Algérie

La viabilité du projet de gazoduc entre l'Algérie et l'Italie remise en question



La viabilité du projet de gazoduc entre l'Algérie et l'Italie remise en question
Le retard pris pour sa réalisation, les surcoûts engendrés, la concurrence imposée par la Russie, les prix bas du marché et sa faible rentabilité économique sont autant de raisons qui pousseraient l'Algérie à se retirer de ce projet...Le doute plane toujours sur l'avenir du projet Galsi. Devant relier l'Algérie à l'Italie via la Sardaigne pour un investissement de près de 4 milliards de dollars, le gazoduc, dont la mise en service était prévue en 2014, tarde à démarrer. S'agit-il d'un report ou d'une annulation pure et simple ' Le retard pris pour sa réalisation a, toutefois, dépassé tout entendement. Sa construction va curieusement d'un report à un autre. L'épineux problème sur lequel bute le lancement des travaux, a trait, semble-t-il, à la décision prise par les autorités locales de Sardaigne qui ont opposé un niet catégorique quant au passage de la canalisation sur cette île de la Méditerranée. Les raisons avancées sont d'ordres écologique et patrimonial.Les responsables sardes ne sont pas convaincus par le tracé initial conçu pour ce projet. Le tronçon Cagliari-Olbia sur une longueur onshore de300 km est la partie du projet la plus contestée par les élus sardes. Le gazoduc qui devait acheminer 8 milliards de m3 de gaz naturel vers l'Italie, risque, par conséquent, de connaître des surcoûts et des retards si les élus locaux de Sardaigne campent sur leurs positions. C'est la ferme conviction de l'expert Abderrahmane Mebtoul qui a voulu attirer, à ce propos, l'attention de la partie algérienne, il y a de cela, près de deux ans. Son observation tient la route d'autant plus que la Sardaigne, qui jouit historiquement d'une certaine autonomie, est en mesure d'imposer son refus au pouvoir central à Rome. Ce qui laisse entendre que la problématique se situe en fait du côté des Italiens.Depuis, une véritable cacophonie s'est emparée de ce projet. Chaque partenaire met en exergue son propre argumentaire. Un accord intergouvernemental relatif à ce projet a été conclu, faut-il le rappeler, en novembre 2007 entre l'Algérie et l'Italie. Le Galsi doit relier Hassi-R'mel à El-Kala dans sa partie "on shore" sur une longueur de 640 km. Dans sa partie "offshore", le projet reliera El-Kala à Cagliari en Sardaigne sur une distance de 310 km. Le niveau de participation de la Sonatrach est fixé à 36%. Il a fallu attendre février 2013 pour que le ministre de l'Energie s'exprime à ce sujet. Il a dit : "Les travaux de réalisation du projet Galsi seront entamés une fois la rentabilité économique confirmée."C'est aux Italiens, eux-mêmes, a-t-il avoué, de persuader leurs autorités locales d'avoir les autorisations nécessaires. Si les dirigeants sardes ont gain de cause et que le tracé est changé, l'Algérie fera face à un surcoût et un retard flagrant dans ce projet.La rentabilité économique remise en cause...Le coût du projet est déjà de 3 milliards d'euros. En changeant de tracé il sera porté à près de 4 milliards d'euros en plus des études techniques qui vont nécessiter une année. "Il est avéré que l'Europe connaît une crise économique et financière très aiguë, l'activité industrielle et la consommation ont baissé, donc les partenaires autour de ce projet stratégique pour l'Europe et l'Algérie veulent attendre pour voir si cette crise va durer pour prendre les décisions d'investir car il engage de gros investissements", expliquait, il y a à peine une année, le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi. Et d'ajouter : "Nous ne ferons un investissement que si nous sommes sûrs du marché." En termes plus clairs, il précisait : "S'il n'y a pas de contrat avec des clauses fermes nous ne sommes pas prêts à lancer un projet d'ordre spéculatif." Il affirmait néanmoins que "le dossier n'est pas enterré, les discussions se poursuivent, et si nos partenaires ont décidé de le reporter pour quelques mois, il n'y a pas de mal". Le P-DG de Sonelgaz, Noureddine Bouterfa, lui a emboîté le pas à l'occasion de la réunion du Conseil mondial de l'énergie. Il avait réaffirmé : "Le Galsi ne dort pas. Il sortira quand il sera économiquement viable." Le Galsi résiste ainsi, cahin-caha, à la rumeur de son enterrement. L'autre facteur de blocage qui concourt à la fatale mise à mort du projet, est l'entrée en service en 2014 du gazoduc russe South Stream qui pourra devenir le concurrent direct de Galsi. "Le gazoduc russe sera opérationnel en 2014, bien avant le Galsi, dont une partie des65 milliards de m3 qu'il va transporter, va alimenter l'Italie", avertit le Pr Mebtoul.Le Galsi coûtera, argue-t-il en outre, 15% plus cher que le South Stream. C'est un investissement long à amortir, sauf si, nuance-t-il, les prix du gaz rebondissent sur les marchés internationaux. "Comme on le constate, la rentabilité du Galsi est de loin inférieure au projet russe, le South Stream, qui va coûter 15 milliards d'euros et va faire transiter 65 milliards de m3, alors que le coût du gazoduc algérien pourrait avoisiner 3,5 à 4 milliards d'euros pour seulement une capacité de 8 milliards de m3."Avec un investissement coûteux suivi de prix bas, l'Algérie serait dans l'obligation d'abandonner le projet. Tout dépendra de l'évolution des cours sur le marché mondial. En attendant que le Galsi voit le jour, l'Algérie doit défendre ses parts de marché en Europe où des grands producteurs se livrent une bataille féroce du gaz qui sera accentuée avec l'arrivée de nouveaux gazoducs comme South Stream et Nabucco, une autre canalisation de 31 milliards de m3 de gaz/an qui fait partie du grand projet du corridor gazier sud, destiné à réduire l'indépendance européenne du gaz russe. Devant pareille situation, l'Algérie menace de se retirer du Galsi, si Rome participe aux projets concurrents South Stream et Trans Adriatic Pipelines (TAP). Pis, l'Italie se découvre des gisements de gaz et de pétrole de schiste qui peuvent l'aider à changer de modèle de consommation en réduisant la part du gaz importé d'Algérie.B. K.NomAdresse email




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