La victoire du c'ur

Il leur fallait aller chercher l'exploit et ils l'ont fait ! Les Fennecs ? après la prestation face aux Russes, ils méritent bien mieux le surnom rugueux de Guerriers du désert ? se sont une nouvelle fois transcendés, restant sur l'élan de ce tsunami qui a balayé les Sud-Coréens, et du même coup l'aigre impression laissée par le pâle et inquiétant Algérie-Belgique.Il s'est sans doute passé quelque chose d'assez puissant dans ce groupe pour que des tripes sorte ce qui a fait la différence devant les poulains de don Capello? Du genre des basculements psychologiques qui décident des issues heureuses et qui font tirer de l'adversité le surcroît décisif de motivation.Cette équipe qu'on n'a pas été nombreux à voir arriver au Mondial, tant son parcours a été sans relief et l'instabilité sa marque de fabrique, nous surprend, et agréablement. Et elle promet de continuer à le faire encore, maintenant que le seuil psychologique du deuxième tour de la compétition la plus prestigieuse du monde est franchi, et qu'on renaît du doute le plus profond pour aller vers l'euphorie. Cet état de grâce rare que connaissent les compétiteurs est désormais l'un des atouts maîtres des Verts et il est déjà en train de majorer leurs forces et de relativiser leurs faiblesses. La route est ouverte, parce qu'on veut y croire et parce qu'il y a des raisons de le faire. Aucun Algérien, connaisseur en foot ou fan lambda désormais conquis par la fièvre du Mondial algérien, n'ose penser que les camarades de Feghouli vont se contenter d'avoir juste battu un record et réalisé l'objectif de la qualification.Déjà l'on se prend à rêver d'un exploit devant la grosse cylindrée allemande. Le hasard du tirage au sort et le sort tout court remettent devant l'EN cet adversaire qui, il y a plus de trente ans, a participé à son corps défendant à faire le mythe fondateur du football algérien. Nul autre événement, à part sans doute l'engagement de l'équipe du FLN sous la colonisation, n'égale dans l'imaginaire sportif national la fameuse épopée de Gijon et l'insolent étalage du talent de Merzekane et ses coéquipiers.L'équipe, qui monte en puissance, qui gagne en cohésion au fil des matches et dont la solidarité suinte au travers des images montrant un staff et des joueurs unis dans la déception et dans la joie, est sur une lancée qui autorise l'audace dans l'ambition. Une renaissance du football algérien via une victoire contre ces vieux amis allemands. Scénario trop idéal pour se réaliser ' Les Guerriers du désert vont devoir encore puiser dans cette hargne qui compense leurs carences en préparation et leur inexpérience pour défier la logique. Ça sera le quatrième match qu'ils joueront sans être favoris, et ces pronostics n'ont pas valu grand-chose jusqu'à présent. Il y a trente deux ans, l'Allemagne partait aussi favorite et trente deux ans après les Verts chercheront à surclasser leurs aînés face au même adversaire.