Algérie

La ville danse sur un volcan


Image - Le résultat aujourd'hui est une ville pétrie d'incohérences, une ville qui part dans tous les sens, sans véritable centre de gravité, qui parfois débouche, sans crier gare, dans le désert.
Le véritable rush vers Hassi Messaoud a, en réalité, commencé avec le terrorisme, après 1992. Fuyant la violence, à la recherche d'un travail partout ailleurs introuvable, les Algériens ont commencé à déferler sur cette ville par milliers.
En 1994, de peur que soient sabotées les installations pétrolières, la zone est décrétée d'exclusion, n'y pénétraient plus que les porteurs de laissez-passer délivrés par les services de sécurité. Paradoxalement, c'est pendant la période où le laissez-passer a été instauré que la population a véritablement doublé en nombre puis triplé. «En 1995, je me souviens que le corps électoral était de 25 000 personnes. Aujourd'hui Hassi Messaoud compte 100 à 130 000 personnes avec les travailleurs célibataires», nous affirme le secrétaire général de la daïra de Hassi Messaoud, M. Beroul.
Ce n'est qu'en 1995 que l'idée d'élaborer un plan global d'urbanisme qui mette de l'ordre et de la rationalité dans la construction frénétique de la ville, s'est fait jour, pour être immédiatement découragée face à l'ampleur de la «pagaille».
Hassi Messaoud a grossi comme un abcès, mûri dans le huis clos de la zone d'exclusion. Le résultat aujourd'hui est une ville pétrie d'incohérences, une ville qui part dans tous les sens, sans véritable centre de gravité et qui, parfois, débouche, sans crier gare, dans le désert, une ville où les HLM s'étendent aux côtés des stations de compression, où des pipes ont été «un peu détournés» de leur tracé initial pour laisser la place à l'érection d'un lycée, ou le Club-des-Pins local, «les Vingt et Une villas» posé sur une plateforme naturellement élevée, entourée d'un genre de tranchée artificiellement creusée, offre une vue imprenable sur le plus célèbre bidonville d'Algérie, El-Haïcha, communément la bête. «C'est une ville qui danse au sens propre et au figuré sur un volcan. Pour le propre, il suffit de regarder la carte de la zone : Hassi Messaoud, la ville, est plantée au beau milieu des champs pétroliers.
Elle a poussé sans même que les règles strictes de sécurité aient eu le temps de se faire respecter. Pour le figuré, il suffit d'ouvrir les yeux sur les troupes de misérables venus chercher du travail. Pour eux, il y a longtemps que la nationalisation ne veut plus rien dire», nous dira un ancien cadre supérieur de Sonatrach.


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