout le monde ne dit pas tout haut ce qu'il pense (entend ou voit) tout bas. Au-delà des pertes conséquentes qu'enregistre le club avec les renouvellements répétitifs du staff, c'est tout le circuit économique du football algérien et du pays qui prend un sérieux coup. Si seulement ça faisait avancer la discipline, qui continue à tituber de toutes parts, mais ce n'est pas le cas... Hélas!M. T.




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