Algérie

La vie pieuse de Sidi Mhammed



Sa conduite privée, sa conduire avec les aspirants-profès, ses épouses, sa mort. Visions de ses disciples.

Toute la conduite privée de Sidi Mhammed présentait l'image de l’humilité et de la vertu. Nous avons déjà dit
comment il aidait ses gens dans les travaux de la maison, surtout quand il fallait servir les .zouars (khouan en visite
de ziara). C’était aussi un homme de beaucoup d’ordre quand il trouvait un ustensile abandonné quelque part, il le
rapportait dans la maison d’habitation de la zaouia . Ses qualités morales, ses vertus mystiques reproduisaient les
qualités et les vertus du Prophète et des grands soufis, tels que Djoneid, Chadheli, etc., venus après Mohammed.
Nous avons déjà mentionné que Sidi Mhammed s’appliquait a servir d’exemple vivant pour les autres
Musulmans dans la pratique de la loi islamique de même faisait-il dans sa conduite mystique. Les livres dont il
suivait les préceptes étaient ceux d’Ibn ‘Ata Allah, de Chadheli, d’El Marsi, d’Ibn Abbas, de Mohammed ben es—
Samak et de leurs imitateurs. C’étaient leurs exemples et les qualités vantées dans leurs ouvrages qu’i s’appliquait
à faire suivre par ses disciples.
Il n’avait pas de pratique spéciale a sa confrérie en dehors de celles recommandables par les docteurs du
Soufisme.sa manière d’endoctriner les aspirants-profès (mourid) consistait a leur faire répéter un nombre
considérable de lois la formule ~< La ilaha illa Allah! > ~< Il n’y a d’autre dieu que Dieu! >~ — ou bien encore la
prière dite Istigh far ou la prière sur le Prophète. A celui qui lui demandait l’affiliation a la confrérie ziania, il disait : ~<
Que Dieu purifie nos coeurs ! Lis-tu le Coran ? Le sais-tu par Coeur? >> Dans l’affirmative, le postulant était affilié
comme Sidi M hammed avait coutume de le faire avec les gens du Coran. Le Cheikh invoquait Dieu sur le
postulant, lui faisait ses recommandations, sur¬tout sur le qiam el liyl ou action de passer une partie de la nuit en
prière. Si le postulant ne savait pas le Coran, le Cheikh se bornait. A lui transmettre l’ouird des Soufis de sa chaîne
mystique, ou selsela.
D’après l’ouvrage intitulé: (Adjouibat Naciria), des tolba de Tlemcen écrivirent. Un jour a Sidi Mhammed pour
entrer dans sa confrérie. Ils lui demandèrent quel genre de chapelet, de vêtement (des soufis) ils devaient adopter.
Le Cheikh leur répondit : ~< Nous n’avons pas de tradition spéciale sur le chapelet. la kherqa, etc... Notre confrérie
(notre tariqa, c’est EDIKR tel que l’a indiqué le Cheikh Senoussi a la fin du commentaire de son ~Aqidat es¬Soghra
Si vous désirez entrer dans notre selsela (chalne mystique), assurez d'abord votre retour a la voie de Dieu avec
ses conditions essentielles; ayez soin de vous livrer a Lui, de le craindre dans tous les actes de votre vie.
Préparez-vous ainsi pour le jour de la descente au tombeau. >~ Sidi Mhammed ajoutait. Sa lettre l’indication du dikr
et de la selsela d’aprés les Soufis antérieurs.
C’était donc la pratique du Soufisme usuel, la multiplication des prières, l'observation des rites de l’Islam,
surtout pour les funérailles, qui formait le fond de la doctrine du Cheikh. Il recommandait à tous ses frères en Dieu
la con— naissance des sciences religieuses. ~< Soyez, leur disait-il, du groupe des savants ou du groupe de ceux
qui instruisent ne soyer point. Du troisième groupe. ~ Ce dernier groupe, dans son esprit, était celui des ignorants.
~< Fréquentez, disait-il encore, fréquentez les savants. Ils font fructifier les âmes comme la pluie du ciel fait
fructifier les plantes
L'intérieur familial de Sidi Mhammed correspondait à ses hautes vertus. Sa première femme, la dame Oum Kolthoum, celle qui fut La mère de ses fis,
sidi Mohammed Laredj, sidi Abdelouahab, sidi Ahmed était pieuse, douce de caractère, droite dans sa conduite. Elle observait avec soin la souna. Elle
était obéissante à son mari, vigilante à faire exécuter les ordres de celui-ci. Elle était pleine de charité pour les veuves et pour les orphelins, donnait
généreusement aux religieux et aux pauvres une partie des biens dont Dieu l'avait gratifiée. Lorsque le Cheikh est partit en pèlerinage, elle le
remplaça auprès des frères et des autres personnes, multipliant, pour tous, ses bienfaits. On ne s'aperçut pas du départ du fondateur de la zaouia.
Elle avait une coutume spéciale: toutes les fois que le Cheikh avait terminé la prière du vendredi, elle secouait la poussière des livres de la
zaouia, les parfumait d'encens, les replaçait et mettait sur leur reliure un peu de poussière de chaux.
Lorsque cette sainte femme fut morte, un des frères, qui ignorait sa maladie la vit en songe monter au ciel. Elle y fut reçue par Abou Bekr et les
femmes du Prophète.Le Cheikh Sidi Mhammed Vécut. De nombreuses années après elle. On lui conseilla souvent de se remarier; chaque fois il
refusait d'écouter de pareils avis. Cependant une maladie nécessitant des soins intimes l'ob1igea a cherché une épouse. II songea d'abord, dans ce
but, à se procurer une esclave noire a Sidjilmasa. Mais son ami, le saint Sidi Ahmed ci Habib, lui écrivit pour lui démontrer que se contenter d'une
affranchie était au-dessous de la condition de Sidi Mhammed; il l'engagea a prendre, malgré la répugnance éprouvée, une femme libre et d'une
certaine origine. Le Cheikh se laissa convaincre. Peu de temps après, un fils de Sidi Abd-el-Djebbar de Figuig proposa au Cheikh .sa soeur en
mariage. Sidi Mhammed chargea alors son propre fils Hadj Mohammed Laredj d'aller a Figuig conclure l'affaire. Et lui recommanda de bien se
renseigner sur la femme et de voir si elle lui convenait réellement. Sidi Mohammed Laredj. Fut bien reçu par le faquir fils d'Abd-e1-Djebbar, mais il
apprit que la femme en question était une divorcée qui avait déjà abandonné trois époux successifs ; il n'en voulut pas et amena a son père une autre
.femme de La même famille il eut avec elle son fils Sid Houcein.
Sidi Mhammed ben BouZiane finit par arriver au terme de sa vie exemplaire. Proche de ses derniers instants, il demanda a ceux qu'il l'entouraient
de vouloir bien partir, de le laisser seul en La présence de son Divin Maître avec lequel il avait des conversations confidentielles. Les gens de son
entourage lui demandèrent si Fun des frères (khouan) pourrait entrer et venir vers lui. II leur répondit ~Obéissez à mon fils Mohammed LAREDJ, mon vicaire et l'héritier du sirr après moi. Les saints personnages sont tous d'avis qu'il doit me succéder
dans La direction de la zaouïa. II vous fera bénéficier, — et vous verrez combien ! — des grâces divines par son intermédiaire. >~ Pendant son
agonies lorsqu'il faisait .appeler un frère (khouan) auprès de lui, il lui disait : < Je vous ai (tous) recommandés a Dieu; notre amitié se continuera dans
le ciel ou nous nous retrouverons un jour >~
Sidi Mhammed mourut le jeudi 10 Ramdan, au moment de l'acer. II fut enseveli après la prière du Maghreb La nuit du lendemain vendredi. C'était
en l'an I145. (Mars 1733.).
Le haut degré de sainteté du Cheikh a été certifié par la vision qu'a eues un certain nombre de saints personnages. Un jour, le frère en Dieu
(khouan) Sidi Ali ben Aderrahman Bou Asami vit un grand groupe de saints portant chacun un écriteau sur lequel se trouvait un passage du Coran.
Mais il ne put en lire que deux: celui de Sidi Ahmed ben Nacer et celui de Sidi Mhammed. Sur le premier il y avait Nous lui avons donné le pouvoir et la
science, et sur le second : Nous l'avons place dans l'intérieur de notre miséricorde, car il est un saint.
Sidi Mharnmed ben Mohammed ech-Chara y Tlemçani, dans la nuit d'Achoura, vit en songe le Prophète. Il eut d'abord l'idée de lui demander
quelque bien terrestre, car il était pauvre. Mais il n'osa point et se contenta de l'interroger pour savoir quel était le plus grand saint de l'époque. Il
i'interrogea d'abord sur Sidi Mohammed el Ayache. Le Prophète répondit : ~< II est (puissant) comme un sultan en ce monde et dans l'autre; il est
comme l'arche de Noé, quiconque y entre est sauvé. >~ Questionné sur Sidi Mhammed ben BouZiane, l'Envoyé de Dieu répondit : ~< II est le maître de
l'époque et l'un des sept pôles. Par son intercession Dieu a préservé du feu de l'enfer une foule de gens. > A propos de Sidi Ahmed el Habib, il ajouta
: << El Habib est notre Habib (ami intime) dans ce monde et dans l'autre. ~ Or ces trois saints, Mohammed el Aya chi, Sidi Mhammed ben BouZiane et
Ahmed el Habib étaient, de leur vivant, en relations amicales continuelies .
Un autre personnage fort pieux, le faquir (religieux), le frère en Dieu des gens de la zaouïa (khouan), vit de nombreuses fois le Prophète en songe.
Toujours Sidi Mharnmed se tenait auprès du Prophète ou devant lui comme son serviteur.
Les historiens musulmans racontent que la Zaouia de Kenadsa exerce une hospitalité réputée de même d'ailleurs que toutes les autre Zaouia des
Ziania. Riches et pauvres y trouvent la maison hospitalière ainsi qu'aide et protect

Sidi Mhammed était souverainement puissant contre les pillards. Un groupe d'Oulad Delim (tribu du sahel de Mauritanie) vint un jour pour
piller la zaouïa. Ils étaient nombreux et montés sur des mehara; ils avançaient avec circonspection pour ne pas être reconnus. Mais une personne du
pays donna l'alarme à la zaouïa. Le fils du Cheikh, Mohammed Laredj, alla à leur rencontre, essaya de les détourner de leur projet. Mais il fut chassé,
tomba de cheval, et se fit aux pieds une blessure d'ou le sang coulait abondamment. 1l revint vers le Cheikh, qui se mit en prière. La prière n'était pas
finie qu'un ruisseau débordant envahit le ravin dans lequel les pillards s'étaient mis en embuscade, et les immobilisa. Pendant ce temps un groupe de
nomades Ghenanema les atteignit, les battit, enleva leurs montures. Les Oulad Delim furent tués jusqu'au dernie Une autre fois, un homme conduisait
un troupeau pendant la nuit. Des brigands vinrent pour le voler. En chas¬sant les brigands, un des esclaves de la zaouïa fut atteint d'un coup de feu a
l'œil i1 la perdait ; le sang coulait en abondance. 11 alla trouver le Cheikh, qui le guérit aussitôt avec l'eau de Zamzam.
Des gens venus en ziara auprès du Cheikh furent, en route, menaces d'être voles. Le saint, se changea en lion, les protégea. 11 se fit connaitre des
voleurs, qui se convertirent et allèrent à leur tour en ziara auprès de lui.
Les Oulad Bâligh (tribu de la Mauritanie) avaient enlevé une caravane à la zaouÏa. Les gardiens se mirent à invoquer le Cheikh. Un des brigands
contrefit alors ceux qui invoquaient le Cheikh et tourna le saint en ridicule il tomba foudroyé. Les autres brigands effrayés s'enfuirent, et la caravane
put revenir a la zaouïa .L'intervention de Sidi Mhammed pour retrouver le bétail égaré ou perdu n'était pas moins puissante : une simple in¬vocation a
ce saint suffisait. Un jour une chamelle prit Ie mors aux dents et se sauva. Son propriétaire invoqua le saint ; die se trouva subitement en travée et on
nuit ainsi la reprendre.
Sidi Mhamrned protégeait tous ceux qui se rendaient en ziara au tombeau des saints où a sa zaouïa. Un jour, il allait. En ziara au tombeau de Son
maître Sidi Mbarek avec un groupe de Zouar. Arrivé prés de l'oued Guir, nos gens trouvèrent La rivière gonflée. Ils n'avaient ni vivres ni provisions
suffisantes pour attendre La décrue. Ils s'interrogeaient déjà avec anxiété, puisque le Cheikh leur dit<< Mangez ce que vous avez. >~ Puis il se lava les
mains dans I'Oued ; les eaux se séparèrent aussitôt et laissèrent passer les pèlerins a pied sec.
Un habitant des environ de Tlemcen venait. Au ziara chez Sidi Mhammed Est garé en route, mourant t de soif, il invoqua le Cheikh, qu i1 lui apparut
Sous sa forme humaine et lui donna une outre d'eau. La même aventure arriva à un voyageur avec deux enfants dans l'oued Talazaza (oued près de
Ain Cheir) Ils mouraient de faim et de soif puisque le saint, invoqué, leur apparut et leur donna une outre d'eau et des dattes.
Au temps du Roi Mouley Small, le pacha Othman, gouverneur de Taza, était méchant. Sans pitié pour le peuple. Il fit arrêter, un jour, un disciple du
Cheikh, jeune homme qui avait commis une légère faute. Ce pacha faisait précipiter les gens du haut de l‘escarpement d'un profond préci¬pice et
personne n'en échappait vivant. Le disciple de Sidi Mhammed invoqua Dieu le Prophète et le Cheikh. On le précipita ; il tomba sur ses deux pieds,
louant Dieu et le Cheikh a haute voix. Le pacha le fit relâcher.
Un faquir d'Almis (prés de Malouya), qui était allé commercer au Soudan, fut jeté en prison chez les nègres. Un jour il s'endormit en invoquant le
Cheikh. Pendant son sommeil les chaînes tombèrent et il fut délivré.
Le Cheikh délivrait les Musulmans pris pendant la guerre sainte, faits prisonniers par les chrétiens et favori¬sait leur évasion. D'autrefois il apparaissait
aux maîtres des prisonniers et imposait leur délivrance. Des gens de Figuig, dont le kadi Mohammed Bou Anane, le faquir Mohammed ben Abou Beki,
des gens d'EI-Maiz et de Zénaga a un jour raconté qu'un homme était captif chez les chrétiens. II pensa tout à coup à Sidi Mhammed, l'invoqua à très
haute voix et souvent. Ce captif ce trouvait chez le chef des chré¬tiens. Celui—ci avait une fille, qu'i1 chérissait beaucoup. Le Cheikh apparut en
songe a cette fille, la tourmenta et lui dit : ~< Je ne te laisserai point tant que tu n'auras pas fait relâcher le captif par ton père. Sache que je suis
Mhammed ben Bou ziane. >~ Cela se renouvela pendant plusieurs nuits, et elle finit par raconter a son Père ce qui lui arrivait. Le père, la voyant
dépérir, eut des craintes pour la santé de sa fille et délivra le captif. La fille apprit de celui-ci le pou¬voir du saint ; fort émerveillée, elle se convertit à
l'Islam.
Un pauvre faquir de Kenadsa demande un jour au cheikh de lui faire le pèlerinage le cheikh promit le fakir partit arriva a Tripoli s'embarqua pour
l'Égypte et de la essaya de gagner le Hidjaz a pied en se confiant a Dieu mais ses provisions de route furent vite épuisées notre pèlerin, arrivé a Dar el
Hamra, fut tourmente par la soif et faillit mourir. 11 n'avait, pour tout bien, qu'un exemplaire des Dalil el Khairat; il l'offrit à un Turc en échange de
quelques gouttes d'eau, mais le Turc ne daigna pas répondre. Alors Sidi Mhammed, portant une outre d'eau fraîche a la main, apparut au pauvre
faquir, qui ne le reconnut point. Il donna l'eau à ce dernier, qui se désaltéra et offrit en paiement son livre. Le saint le lui rendit et fut alors reconnu. Le
faquir se mit à pleurer de joie et tomba a demi évanoui. Lorsqu'il Revint a lui, il se trouvait a la Mecque, 11 chercha le saint autour de lui, ne le revit
plus, tendis que beaucoup de gens l'entouraient. Ceux-ci interrogèrent ; il leur raconta son histoire, alors on lui donna de la nourriture et quelques
vêtements dont il avait besoin. Lorsque la caravane du Maghreb arriva a la Mecque, elle trouva le faquir sain et sauf. Le récit merveilleux de ce dernier
augmenta l'étonnement général. II accomplit ensuite les formalités du pèlerinage avec les gens de la caravane


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