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La vérité, rien que la vérité LES FAMILLES DES DISPARUS TIENNENT UN RASSEMBLEMENT À ALGER



La vérité, rien que la vérité                                    LES FAMILLES DES DISPARUS TIENNENT UN RASSEMBLEMENT À ALGER
«Le peuple veut un Etat de droit»
Des années sont passées depuis la promulgation de la politique de réconciliation nationale mais le dossier des disparus demeure toujours ouvert.
Les familles des disparus ont organisé hier un rassemblement à la Grande-Poste à Alger-Centre pour réclamer toute la vérité sur les 8000 victimes de la tragédie nationale qui n'ont plus donné signe de vie depuis les années 1990.
Venus de Sétif, Oran, Médéa, Jijel, Constantine, Tipaza, Blida, les membres de l'organisation Sos Disparus et de la Coordination des familles des disparus ont appelé à l'ouverture d'une enquête internationale pour établir la vérité sur les disparus.
Suite aux multiples mouvements de protestations continues des organisations des familles des disparus, les autorités changent de langage vis-à-vis du dossier des disparus.
«L'Algérie a accepté d'accueillir le Groupe de travail sur les disparitions forcés (Gtdf) de l'ONU, appartenant à la commission des droits de l'homme afin d'enquêter sur la réalité des disparus, mais sous conditions», selon Hassan Ferhat, représentant de l'organisation Sos Disparus, sans pour autant se prononcer sur la nature des conditions soumises par l'Algérie.
Le communiqué de presse rendu public souligne que «les familles des disparus accueillent avec satisfaction l'invitation de l'Algérie pour le Gtdf». «Mais d'autre part, l'invitation est considérée insuffisante».
Par ailleurs, les représentants des familles des disparus, réclament solennellement que le traitement du dossier, doit passer par une commission de vérité sur les disparitions, composée de juristes et personnalités nationales indépendantes et intègres, afin de mener leur mission dans l'objectivité et loin des récupérations politiques et partisanes. «Nous avons déposé 29 dossiers détaillés pour suivre la situation, et surtout pour ce qui est de l'identité des kidnappeurs de nos enfants. Mais depuis 2004, aucune réponse ne nous a été fournie», regrette le représentant de l'organisation de «Sos Disparus».
Mme Hamdi, représentante de la famille des disparus d'Oran, a parlé de 428 personnes disparues. «Je n'ai peur de personne. Je veux récupérer les os de mon enfant», dit-elle avant d'ajouter que «la valeur de la vie humaine et celle de mon enfant n'ont pas de prix».
S'agissant de la politique réconciliation nationale, les familles des disparus sont catégoriques. «La politique de la réconciliation nationale n'a pas profité aux victimes du terrorisme. Les familles des disparus n'ont toujours pas fait le deuil», clame-t-on.
Avant de parler de la politique de la réconciliation nationale qui enregistre sa septième année, «parlons d'abord de la franchise nationale. Car, sans franchise, sans reconnaissance et connaissance de la vérité, on ne peut pas accepter l'inacceptable au détriment de nos enfants disparus depuis», déplore-t-on.
«Le peuple veut un Etat de droit», «la justice en hibernation, l'injustice en action», «On réclame une commission d'enquête internationale», sont quelques-uns des slogans qui ont été clamés pendant le rassemblement qui a duré plus de deux heures, et qui a failli tourner au vinaigre, suite à l'instrusion de quelques individus. «Ces gens mangent avec le loup et pleurent avec le berger» dénonce-t-on.
Interrogée, Mme Bidouhane Farida, professeur en psychologie, répond que «tant que les membres des familles des disparus, n'ont pas fait le deuil, le traumatisme psychologique restera toujours avec eux à longueur de la vie».
Même les familles qui ont accepté de recevoir l'argent finiront par revenir à la charge pour réclamer la vérité sur les membres de leurs familles, ajoute t-elle.
Préconisant des solutions qui pourront soulager les familles des disparus, cette psychologue a avancé «la nécessité de l'ouverture de cellules d'écoute spécialisées rien que pour les membres des familles des disparus, afin de partager leurs peines et souffrances intérieures».
Par ailleurs, le professeur Bidouhane, a résumé que «le fait qu'on les laisse s'exprimer et crier leur douleur et détresse dans les rassemblements publics, cela aide à réduire leurs souffrances morales».


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