La ville patauge dans sa boue

Après l'épisode poussiéreux d'un été particulièrement éprouvant pour les habitants, voilà que c'est la boue qui s'accumule en plein centre-ville d'El-Milia, transformant les routes à la place des Martyrs en véritable bourbier. Cette fatalité est désormais le propre de cette misérable cité, qui subit de plein fouet les aléas de la moindre perturbation climatique. Mardi, les habitants se sont réveillés sur une ville totalement submergée par la boue sous l'effet de la disparition du bitume du réseau routier, dévasté de bout en bout.Si ailleurs, à Jijel ou dans d'autres régions de cette wilaya, ce sont surtout les inondations qui ont submergé plusieurs cités, dans cette ville c'est la gadoue qui l'a envahie. Tôt le matin, et après une nuit orageuse, le centre-ville, défiguré par tant de négligences dans son entretien, offrait l'image d'une cité qui a subi le passage d'un cyclone. Pratiquement aucun tronçon de route n'a été épargné de cette calamité, non pas à cause de la violence de l'orage, mais juste parce qu'il n'y a aucun système d'évacuation des eaux pluviales.
Les quantités d'eau tombées sur les hauteurs de la ville, charriant depuis la cité Zaher toutes sortes d'ordures, de détritus et de bouteilles en plastique, ont fini à la place des Martyrs. À la cité Casorec, en bas de la ville, ce sont des émanations fétides qui n'ont pas cessé de se dégager du bourbier qui a pris forme au milieu d'un véritable état de ruine. Plus en bas encore, c'est la cité Tennis qui a subi les conséquences de cette situation qui ne cesse de s'aggraver à chaque précipitation.
Et partout à travers les autres quartiers, les mêmes scènes de désolation se sont reproduites avec la boue qui a remplacé le bitume sur un réseau routier totalement impraticable. Pendant ce temps, aucun engin ni moyen d'intervention pour dégager les routes n'a été déployé. Les services de l'APC, mis en cause dans cette situation qui a réduit cette ville à cet état de décadence, ont brillé par leur absence. Les routes encombrées et défigurées de toutes parts sont restées submergées par la gadoue, rendant encore plus pénible la circulation automobile.
En dépit de cette dramatique situation qui appelle une intervention de toute urgence pour entamer des opérations d'entretien, c'est le laxisme et la gabegie qui l'emportent encore une fois. L'indignation des citoyens n'a fait qu'aggraver le sentiment de mépris affiché à leur égard par l'absence totale des autorités de cette ville, qui ne se manifestent plus pour s'enquérir de cette situation catastrophique.
Rendre compte de cet état ne suffit plus pour décrire tout le drame de cette agglomération, totalement délaissée, qui semble n'avoir plus aucune autorité pour s'occuper de son destin.


amor z.