Algérie

La variété francarabe des 50's



La variété francarabe des 50's
Immédiatement après la Seconde Guerre mondiale et jusqu’à l’indé- pendance de l’Algérie, juifs et arabes ont contribué à dépoussiérer le patrimoine arabo-andalou. Ainsi est né le music-hall à Alger et à Oran dans les années 1950, mêlant rumba, cha-cha-cha, tango ou variétés françaises de l’époque sur un fond d’héritage arabo-andalou. Les chansons créées ou chantées par Line Monty, Lili Labassi, Blond Blond, Salim Halali, José de Suza, Maurice el Médioni ou Lili Boniche pour ne citer que les plus connus d’entre eux, ont longtemps enchanté les publics des deux rives de la Méditerrané


Lili Boniche est né en 1921 dans la basse casbah d’Alger, de parents juifs originaires de Petite-Kabylie. Il fut l'élève de Saoud l’Oranais, maître du "hawzi " ou haousi, un des dérivés populaires de la musique classique arabo-andalouse. il y fait ses premières gammes aux côtés de Reinette l’Oranaise. Les amateurs voient en lui un grand espoir de la musique traditionnelle algérienne, mais Lili Boniche décide de moderniser son style, convaincu que son public a de plus en plus de mal à suivre les compositions traditionnelles. Il écrit des dizaines de chansons, "Elles me venaient toutes comme ça, sans réfléchir ". Il fait dans le tango, le paso doble, le mambo - tous les rythmes en vogue - il les enrichit de phrases mélodiques typiquement arabes. Il crée la chanson populaire algéroise, mélange de mélopées juives et gitanes, d’airs glamour et de flamenco. Lili Boniche devient une star à Alger. Quelques prestations dans des cabarets en font la coqueluche du tout-Paris (où plusieurs "cabarets orientaux" se sont ouverts). Mais au début des années 50 Lili Boniche épouse une comtesse allemande et cesse de se produire, hors des fêtes et des mariages. Il ne retrouvera la scène qu'à la fin des années 80.


Né à Oran, Albert Rouimi, dit Blond- Blond, car il est albinos, est très tôt fasciné par la musique. A Paris, dans les années 30, il participe à des radio-crochets. Il y interprète Maurice Chevalier, Charles Trenet ou Juanito Valderama, la star du flamenco. De retour à Oran en 1939, sa rencontre avec Lili Labassi marque son répertoire qui s'oriente vers un mélange de registres : classique et fantaisiste. En 1946, à Paris, il met l'ambiance en compagnie de vedettes, comme Line Monty, au Soleil d'Algérie, célèbre cabaret oriental de la capitale. En 1950, il trouve le succès populaire avec son titre "L'Oriental". Pendant dix ans, il passera à El Djezaïr, cabaret parisien du Quartier Latin. Au cours des années 1960, il partage son existence entre soirées privées, fêtes de mariage et cabarets à la mode. Il meurt en 1999.Il est le plus fantaisiste des chanteurs judéo-maghrébins (il est l'auteur entre autres de l’inénarrable Viens à Juan-les-Pins, et de l'interprétation des "Merguez" à la façon et avec l'accent de Maurice Chevalier).


Salim Halali, est né un 30 juillet 1920 à Bône (Annaba). 1937 le voit débuter à Paris une carrière de chanteur de charme espagnol. C’est à Paris aussi qu’il rencontre Mohammed Iguerbouchen, fondateur du Cabaret Al Jazair, rue de la Huchette qui lui composa des morceaux à sa mesure. Ses disques connaissent des ventes record et deviennent la coqueluche des radios.En 1940, il échappe à la déportation grâce au recteur de la grande mosquée de Paris qui lui délivre une attestation de conversion à l’Islam au nom de son père et fait graver le nom de ce dernier sur une tombe abandonnée du cimetière musulman de Bobigny ! En 1949 il choisit de s'installer au Maroc ou il crée le cabaret Le Coq d'Or. Réputé pour son immense générosité Halali était artiste, esthète et hédoniste : il aime les hommes et il ne s'en cachera jamais, il aime l'ivresse, perdre ses sens, jamais le contrôle. Il est mort en juillet 2005 a Vallauris. Il laisse un répertoire intemporel de chansons judéo-arabes : Dour biha ya chibani, Sidi Hbibi, Mehhenni Zine, Sbert mazal nesber… "Parler de Salim Halali, c'est exactement comme parler d'Oum Keltoum. Ce n'est pas la chanson qui compte, mais le chanteur, sa voix, sa prestance, sa manière d'enfiévrer son monde avec des "Mawwal" d'une phrase, mais chantés avec des dizaines de notes et sur une quasi infinité de gammes, avec une facilité et une aisance uniques" dit Maxime Karoutchi.


Line Monty, une voix sombre et cuivrée au service de la profondeur de la musique arabo-andalouse et l'une des plus grande vedette féminine de l'époque : une diva.


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