Algérie

La velléité comme culture



La velléité comme culture
La ministre de la Culture, Nadia Labidi, a annoncé lundi lors du forum de la Radio à Alger, le lancement prochain du «Grand Prix du roman», a-t-on appris dans l'édition du «Temps d'Algérie» d'hier. Il est difficile - ou facile - de croire que la décision du ministère de la Culture d'instaurer cette distinction littéraire soit inspirée par le récent succès obtenu par un écrivain et journaliste algérien en? France.Un succès ponctué par l'obtention de deux prix et la nomination à deux autres. Si tel est le cas, ce serait un peu grave, mais pas vraiment étonnant.En matière de «politique» culturelle, comme dans d'autres secteurs de la vie nationale, la gestion par à-coups, la réaction en guise d'action et la velléité à la place de la volonté ne sont pas nouvelles.Sinon, les résultats ne seraient pas ce qu'ils sont. Et quand on sait le «complexe français»? algérien, on se rapproche encore plus de cette éventualité qui, au vu de son énormité, aurait quand même pu relever du farfelu.Pourtant, le roman de Kamel Daoud a été édité en Algérie (Barzakh), ce qui aurait pu un tant soi peu décomplexer et? tempérer les ardeurs réactives des gestionnaires de la culture algériens.Faut-il pour autant faire bon c'ur contre mauvaise fortune et se dire qu'il vaut mieux tard que jamais et saluer la décision d'organiser ce prix littéraire, sachant qu'en littérature comme dans d'autres domaines de création, toute perspective de récompense-reconnaissance est un encouragement-motivation au sein de la communauté des créateurs et de tous ceux qui interviennent dans sa périphérie 'Certainement pas, puisque non seulement cette «décision» n'est pas intégrée dans une politique culturelle ambitieuse, ce qui lui confère le caractère velléitaire dont on connaît les résultats, c'est-à-dire les dégâts, mais aussi parce qu'on connaît la nature des distinctions à l'algérienne, souvent clientélistes dans le choix des lauréats comme de ceux qui en choisissent les lauréats.Comme il n'y a aucun indice de changement en la matière, il devient difficile de jubiler pour «ça». D'ailleurs, s'il y avait quelque changement sur ce plan, ça se saurait.Et quand Mme Labidi, la ministre de la Culture, a parlé de cinéma, elle aurait trouvé autre chose à mettre en avant que cette brejnévienne «commission de lecture des scénarios» ! Et quand elle évoquait «la possibilité d'introduire les matières culturelles dans les programmes scolaires», elle aurait dû savoir que les «matières culturelles» existent déjà à l'école.Sous forme de bourrage de crâne religieux, de falsification de l'Histoire du pays, d'apologie des intolérances et de louanges patriotardes des dirigeants du moment.Le prix du roman, le développement du cinéma et la culture en classe, c'est tout de même autre chose, mais on ne nous le dit pas encore.Slimane Laouari




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