Algérie

"La vente de billetterie ne correspond pas à notre politique"




L'entreprise d'événementiel Decibels Systems s'est vu refuser par le directeur de la culture de Annaba la location des salles de la maison de la culture et celle du TRA pour l'organisation de spectacles musicaux.La jeunesse annabie se voit depuis ces dernières années privée d'activités culturelles de tous genres : absence de salles de cinéma, de spectacles musicaux, de représentations théâtrales... Elle a seulement droit de temps en temps à quelques activités "médiocres" et festivals. Pour faire sortir la Coquette de l'agonie dans laquelle elle se retrouve depuis trop longtemps, une entreprise d'événementiel privée a tenté de faire booster la scène culturelle, et ce, en offrant des moments de détente et de musique à 100% algérienne au public.Cette société annabie Decibels Systems a organisé durant la dernière saison estivale plusieurs concerts au club hippique de Annaba. Les mélomanes ont pu assister à des shows présentés par des groupes de la nouvelle scène algérienne, à l'exemple de Djmawi Africa, El Dey, Cameleon, Ifrikia Spirit et tant d'autres. Dans l'optique de redorer la scène bônoise, les responsables de cette agence ont pris l'initiative d'organiser des manifestations tout au long de l'année. Faute d'espaces et de salles, les gérants de Decibels Systems ont récemment sollicité le directeur de la culture, M. Boudiba, pour la location des salles du théâtre régional Azzedine-Medjoubi et celle de la maison de la culture. Le responsable du secteur culturel de la ville de Annaba a catégoriquement refusé. Une attitude qui a fait réagir les responsables de l'entreprise. Un communiqué a été publié sur les réseaux sociaux pour exprimer leur "ras-le-bol". Il est souligné que M. Boudiba avait justifié ce refus, comme indiqué dans le communiqué, par le fait que "les groupes de musique moderne attirent des jeunes, à cet effet, nous avons peur que le public détériore la salle". Et d'ajouter : "Concernant le TRA, les salles de spectacles qui sont sous ma tutelle ne peuvent être louées que pour des spectacles de musique classique (malouf, chaâbi)." Insurgés par ces propos, les gérants de Decibels Systems ont tenu à préciser qu'en parallèle un "partenariat entre l'Institut français de Annaba et la direction de la culture a été conclu, et désormais les concerts des groupes français ramenés par l'IFA seront produits dans la salle de spectacles de la maison de la culture gratuitement". Il a été d'ailleurs signalé dans le même document que le 24 janvier dernier l'institut avait organisé un concert du groupe rock français Radio Elvis dans la salle de la maison de la culture, "la même salle qui nous a été refusée par M. Boudiba pour motif absurde, je le rappelle, musique moderne". Et de renchérir : "Lorsque nous avons demandé des explications au directeur de la culture, il nous a sorti sa réponse habituelle et récurrente : je n'y suis pour rien, il s'agit d'une note du ministère." Le responsable événementiel, Amine Rahmani, a confié à Liberté : "Je ne comprends pas ce raisonnement. C'est comme si les spectateurs de l'IFA sont respectueux envers les artistes, alors que l'autre ?public' algérien n'est là que pour saccager '" Et d'ajouter : "Il nous a informé que ces salles sont interdites de location suite à une note du ministère de la Culture. Pour rappel, ce dernier incite les établissements publics à générer de l'argent pour contrer la période difficile que notre pays est en train de vivre." Pour avoir plus de détails, Liberté a contacté par téléphone M. Boudiba. Il nous a signalé à propos de la location : "Nous ne louons pas les salles appartenant aux biens publics. La vente de billetterie ne correspond pas à notre politique. Nous réalisons seulement des coopérations gratuites." À propos du public "saccageur", il a insisté sur le fait que "ces jeunes risques d'abîmer la salle, c'est un bien de l'Etat et il est sous notre responsabilité". Quant au partenariat avec l'IFA, qui invite des groupes de rock et de musique moderne, il a précisé que "c'est une coopération qui entre dans le cadre des échanges culturels entre les pays. C'est un programme central concernant plusieurs wilayas". Dans cette conversation téléphonique, le directeur de la culture a évité de donner des précisions sur cette fameuse note du ministère qui refuse la location des salles au privé ! Pour rappel, Azzedine Mihoubi, depuis plusieurs mois, ne cesse d'appeler, compte tenu de la politique d'austérité que traverse le pays, les particuliers à investir dans la culture.Hana Menasria




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