Algérie

La vie est «aussi» ailleurs...



La vie est «aussi» ailleurs...
Des écrivains maghrébins et européens ont ouvert un dialogue à Alger autour de la littérature, à deux jours du Salon international du livre d'Alger (SILA).La vie est ailleurs» est la thématique choisie cette année à la rencontre euromaghrébine des écrivains, organisée depuis hier à la Bibliothèque nationale d'El Hamma, à Alger, par la Délégation de l'Union européenne en Algérie. La vie est ailleurs est le titre d'un roman de l'écrivain tchèque Milan Kundera, publié en 1969, racontant le vécu d'un poète autour de la seconde guerre mondiale, une réflexion raffinée sur l'art et la politique.«Ceux qui ont lu le roman savent que le titre faisait écho au célèbre slogan écrit sur les murs de la Rive gauche parisienne pendant les manifestations de mai 1968. Si le propos de Kundera était de dénoncer ce qu'il appelait les illusions lyriques et leurs dangers, notre ambition est toute différente. En partant de vos perspectives, nous vous invitons à explorer ensemble la notion d'un ailleurs qui nous semble toujours d'actualité au sens physique ou imaginaire.Le thème de cette année est ouvert, imagé, se prête au jeu des projections croisées, au décalage et aux échappées inattendues», a déclaré Marek Skolil, chef de la Délégation de l'UE à Alger. Il a indiqué que l'élargissement des rencontres des écrivains à la région du Maghreb a pour but de rassembler «la famille euro-méditerranéenne» au plus complet. La Tunisie est représentée aux rencontres d'Alger par le romancier et universitaire Mahmoud Tarchouna, le Maroc par le nouvelliste et romancier Smaïl Ghazali. «Pour cette édition, nous avons décidé de sortir de l'ambiance feutrée des hôtels de luxe pour nous rapprocher du public, des lecteurs.C'est pour cela que nous apprécions à leur juste valeur l'hospitalité et le partenariat qui nous ont été proposés par la Bibliothèque nationale. Nous avons également changé le calendrier afin de nous rapprocher de l'excellent Salon international du livre d'Alger pour favoriser la venue d'écrivains étrangers et pour faciliter les échanges avec les professionnels du livre et les lecteurs des deux rives de la Méditerranée», a ajouté Marek Skolil. Rachid Hadj Nacer, directeur du livre et de la lecture publique au ministère de la Culture, a qualifié de passerelle ces rencontres d'écrivains. «Une passerelle entre des peuples qui, malgré leurs diversités, ont beaucoup de choses en commun.Des rencontres telles que celle-là contribuent à rendre caduque l'expression qui dit que les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts. La littérature seule en a le pouvoir», a soutenu Rachid Hadj Nacer. Les débats ont été répartis sur trois panels, trois thèmes : «Ailleurs : à travers les lieux et l'espace», «Ailleurs : de l'imaginaire à la transcendance de l'âme», «Ailleurs : au fil du temps». Le premier débat, modéré par Ameziane Ferhani, a été animé par la Suédoise Monika Zak, le Grec Takis Théodoropoulos, le Marocain Smaïl Ghazali, l'Italienne Sandra Petrignani et les Algériens Samir Toumi et Abdelkrim Tazaroute.Smaïl Ghazali a fait un petit voyage en Méditerranée à travers la littérature, alors que Monika Zak a évoqué le désert. «Socrate, qui n'a jamais voyagé, a plaidé pour découvrir l'ailleurs», a relevé Takis Théodoropoulos qui a noté que les grecs ont «fait connaissance» avec l'Europe grâce à? la crise économique. «Enfant, je pensais que mon village était le centre du monde. Je ne savais pas que la vie est aussi ailleurs.» Que dirait un écrivain dont l'imagination n'a pas de limites ' Il dirait : «Je ne connais pas de frontières et mes mots sont des visas», a noté Abrous Outoudert, directeur du quotidien Liberté, qui a présenté le contenu des rencontres.Mahmoud Tarchouna, qui a salué «l'ouverture» des rencontres sur le Maghreb, a émis des réserves sur la thématique elle-même. «?'la vie est ailleurs ressemble à une affirmation qui suppose que la vie n'existerait qu'ailleurs J'aurais aimé qu'on écrive ?'la vie est aussi ailleurs . » «La vie est d'abord ici», a-t-il dit lors d'un point de presse, en présence de plusieurs autres écrivains dont l'essayiste et nouvelliste tchèque Michal Ajvaz, auteur de plusieurs travaux sur Jorges Luis Borges et Jacques Derrida. «L'expression de Milan Kundera a plusieurs sens.Des sens qui concernent ma propre vie. Je m'intéresse beaucoup à l'imagination dans la littérature, mais également au rapport entre la fiction et la réalité», a souligné Michal Ajvaz, auteur de Tueur à l'hôtel intercontinental, un recueil de poésie en 1989, l'année de l'effondrement du Mur de Berlin. «Je sens que la vie existe également ici, surtout que nous sommes parmi des écrivains qui font également la vie», a commenté, pour sa part, le jeune romancier algérien Smaïl Yabrir.




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