La ville en parle

Les vandales sont parmi nous. Depuis le début de ces chantiers liés à l'évènement «Constantine capitale de la culture arabe», ils ont redoublé de férocité pour casser ce qui reste de bien dans cette ville orpheline. Hier, ils se sont attaqués aux escaliers reliant le Coudiat à la rue Didouche Mourad (les arcades).Ces escaliers faits en pierre bleue taillée et dont l'âge remonte à la construction du Coudiat, voici environ 170, ont résisté tout ce temps et peuvent encore durer autant. Nos apprentis sorciers voulaient les enlever pour les remplacer certainement par un matériau moins noble et avec le savoir-faire que détiennent les entreprises de nos jours, c'est-à-dire, rien.Comment qualifier autrement cet acte indigne si ce n'est de criminel ' Le maitre d'?uvre, le maitre d'ouvrage et le bureau d'études, responsables de cet acte, sont tous coupables de destruction du patrimoine de la ville. Y a-t-il quelqu'un là-haut qui comprenne que l'on ne peut restaurer un tableau de maitre à l'aide du burin ' Hier, alors que des ouvriers insouciants détruisaient au marteau piqueur les escaliers, le wali, le maire et le DUC étaient en congé.Il a fallu l'intervention de Ahmed Benyahia, Noureddine Khelfi et d'autres citoyens constantinois qui ont encore du c?ur, pour stopper le massacre. Hélas, seul un tiers des escaliers a été sauvé (momentanément) alors que tout le reste est réduit en caillasse et en un amas de blocs hétéroclites. Des mains insidieuses ?uvrent à dénaturer la ville et d'autres, par incompétence et par insouciance, font le suivi et paye les factures sans état d'âme.Les responsables de l'exécutif n'ont pas d'attache avec Constantine, ce qui peut expliquer leurs agissements approximatifs et grossiers. En revanche, les élus n'ont aucune excuse ; leur silence est complice et la complicité est criminelle. Les citoyens qui ont laissé faire le marteau piqueur doivent se poser des questions aussi.C'est une véritable entreprise de destruction dont fait l'objet la ville de Constantine. Si tous les projets (et ils sont très nombreux) engagés dans le cadre de cette manifestation sont menés de la sorte, nous sommes devant une véritable catastrophe. Un crime intégral contre Constantine, qui dans ce cas peut parfaitement se passer de cette manifestation qui, manifestement, finira par servir les prédateurs et seulement eux.