Algérie

La ville se réveille peu à peu de sa torpeur : Alger, les jours d'après'



La ville se réveille peu à peu de sa torpeur : Alger, les jours d'après'
Tôt le matin, Alger a du mal à se réveiller. Ce n'est pas encore la grande forme. Au lendemain d'un Ramadhan particulièrement pénible en ces jours de grandes chaleurs et des fêtes de l'Aïd qui ont achevé le jeûneur en dépenses et en rituels, la cité dort toujours. Il est 8 heures 30 et les artères vides de gens mais chargées de détritus qui jonchent chaussées et trottoirs, ont du mal à réconcilier l'Algérois avec son Alger la Blanche. En ces jours de transition entre le rituel des fêtes religieuses qui s’achèvent avec la solidarité que la cité a vécu le Ramadhan oblige de manière intense et la saignée qui achève le porte-monnaie en cette veille de la double rentrée sociale et scolaire, il est une société qui cherche ses marques. Alger qui n’est pas l’Algérie mais qui au demeurant serait un bel échantillon d’autres villes du pays, il est un vécu fortement ressemblant dans ce cadre de vie qui est celui d’aujourd’hui : incivisme, insalubrité,  gaspillage, cherté de la vie, nettoiement de la cité, ravalement des façades mais négligence et indifférence à tout va. La ville vit dans le paradoxe de l’Homme qui l’habite, qui la vit, qui la veut autre mais… Alger dénote de cette mutation anarchique, avec ses bonheurs toutefois. Celui par exemple Lila qui a fait mettre la main sur le cœur d’une bonne poignée de bénévoles pour apporter du baume à celui de leur prochain. Dans une ville ensoleillée  mais à l’apparence négligée, il est des nostalgies et des regrets qu’une promenade dans ses artères et ruelles fait ressentir à ses enfants… Tizi Ouzou se débarrasse de la laideur des trottoirs et chaussées longtemps propriétaires de l’informel. Au grand désappointement des ménages qui reluquent les devantures de magasins à la recherche d’occasions qui pourraient se suffire qu’au bas de laine… Chimères ! Détours par une actualité foisonnante !...Même si quelques façades d’immeubles du centre-ville arborent une peinture d’un blanc immaculé mis en relief par le noir des balcons et le gris des volets. Les échafaudages se balancent en grinçant,  vides de leurs occupants le long des murs à ravaler. Rien ne presse. Les peintres comme les boulangers sont ailleurs. Ils abandonnent la grande ville les jours de fêtes pour aller les célébrer chez eux, dans leurs villages et douars laissant les Algérois à leur stress et leur angoisse des jours sans. Sans épiceries, sans pain, sans restaurants, sans lait… et allez dire encore que ce n’est qu’une idée surfaite ! Quand à voix haute, les injonctions des tutelles du Commerce se relaient à tue-tête pour rassurer le citoyen de la disponibilité des produits de première nécessité. Peine perdue, des promesses qui n’ont fait que confirmer les appréhensions des ménages mis à rude épreuve entre la rareté des produits et leur cherté. Un mal qui ne trouve pas son remède malgré les campagnes de sensibilisation et de prévention. Alors place à la débrouille. Comme toujours ! Dans les rues de ces premiers jours de septembre, exception faite de la pluie qui a surpris les riverains soulagés de voir leur ville lavée de toutes ses souillures estivales et ventrales, rien n’annonce véritablement la rentrée. Pas même ces avaloirs qui, comme d’habitude, sont loin d’être le souci des agents de nettoiement qui attendent comme à chaque fois les inondations pour se précipiter sous les torrents de pluie et au beau milieu des heures de pointe sur ces regards jamais entretenus. Et bonjour les embouteillages, les chaussées impraticables et les klaxons à décibels déployés….Alger se réveille lentement de sa torpeur sous les ronflements des camions à benne qui gênent la circulation en arpentant ruelles et rues à des heures qui dépassent tout entendement. Bab Azzoun en est un parfait exemple. De part et d’autre de cette rue commerçante, les sacs d’ordures éventrés s’étalent de tout leur contenu, des baguettes entières de pain sans protection, à même le sol, des chats à la recherche de nourriture, se délectent des restes généreux des ménages qui se plaignent de la cherté de la vie… tout un décor  repoussant  dérangé par un passage rapide des agents de nettoiement qui jettent dans un mouvement brusque les sacs souvent ouverts dans la benne, ou carrément sur le camion où s’entassent les déchets ménagers, laissant derrière eux des sillons d’eau noirâtre qui traînent sur des kilomètres… ajoutant de la saleté à la saleté… même les balayeurs se contentent de ramasser le plus gros en passant leur balai sur les rigoles noires qui longent les trottoirs. La même image de négligence le long des autoroutes. Qui demeurent littéralement désertes, le répit encore avant le grand rush de la rentrée scolaire dans une semaine. A qui sera le chauffard du jour, sans égard pour les nouveaux permis, la bande d’arrêt d’urgence, les plaques de signalisation.LES BRUITS DE LA CITÉAlger a tout le temps de se prélasser, alors. Même les terrasses de café n’ouvrent que tard dans la matinée. Timidement. Alors que les volets des grandes fenêtres qui exhibent encore de nombreuses paraboles, sont tirés. Le sommeil étiré avant la grande rentrée. C’est que les rues ont tout le temps de grouiller de monde, avec la réouverture des écoles, le retour des travailleurs aux heures de bureau…En attendant, lorsque les magasins ouvrent, après avoir inondé le trottoir d’eau moussante  avec le ménage du matin, et au milieu de la matinée,  sans égard pour les piétons, la ville accueille les premiers acheteurs de la journée. Les librairies et autres commerces d’articles scolaires ont la cote. Tout est cher mais la liste des fournitures doit être honorée. Les tabliers bleus et roses sont exhibés en haut des devantures des magasins. Une autre exigence de l’école. Incontournable. Les achats se font longs et une halte pour casser la croûte s’avère difficile à marquer. Puisque pizzerias et fast-food ne semblent pas retrouver leur rythme d’avant-Ramadhan. Quand quelques-uns offrent leurs services, c’est la cohue et les moins patients rebroussent chemin. Dans les ruelles commerçantes, il est la même situation. Rideaux de fer baissés encore et toujours une semaine après l’Aïd ou étals chétifs. Pas facile de mettre la main sur un kilogramme de carottes fraîches, de tomates ou même de pomme de terre. Seul trône en maître l’oignon. Le consommateur n’a, devant les yeux, que le rouge et blanc des boucheries joliment achalandées. Disponible, la viande l’est mais elle ne peut être de toutes les tables, surtout après le sacrifice de l’Aïd.  La saignée continue pour les ménages confrontés à la rentrée scolaire et ses frais.Alger, sous une température plus ou moins clémente, tarde à trouver ses marques. Septembre renoue dans quelques jours avec l’automne. Douce mais difficile transition avec l’hiver. Le Ramadhan a tiré sa révérence et l’été est déjà loin. Alger est déjà dans les jours d’après.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)