Algérie

LA VILLE A PERDU SON PATRIMOINE VERT Tébessa pleure ses arbres


Publié le 22.06.2024 dans le Quotidien le soir d’Algérie

MAALEM HAFID

Autrefois connue comme un véritable paradis urbain grâce à ses arbres centenaires ornant chaque rue, Tébessa traverse une période sombre de son histoire écologique. Aujourd'hui, les habitants de cette ville millénaire pleurent la quasi-disparition de leur patrimoine vert, sacrifié au profit de l'urbanisation et de projets.

Pendant des décennies, les imposants platanes, les eucalyptus majestueux, saules blancs, accacias et surtout les mûriers, les caroubiers et les oliviers vénérables ont offert une ombre rafraîchissante, contribuant à la beauté et à la sérénité de l'antique Theveste en (intra-muros).

Ces arbres, enracinés profondément dans l'histoire de la cité, étaient plus que des éléments du paysage. Ils représentaient une connexion vivante avec le passé et une protection contre la chaleur étouffante des étés.

Les raisons de cette déforestation massive avancées par les autorités locales de l'époque sont non convaincantes et injustes par de nombreux habitants.

Selon ces autorités, plusieurs arbres étaient malades ou présentaient des risques pour la sécurité publique, justifiant ainsi leur abattage. Toutefois, cette explication ne suffit pas pour apaiser la colère et la tristesse des citadins qui voient dans cette perte un désastre écologique et patrimonial.

«Ces arbres faisaient partie de notre identité. Ils ont été témoins de générations d'histoires familiales, de jeux d'enfants et de discussions entre amis», confie Bassem Hadfi, le gérant du café Essaada un résident de longue date. «Les voir disparaître, c'est comme perdre une partie de notre âme collective».

La transformation des jardins autrefois luxuriants de la route de Constantine anciennement connue sous le nom d'avenue Camille Saint-Saëns en locaux commerciaux a accentué la tristesse des habitants.

Les trottoirs et espaces d'implantation, autrefois parsemés de verdure sont maintenant recouverts d'asphalte, exacerbant les chaleurs insupportables et suffocantes, particulièrement durant les vagues de chaleur estivales. Malgré la situation désastreuse, les habitants ne voient que peu d'espoir dans les actions des associations locales, souvent perçues comme ne s'intéressant qu'à leurs propres intérêts.

Les appels à une replantation d'arbres et à la création de nouveaux espaces verts semblent rester sans réponse concrète. La disparition des arbres de Tébessa est un rappel poignant de l'importance de la préservation de l'environnement dans toute la région. Il est crucial que les autorités et les citoyens collaborent pour trouver des solutions viables afin de redonner à Tébessa son éclat vert et de protéger ce qui reste de son héritage naturel.

Maalem Hafid