La vieille dame de Bab Edjdid

Bab Edjdid, rue Porte Neuve. L'octogénaire y est née dans cette ruelle et y habite encore. Mais avec son accent provincial, qui la rattache à ses racines kabyles, qui eut cru qu'elle était de cette blanche ville, native depuis plus de 8 décennies dans cette Casbah si chère au c?ur des Algérois. Sur la rue Ben M'hidi, notre amie arrête plusieurs taxis pour la conduire à Bab Edjdid. Aucun taxieur ne veut la conduire chez elle. Bab Edjdid ' Ce n'est pas la direction, pardi ! A tout un chacun de faire son commentaire : « C'est de l'autre côté la Casbah ! C'est une vieille de l'intérieur sûrement. Elle n'est pas d'ici... » La vieille dame tenace, continue de faire des signaux pour arrêter un taxi. Un jeune chauffeur pris de compassion stoppe et s'enquiert de la destination. L'octogénaire répète une énième fois : « Bab Edjdid ! », Puis elle ajoute avec une voix enrouée, le souffle court : « s'il te plaît mon fils, je sors de chez le médecin, conduis-moi à Bab Edjdid ». Lui fort de sa connaissance de la vieille ville, la parole hautaine, lui le « dziri oulid lebled » lui fait un cours de géographie à elle, sur la manière de circuler à Alger quand on vient de loin... De l'intérieur du pays.Une fois amadoué par on ne sait quel ange gardien, il accepte de l'accompagner non sans maugréer sur la parenté qui lâche ses vieux « étrangers » dans la capitale. Ne voilà-t-il pas, qu'une fois dans le véhicule, il engage la conversation avec elle. Il apprend que les parents de celle-ci sont venus depuis plus de 100 ans à la Casbah et qu'ils étaient voisins de quartier ! Et pour Paraphraser Molière : « Mon Dieu ! Le plus souvent l'apparence déçoit. Il ne faut pas toujours juger sur ce qu'on voit. »