Algérie

«La victoire de Morsi est un espoir pour poursuivre la révolution» Amr El Wakyl. Coordinateur des Alliances des jeunes de la révolution



«La victoire de Morsi est un espoir pour poursuivre la révolution»                                    Amr El Wakyl. Coordinateur des Alliances des jeunes de la révolution
- Que signifie, pour vous, la victoire de Mohamed Morsi '

Le candidat des Frères musulmans a gagné l'élection présidentielle démocratiquement avec l'appui des autres courants politiques et des mouvements de la révolution. Ce n'est pas une victoire des Frères musulmans seulement. C'est celle de la révolution et des Egyptiens qui veulent en finir avec le despotisme incarné par le régime de Moubarak. Le sens que nous donnons à cette victoire est que la révolution n'a pas échoué totalement, comme on a voulu le faire croire, mais, elle n'a pas triomphé, par ailleurs. La victoire de Morsi était un signe envoyé à ceux qui doutaient encore pour dire clairement que la majorité des Egyptiens ne veulent plus le retour à l'ordre ancien. Plus question qu'un cacique (Ahmed Chafik) du clan de Moubarak gagne la présidentielle. C'est une victoire qui donne de l'espoir pour continuer notre combat pour la liberté, la dignité humaine et la justice sociale.

- Votre mouvement participe à la mobilisation d'aujourd'hui (hier) pour «remettre le pouvoir au président», Morsi est au pouvoir non '

Il est installé au palais présidentiel mais sans le pouvoir qui doit lui conférer cette institution. Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), en décidant de faire des réaménagements constitutionnels dans le cadre de la déclaration constitutionnelle complémentaire, laisse le président élu avec moins de prérogatives.
En proclamant la dissolution de l'Assemblée du peuple (Chambre basse du Parlement), le Conseil militaire s'est réapproprié le pouvoir législatif jusqu'à nouvel ordre. C'est pour cela que nous manifestons aujourd'hui. Pour dire non à la déclaration constitutionnelle complémentaire qui réduit dangereusement les pouvoirs du Président. Nous demandons également à Mohamed Morsi de se prononcer sur l'institution devant laquelle il prêtera serment. S'il le fera devant la Haute Cour constitutionnelle, c'est une reconnaissance de fait de la déclaration complémentaire de la Constitution. Même son parti, le Parti de la liberté et de la justice, refuse qu'il le fasse devant cette institution. M. Morsi doit clarifier sa position. Il est attendu à la place Tahrir pour assister à la manifestation et prononcer un discours au peuple égyptien. S'il se rend à la Haute Cour, cela va nous inquiéter.

- Des observateurs pensent que le Président a trouvé une parade pour ne «froisser» aucune partie, venir à la place Tahrir et ensuite prêter serment aujourd'hui devant la Haute Cour constitutionnelle, qu'en pensez-vous '

Il est évident que le Président est face à un dilemme. Céder à l'exigence des forces révolutionnaires en refusant de se rendre devant la Cour constitutionnelle ou bien accepter le formalisme d'Etat mais qui n'est pas sans conséquence sur la suite des événements. Nous, nous restons intransigeants. Pas question de cautionner une dérive institutionnelle. La seule institution devant laquelle le Président devrait faire sa prestation de serment est l'Assemblée du peuple dissoute par le Conseil militaire à la veille du second tour de l'élection présidentielle. A lui de choisir entre la révolution et l'armée. Ce n'est pas là un chantage, mais s'il veut être un Président plein, le camp qu'il doit choisir est clair. Celui de la révolution.

- Dès son arrivée au palais présidentiel, le Président a reçu dans son bureau tous les indésirables de «l'ancienne République», les opposants, les familles des martyrs, les anciens prisonniers politiques. La présidence de la République est-elle devenue révolutionnaire '

Evidemment, les images étaient d'une grande puissance symbolique mais aussi et surtout politique. Il a reçu la mère de Khaled Saïd et la s'ur de Mina Daniel et d'autres familles de martyrs de la révolution au palais présidentiel. Il a également reçu tous les chefs de parti politique, les responsables de la presse et les figures de la révolution. Un geste chargé de tout un symbole. Mais, nous ne cédons pas à l'euphorie et au vertige de la victoire. Mohamed Morsi devrait se prononcer clairement sur la déclaration constitutionnelle complémentaire et la dissolution du Parlement. Il doit surtout prendre des mesures urgentes dès son entrée en fonction. Le pays ne s'est pas débarrassé du régime ancien. Nous avons éliminé la tête, le corps de la dictature est encore là. La corruption, la confiscation du denier public, les injustices politiques et sociales gangrènent encore l'Egypte. Des milliers de personnes sont condamnées par des tribunaux militaires. L'ordre ancien n'est pas entièrement vaincu. Si le nouveau Président va dans le sens de la révolution, il aura notre appui indéfectible pour mener à bout le combat entamé le 25 janvier 2011. S'il préfère les accords derrière le rideau, il se dressera alors sur le chemin de la révolution.


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