C'est une idée assez inattendue que celle mise en orbitepar un journal algérien sur le web: celle de l'auto-mise en quarantaine del'Algérie par elle-même sur la fameuse scène internationale. Ainsi, et aprèsdix ans d'embargo viral durant la décennie rouge, l'isolement revient clore laparenthèse de la fréquentabilité que nous a « assurée » Bouteflika durant sonpremier mandat. Sur la page du cahier, on peut donc tracer deux colonnes, celledes dépenses et celle des recettes.Pour les défenseurs de l'Algérie redevenue mondaine,l'Algérie a aidé dans le conflit des Touaregs dans la zone frontalière d'avecle Mali. Elle se bat pour un Maghreb uni et viable. Elle a signé les accordsavec l'Union européenne. Elle a ramené les relations avec la France au chapitreconcret du blé et du commerce. Elle a un bon voisinage territorial avec lesEtats-Unis. Elle n'a rien contre l'Espagne. Elle renoue avec la Russie. Elleimporte des Chinois de Chine et des Japonais du Japon. Elle vend son gaz etnourrit son peuple. Du coup, elle ne peut que garder le même président pourgarder le même cap dans le cosmos de l'avenir.Pour les détracteurs de cette fréquentabilité, rien ne vamieux, même si on ne le dira jamais dans les JT de l'ENTV. L'Algérie est enbrouille avec l'Espagne depuis le cafouillage de son projet gazier résilié avecle voisin ibérique. Ses relations avec la France se portent mal à cause dupassé qui ne passe pas et du dossier CPA qui n'a pas abouti, entre autres. Elleest en froid avec les Etats-Unis à propos de l'Africom qu'elle refuse chez elleet même dans la région. Ses relations avec le Maroc sont les pires depuis dixans. Rien ne la rapproche de la Libye et de la Tunisie depuis peu, sauf descoups de phares. Elle n'a jamais compté l'Egypte comme pays ami pour desraisons de leadership et de sous-traitance régionale. Mahmoud Abbas lePalestinien s'en passe durant ses escales au Maghreb. L'UE ne lui pardonne passon rapprochement avec Gazprom et les Russes lui en veulent pour une histoirede contrat militaire et pour ses positions alambiquées sur l'idée d'une OPEP dugaz. Les autres pays de l'Europe n'ont pas besoin d'elle sauf pour lesfourneaux ou pour lui vendre des pommes de terre. L'Afrique subsaharienne luiéchappe depuis la mort de Boumediène et le retour des clandestins et du GPSCdans le Sahara. Ses relations avec le Moyen-Orient sont une nostalgienon-alignée. Les pays du Golfe ne songent plus à mettre leurs sous chez nouspour manque de visibilité et de sérieux dans les appels à l'investissement.L'Irak ne se souviendrait même plus de l'Algérie, sauf lorsque le régime localcapture des ressortissants algériens dans les cachettes d'Al-Qaïda. Les Anglaisne veulent pas aller au-delà de leur ambassade dans un hôtel de luxe à Alger etmême l'ONU trouve à redire sur ce qu'elle fait chez nous. Dans le tas, il nenous reste que le Venezuela de Chavez et l'Iran de l'ex-maire de Téhéran.C'est-à-dire trop peu pour relancer le tourisme diplomatique ou parler deretour sur la scène internationale. Une petite vie de comptoir alimentaireentre fournisseurs étrangers et consommateurs indigènes. Une triste vie desonde spatiale chargée de trouver la vie hors du pétrole. Pour les optimistes,il s'agit d'une sonde quand même. Pour les sceptiques, il s'agit d'une sondelancée dans le vide.
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Posté Le : 03/02/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Kamel Daoud
Source : www.lequotidien-oran.com