Nous aurons beau nourrir d'extrêmes ressentiments contre nos anciens Premiers ministres, walis et ministres aujourd'hui en prison, nous ne pouvons nous départir d'un curieux sentiment de désolation. Tous ou presque tous sont aujourd'hui malades et nous comprenons que leur passage éclair de la grandeur à la décadence puisse avoir un retentissement presque poignant quand nous constatons à quel point toutes leurs familles ont été désintégrées et leurs lots vêtus aujourd'hui d'une indécollable infamie auraient préféré une extinction par mort rapide plutôt que le ballet incessant que leur imposent les fourgons cellulaires. Ayant eu dans un passé très récent un droit de vie et de mort sur leurs prochains, ils doivent faire face en ce moment au plus terrifiant des échafauds. Que nous le voulions ou non, leur immense désarroi est aussi un peu le nôtre car nous ne pouvons nous détacher d'une vie commune. Nous avons eu d'une manière ou d'une autre à partager les méfaits des gangrènes.Il ne pourrait s'agir d'une quelconque compassion, mais leur terrible mésaventure nous offre un arrêt sur des images opposées qui se confondent entre les cortèges officiels d'hier avec sirènes et flics et gendarmes gantés pour bloquer la circulation routière et l'obscurité infernale des incarcérations d'aujourd'hui. Spectateurs dociles nous avons pesté en sourdine sans nous rendre compte de la réelle puérilité des apparats des seigneurs qui ne font que passer dans une vie immanquablement très courte. La roue tourne et nous ne savons jamais dans quel tournant elle s'arrête en ignorant parfois quand l'ivresse est présente que le «wahm» est le plus grand ennemi de l'homme.
Les conjonctures qui entraînent les hommes vers les terrains toujours dissemblables rappellent indéfiniment la relativité des choses et des êtres. La comptabilité faite forcément morbide de ceux qui partent pour le repos éternel nous oblige à nous demander s'ils ont effectivement existé. En ce début de siècle les départs et les effacements se succèdent et que de profils de célébrités se sont évaporés pour qu'elles soient définitivement oubliées.
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Posté Le : 21/12/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdou BENABBOU
Source : www.lequotidien-oran.com