Algérie

La ville aux mille et un bidonvilles


La ville aux mille et un bidonvilles
Zéralda, rien qu'à entendre son nom, l'odeur de la mer vous titille les narines. Ses plages au sable fin attirent chaque année des milliers d'estivants. Pourtant, derrière son «sourire charmant», cette commune côtière cache bien des misères.Située à 24 km au sud-ouest de la capitale, Zéralda a connu une migration massive de la population.Alors qu'elle ne comptait que 3000 habitants à l'indépendance, cette commune recense, aujourd'hui, 52 000 âmes.Cette poussée démographique a, certes, développé le secteur de l'agriculture, mais elle est aussi à l'origine de plusieurs phénomènes sociaux et de la misère. Des bidonvilles partout !Faites de tôles ondulées, de parpaing et de matériaux d'occasion, des maisons de fortune pullulent à travers toute la commune. Fuyant les mauvaises conditions de vie et l'insécurité durant la décennie noire, des familles se sont installées dans la précarité dans l'espoir d'obtenir un logement décent.Le bidonville de la ferme Ben Aïssa Hamdane est l'un des exemples les plus frappants. Au bord de l'oued El Aggar, quelque 400 âmes vivent dans des conditions lamentables. Pour traverser une rive, un petit pont de fortune est installé.Conforté par des troncs d'arbres, il est fait essentiellement de tôles usées. Des enfants le traversent chaque jour, au risque de tomber dans l'oued.Croyant que nous représentions l'Etat, Aïssa, un quadragénaire, habitant depuis plusieurs années dans ce bidonville, s'emporte en nous voyant sur son territoire.«C'est de la propagande que vous venez faire ' On n'est considérés comme des citoyens qu'à l'approche des élections !» Un de ses voisins nous raconte qu'il a perdu un de ses enfants âgé de 5 ans dans l'oued. «Voyez les conditions dans lesquelles nous vivons. Par temps de pluie, nous interdisons à nos enfants d'aller à l'école de peur qu'un malheur leur arrive en passant par ce pont improvisé. Cela, sans compter l'humidité, la saleté et l'insécurité qu'on côtoie chaque jour», dit-il.Ces mêmes enfants doivent marcher chaque matin près d'un kilomètre pour atteindre le premier arrêt de bus qui est l'unique moyen de transport pour rejoindre leur école. Sans que ces habitants racontent leur malheur, la pauvreté vous saisit, car les immondices font le décor de tout le lit de l'oued, les moustiques et les rats envahissent cette «favela», favorisant ainsi la propagation des maladies.Cet entrelacs de taudis appartenant à la ferme Ben Aïssa Hamdane n'est qu'un des bidonvilles éparpillés à travers le territoire de la commune, où la loi du plus fort est dominante. D'ailleurs, aucune personne étrangère ne peut y accéder. Lieu des dealers et de la délinquance, des batailles rangées y ont lieu. Elles sont parfois si rudes que seules des forces spéciales sont capables d'y mettre fin.Des infrastructures délaisséesLoin des bidonvilles, la précarité a atteint même les infrastructures. A ce titre, on citera la gare routière où tout manque.Les abribus n'existent pas. C'est l'anarchie totale.Ce qui aggrave encore plus la situation, c'est son revêtement complètement décapé. Des nids-de-poule et des trous béants se remplissent d'eau et de boue par temps de pluie, transformant cette aire de stationnement en un immense bourbier. De quoi augmenter la grogne des milliers de voyageurs qui y transitent chaque jour. «Dans une commune touristique comme celle-là, il nous faudrait une vraie gare routière avec plus de bus», réclame Zahia, une étudiante résidant au lieu-dit El Qaria. «Il faut voir en été, des milliers de voyageurs envahissent cette gare. Vu le nombre insuffisant de bus, nous devons nous battre pour dénicher une place, même debout.» Pis encore, cette gare est dépourvue de sanitaires. Les locaux existent, mais ils sont fermés.Le Commerce informel, l'autre plaieAu c?ur de la ville de Zéralda, la situation est quasiment pareille. En allant vers le marché des fruits et légumes, le désordre est frappant. Les commerçants informels pullulent. Des étals de fortune sont installés dans les allées du marché où tout se vend. Des paniers de pain sont posés à même le sol. Dans tout ce désordre, l'inconscience du consommateur est alarmante et la passivité des autorités locales est angoissante.Derrière son air paisible, Zéralda, la belle ville côtière, réclame une meilleure attention de la part de ses responsables et attend des jours meilleurs.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)