La victoire d'Apple face à Samsung devant la justice américaine pourrait remodeler un secteur des appareils mobiles en pleine ébullition et ralentir l'avance de Google et de son système d'exploitation Android, estiment des analystes.
Un tribunal de Californie a donné raison en bonne partie vendredi à l'inventeur du Mac, qui accusait son concurrent sudcoréen d'avoir copié son téléphone iPhone et sa tablette iPad, et a condamné Samsung verser au groupe américain 1,05 milliard de dollars. Les téléphones et tablettes de Samsung visées fonctionnent avec Android, système d'exploitation que le défunt patron d'Apple, Steve Jobs, avait qualifié de produit «volé». Google n'était pas poursuivi dans l'affaire jugée vendredi, mais «Samsung incarne Google et les autres groupes qui commercialisent Android, et est bien mieux protégé que la plupart d'entre eux» sur le plan juridique, estime Rob Enderle, analyste spécialiste des techniques de pointe pour Enderle Group. Selon lui, le jugement du tribunal «va contraindre à une remise à plat des produits Android au fur à mesure qu'ils seront remaniés pour contourner les brevets d'Apple». L'issue du procès pourrait aussi bénéficier à d'autres acteurs du marché, comme Microsoft, en retard dans le domaine, ou le fabricant du BlackBerry, le groupe canadien RIM, qui a le plus souffert du succès d'Android. Elle pourrait faciliter la commercialisation des deux nouveaux systèmes d'exploitation que Microsoft s'apprête à lancer (Windows 8 et Windows Phone 8) dans la mesure où ceux-ci apparaissent «protégés» contre d'éventuelles poursuites d'Apple, estime M. Enderle. La décision du tribunal fera aussi «de RIM une cible d'acquisition plus attrayante qu'auparavant car ses brevets sont considérés comme suffisamment solides pour tenir Apple à distance », ajoute-t-il. Android équipe désormais plus de 50% des téléphones multifonctions vendus aux Etats- Unis. La part de marché d'Apple est de 30%, et celle de RIM est tombée à 12%. Apple reste en revanche largement en tête du marché des tablettes avec une part de 70%. Pour Florian Mueller, consultant spécialiste des brevets et des droits, le jugement de vendredi est une «avancée énorme » pour Apple, qui voit valider «l'argument de Steve Jobs selon lequel Android est un produit volé». Mais beaucoup dépendra encore de la suite de la procédure judiciaire. Un audience est déjà prévue pour le 20 septembre afin de déterminer s'il convient de casser ou modifier le jugement de vendredi, ou d'imposer des sanctions «punitives» à Samsung, qui pourraient notamment tripler le montant des réparations qu'il doit verser à Apple. Un élément-clef du procès sera la capacité d'Apple à obtenir ou non une suspension ou une interdiction des ventes des produits Samsung incriminés. Spécialiste du droit des brevets à l'Université du Missouri, Dennis Crouch indique sur son blog que le juge dispose d'une grande latitude pour légiférer sur ce point «comme il le juge approprié». Selon lui, Samsung est «certainement prêt à cesser de vendre chaque produit incriminé et à le remplacer». Le jugement de vendredi vise entre autres les téléphones Galaxy et la tablette Galaxy 10, deux produits populaires de Samsung, mais pas son nouveau téléphone vedette, le Galaxy III S. En dehors de Samsung, Google pourrait être le grand perdant, surtout si Apple continue de contester devant la justice les produits d'autres constructeurs. «Google ne peut pas arrêter Apple, écrit M. Mueller sur son blog, il doit désormais battre en retraite et s'efforcer d'apporter des modifications logicielles à Android.»
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Posté Le : 26/08/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Soir d'Algérie
Source : www.lesoirdalgerie.com