Algérie

La vie sans pétrodollars



La vie sans pétrodollars
Chute sans fin. Obama a annoncé, samedi dernier, officiellement la levée des sanctions contre l'Iran. Ce qui signifie le retour du pétrole iranien sur le marché international. Donc une augmentation de l'offre qui était déjà supérieure à la demande. L'Opep ayant décidé de ne pas réduire sa production. Voilà qui, ajouté au ralentissement de l'économie chinoise, devrait mécaniquement faire baisser encore plus le prix du baril qui vient de passer en dessous des 30 dollars. Certains experts donnent des prévisions d'une dégringolade jusqu'à 20 dollars le baril au cours de cette année. Tous les pays producteurs accusent difficilement le coup. 100 milliards de dollars de pertes pour l'Arabie saoudite en 2015. Les autres monarchies du Golfe ne sont guère mieux loties. La stabilité du Venezuela est menacée. En Angleterre, BP annonce des licenciements. Aux Etats-Unis plusieurs dizaines de compagnies pétrolières sont en faillite. Chez nous, en Algérie, et grâce à la politique d'anticipation du président Bouteflika, le choc est mieux amorti qu'ailleurs. Nous bénéficions de quelques mois de sursis. Voire une ou deux années. Tous les Algériens doivent s'estimer heureux d'avoir le temps de réagir pour aller vers d'autres ressources de substitution qui ne manquent d'ailleurs pas. Il serait cependant absurde de ne pas commencer par mener une lutte implacable contre toutes les formes de gaspillage que nous connaissons tous mais que la manne pétrolière avait réussi à masquer jusque-là. Cela va des tonnes de pain jetées jusqu'à la corruption en passant par l'économie informelle. Le pain fait partie des produits subventionnés par l'Etat qui n'est pas prêt a abandonner sa politique de justice sociale. Il le fait à coups de milliards de dollars. Il est plus que temps de mieux gérer ces subventions. Certaines dispositions de la loi de finances 2016 permettent d'aller en ce sens. Comme la hausse du prix des carburants et de l'électricité. En réalité, il ne s'agit pas de hausse, mais de rattrapage. Nous sommes toujours en deçà des vrais prix de ces produits-là. Il n'empêche que les premiers «gains» attendus tendent vers une consommation rationnelle de ces types d'énergie. Ce qui n'était pas le cas auparavant lorsqu'on faisait les boutiques en voiture ou en allumant toutes les lumières de la maison, même les pièces inoccupées. C'est bien mais pas suffisant. Le pain jeté au milieu des ordures c'est ce blé tendre que nous importons à coups de milliards de dollars auxquels s'ajoutent les milliards de DA de subventions. Inadmissible! Pour le lait à 25 DA (subventionné) il est plus difficile de quantifier son gaspillage. Mais à voir les consommateurs se jeter sur des quantités impressionnantes alors que la famille algérienne se «nucléarise» de plus en plus à la faveur des nouveaux logements offerts par l'Etat, on peut soupçonner qu'une partie de ce lait finit dans les canalisations. Ce qui rend le gaspillage moins visible que celui de la décharge d'ordures. On peut en dire autant pour l'huile et les fritures à «tout-va» ou pour le sucre à qui on doit le nombre croissant de diabétiques. L'autre volet de lutte contre le gaspillage se trouve dans l'économie informelle et pas seulement le commerce. Au nom de quelle justice tous les salariés paient leurs impôts et pas certains commerçants ou prestataires de services ou même des industriels pour partie de leurs activités' Le fisc alimente le Trésor qui alimente les subventions. L'autre grand volet est bien sûr la lutte contre la corruption. Beaucoup de mécanismes n'ont pas, jusque-là, à venir à bout du fléau. Le projet de révision de la Constitution prévoit un «organe de prévention et de lutte placé sous l'autorité du président de la République». Ses membres devront prêter serment. Ils seront protégés. Ceci pour dire qu'on ne peut plus se permettre le «luxe» de gaspiller. L'or noir nous a quittés. Une chance à saisir!




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