Algérie

«La vie d’un homme ne compte pas»



«La vie d’un homme ne compte pas»
L’Algérie libre vivra !» Tel est le slogan lancé par Fernand Yveton dans les couloirs de Serkadji, alors qu’il était mené à l’échafaud, au matin du 11 février 1957.

Afin de commémorer cette date et rendre hommage aux «oubliés de l’histoire», l’association Machâal Echahid a organisé, hier, au Forum d’El Moudjahid, une rencontre-évocation sur la vie de Fernand Yveton. D’origine franco-espagnole, il est né en juin 1926 à Clos-Salembier, à Alger. C’est en 1956 qu’il rejoint les rangs du FLN, en compagnie de plusieurs «camarades», dont son ami Félix Colozzi. «Fernand était un militant très actif, responsable de toutes les actions du groupe», se rappelle celui-ci, qui a été arrêté en même temps que Yveton.

«C’est un pur héros. D’origine européenne, et jouissant de ce fait de nombreux privilèges, il a eu le courage de sacrifier sa position sociale, puis sa vie, pour la justesse de la cause algérienne», s’émeut l’ancien condamné à mort Abdelkader Djilali Guerroudj. Le martyr Didouche Mourad avait dit de Fernand Yveton : «Celui-là n’est pas comme les autres.» Il fait ainsi parti de ces «justes» qui ont «mêlé leur sang au sang des Algériens», ajoute M. Guerroudj. Pourtant, sur les 198 combattants guillotinés, Yveton est le seul «Français» à être exécuté de la sorte. Sa grâce est refusée par le président français, René Coty.

Et c’est un certain François Mitterrand, alors ministre de la Justice, qui confirme son exécution. Pourtant, «il n’y a pas eu mort d’homme». Fernand Yveton, humaniste et anti-violence convaincu, «avait programmé l’explosion de la bombe pour les coups de 20h. Heure à laquelle l’usine est vide», explique Félix Colozzi. Arrêté le 14 novembre 1956, il est condamné à mort le 25 novembre 1956. «Son procès a été celui de la haine raciale et du fascisme, de l’injustice», déplorent ses anciens compagnons. Il est guillotiné le 11 février 1957 par Maurice Meyssonnier.

Pourquoi une telle célérité dans sa mise à mort ? «Compte tenu du climat d’hystérie qui prévalait, le gouvernement était pressé de s’en débarrasser», affirment ses compagnons. «Il a été guillotiné pour l’exemple. Nous considérons que c’est un crime d’Etat», poursuivent-ils. Toutefois, Fernand Yveton savait que son sacrifice ne serait pas vain. Quelques minutes avant que le couperet ne s’abatte sur son cou, il avait déclaré : «La vie d’un homme ne compte pas. Ce qui compte c’est l’Algérie, son
avenir.»



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