Algérie

La ville d'Oran en ébullition : Un seul mot d'ordre : «On n'est pas dupes, dégagez !»



Loin de faiblir, la mobilisation contre le prolongement du 4e mandat de Abdelaziz Bouteflika a drainé, hier à Oran, des centaines de milliers de manifestants. Il y avait autant de monde hier que lors de la marche historique du 8 mars dernier, c'est dire combien les Oranais ne sont pas dupes, et n'ont pas avalé la dernière «ruse» du pouvoir en place.Des manifestants par centaines de milliers sont sortis dans les rues pour sommer le «système» de prendre ses cliques et ses claques et de déguerpir vaille que vaille. La joie et le soulagement étaient perceptibles sur les visages, car beaucoup, en effet, suite à l'annonce de Bouteflika le 11 mars dernier, craignaient qu'il y ait, en cet «acte IV du hirak algérien», moins de monde que les vendredis précédents. «Je n'en dormais pas la nuit, raconte une manifestante. J'avais peur que les gens avalent la duperie du pouvoir et se résignent à rentrer chez eux. A voir tant de monde aujourd'hui, dans les rues, cela me donne du baume au coeur. Je suis folle de joie !»
Dès 13h, les Oranais ont commencé à se rassembler à la place du 1er Novembre, et le cortège s'est ébranlé seulement lorsque la foule était assez compacte. A mesure que la procession avançait vers le boulevard Emir Abdelkader, puis la rue Larbi Ben M'hidi, la place Hoche et la place des Victoires, des gens affluaient des petites ruelles pour grossir les rangs des manifestants. Au final, la ville était comme en ébullition, des manifestants saturant le moindre petit carré d'espace public. Des vagues de milliers de manifestants marchaient simultanément à la fois devant le siège de la wilaya, la rue Larbi Ben M'hidi, le rond-point Zabana, le Front de mer, ou encore la place du 1er Novembre. Cela créait une joyeuse pagaille dans la ville, mais néanmoins aux antipodes du chaos que présageaient les gens du pouvoir.
Parmi les slogans en vogue qu'on pouvait lire sur les banderoles, Bouteflika, Bedoui et Lamamra en ont pris pour leur grade. «Bedoui, c'est bien toi qui était derrière la fraude des dernières législatives et locales, comment peut-on te faire confiance '» lit-on sur une pancarte. «Non au prolongement, on veut que vous dégagiez !», «Silmia, joumhouria tania, Bouteflika matzidch tqiqua !» (ndlr : Pacifique ! oui à une IIe République, et Bouteflika, tu ne resteras pas une minute de plus !», «Pardon les harraga d'avoir mis autant de temps à vous comprendre !», «Pas de prolongation, le match est fini et les arbitres sont corrompus !» L'humour, bien sûr, était aussi de mise : «Est-ce normal que ce soit mon ex. qui choisisse ma future femme '»
Bien que n'étant plus aux affaires, certains manifestants n'ont pas pu résister au plaisir de lancer quelques piques à Ouyahia. Jusqu'à l'heure où cet article est mis sous presse, les manifestants étaient toujours à la place du 1er Novembre et la rue Larbi Ben M'hidi, dans un esprit de fête et de joie, où la musique et la bonne humeur avaient une place de choix. On peut dire qu'il s'était agi, hier, de la communion de tout un peuple : femmes et hommes, jeunes et moins jeunes, riches et pauvres, tout le monde était dans la rue, dans un esprit fraternel, pour dire : «Non à la maffia !», «Oui à un Etat de droit !», «Oui à une IIe République !»


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